Manuel Valls et sa majorité solférinienne à la ramasse.

jeudi 10 avril 2014.
 

Le mauvais côté se pressent aisément. Valls c’est l’enfoncement dans la crise politique. Minoritaire dans le pays, le monarque républicain qui trône au sommet de la Cinquième République rétrécit sa majorité. Il punit les Français qui ont voté, parfois avec leurs pieds, pour une politique de gauche en leur envoyant le plus à droite des prétendants. On nous accuse de procès d’intention ? Lisez Valls ! Sa référence est Clemenceau « qui impose l’ordre dans un pays en proie à l’agitation sociale et au bord de la désagrégation ». Son inspiration est démocrate : « Al Gore est plus fondamental que Blum ou Jaurès ». Et le socialisme ? Il « ne signifie rien aujourd’hui ! C’est juste devenu un mot-prison, un mot qui empêche d’avancer. » Le premier ministre ne serait qu’un haut fonctionnaire au service du président ? Là encore nous prenons Valls au sérieux : « Je connais toutes les limites d’un poste de ministre. Je sais que pour être utile au gouvernement, il faut être très fort. Le seul intérêt d’être ministre –sauf si on est en fin de carrière, en quête d’une récompense honorifique pour l’ensemble de son œuvre-, c’est de pouvoir peser globalement, avoir son mot à dire sur l’ensemble de la politique gouvernementale, pas simplement sur son secteur. Il faut être une puissance en soi ». Voilà qui promet de nouveaux désastres électoraux pour le pouvoir : fin mai aux européennes et l’an prochain aux régionales et cantonales. Que fera alors Hollande ? Un autre remaniement dans la panique ?

Et le bon côté ? Dans le désastre, il faut chercher ce qui résiste. Cette majorité rétrécie annonce une opposition de gauche élargie. Valls le sait et a donc tout tenté pour retenir EELV. Incapable de les amadouer, il s’efforce déjà de frapper ces alliés libérés de leur muselière. Valls ressort le couplet que nous avons tant subi : « dans un moment difficile pour le pays, alors que la crise est là depuis des années, assumer ses responsabilités au gouvernement, c’est important ». Citons aussi ce sondage où l’on demande à un maigre sous-échantillon (taille inconnue !) de sympathisants écologistes si « le fait que le gouvernement ne compte plus de ministres Verts » est positif avant d’interpréter les réponses négatives comme un désaveu de la non-participation ! Quoi qu’il en soit les écologistes ne vont pas faire demi-tour. Il leur faut donc expliquer leur choix à leur électorat, développer leurs arguments contre le pacte de responsabilité, décrypter les enfumages du discours d’investiture de Valls, bref faire, avec leur style propre, un travail d’opposition de gauche !

Ainsi, loin de reculer, le conseil national d’EELV a voté à une large majorité que le parti s’abstiendrait lors du vote de confiance. C’est exactement la position qui était celle des parlementaires communistes lors de l’investiture du gouvernement Ayrault… Si les députés PS mécontents restent dans le rang comme ils l’ont fait jusqu’à présent, Valls sera investi. En apparence tout ira bien. En réalité tout ira mal tant ce pouvoir d’apparence reposera sur des fondations pourries. On nous joue la bande-annonce préélectorale du bras de fer avec Bruxelles et du choc avec la droite. Mais qui peut croire qu’un pouvoir aussi isolé peut remporter ces confrontations ? On ne résiste pas à l’austérité en se coupant du peuple. La résistance sera notre tâche. Cela commencera ce 12 avril dans la marche de ceux qui veulent protéger la France du coup de force austéritaire. Une étape vers le front populaire écologiste dont le pays a besoin pour remplacer cette majorité solférinienne à la ramasse.


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