« Parti de gouvernement », les Verts tournent le dos au Parti de gauche

samedi 12 avril 2014.
 

Alors qu’EELV tenait son conseil fédéral ce week-end à Paris, ses leaders ont clairement réaffirmé qu’ils étaient un « parti de gouvernement », et rejeté en bloc la proposition d’alliance avec Mélenchon.

C’est ce qui s’appelle se prendre un râteau. Le Parti de gauche avait salué vendredi la décision des écologistes de sortir du gouvernement et leur avait adressé un appel à « construire une convergence » en vue des prochaines élections. La réponse des leaders d’Europe Écologie-Les Verts lors de son conseil fédéral samedi a été sans ambiguïté : c’est non.

Abstention sur la confiance au gouvernement

Si EELV a indéniablement durci sa ligne en décidant mardi de quitter la majorité gouvernementale, le rejet catégorique de toute alliance avec ceux qu’ils appellent « les gauchistes » est néanmoins signe que les verts refusent de se considérer comme « l’opposition de gauche ». Et de fait, le conseil fédéral des Verts s’est prononcé dimanche à 83% pour appeler les parlementaires à s’abstenir lors du vote de confiance au nouveau gouvernement mardi, tandis que les dix députés Front de gauche avaient annoncé qu’ils voteraient contre.

Cécile Duflot, l’ex-ministre écologiste du Logement qui a refusé lundi de participer au gouvernement Valls a été claire : « Jean Luc Mélenchon et ses amis qui hier n’avaient pas de mots assez durs pour nous stigmatiser – et avaient violemment attaqué la loi Alur par exemple – semblent soudain touchés par la grâce et veulent nous embrasser comme du bon pain. Mais je veux dire ici une chose bien claire : je ne crois pas à la guerre des gauches. Et l’écologie politique ne servira jamais de variable d’ajustement ou d’idiot utile dans les règlements de compte entre les forces déclinantes du productivisme. »

Positionnement « Ni, ni »

Aux questions « Sommes-nous désormais dans l’opposition ? Tirons-nous définitivement un trait sur notre statut de parti de gouvernement et changeons-nous d’alliance ? » et « Allons-nous faire des listes communes avec Mélenchon aux Européennes, (...) aux régionales ? », le co-président du groupe écologiste à l’Assemblée nationale François de Rugy a répondu par « un triple non », suscitant les applaudissements et les hourras de la salle. Le patron du groupe du Sénat Jean-Vincent Placé a pour sa part demandé aux Verts de ne pas participer à la marche du 12 avril contre l’austérité, co-organisée par le Front de gauche.

« Pas plus que nous sommes le supplément d’âme des socialistes, nous ne serons celui de l’autre gauche », a également averti la secrétaire nationale Emmanuelle Cosse. Un positionnement « ni,ni » qui frustre certains membres de l’aile gauche du parti, telle que Véronique Dubarry, qui ne « supporte plus que l’on brandisse systématiquement Mélenchon et le Parti de gauche comme épouvantail ». Pour l’adjointe au maire de l’Ile-Saint-Denis, « la question des alliances ne devrait pas se poser en terme de ni, ni, mais au cas par cas. On a bien vu aux municipales que lorsque le PG et EELV faisaient alliance, ça pouvait très bien fonctionner. » À Grenoble par exemple, la liste EELV-PG-Ensemble d’Eric Piolle a frôlé les 30% au premier tour et a gagné la mairie au second. « Jean-Vincent Placé peut dire ce qu’il veut, mais le 12 avril, j’irai à la manifestation avec mon écharpe bleu-blanc-rouge et mon autocollant EELV ! »

Laura Raim, 6 avril 2014


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