La marche du 12 avril 2014... et après

mercredi 23 avril 2014.
 

Selon les estimations politiques fiables, la manifestation du samedi 12 avril a rassemblé aux alentours de 50 000 personnes. Ceci pour expédier d’emblée une polémique inutile sur le nombre de manifestants. L’essentiel n’était pas là. C’est une mobilisation pour le moins intéressante contre le gouvernement, aux lendemains du remaniement ministériel, et ce sur une base populaire de gauche ; cela a été souligné à juste titre par Jean Luc Mélenchon et Olivier Besancenot. Beaucoup de fédérations syndicales s’étaient jointes au cortège, la FSU, le SNES même si les confédérations n’appelaient pas. Lorsque je dis confédérations, je parle naturellement de la CGT et de FO. Ne parlons pas de ceux qui sont favorables au pacte de responsabilité dans le mouvement syndical !

Après la raclée prise par le PS aux élections municipales, la formation d’un gouvernement de crise autour de la personnalité la plus à droite du social-libéralisme, Manuel Valls, et à quelque semaines du scrutin européen, il faut toutefois souligner le caractère éclaté de cette manifestation. Etais-ce une manifestation du Front de Gauche ? Chacun y allait de ses propres mots d’ordres, mais il n’y avait plus de vecteur politique. La crise ouverte par la direction du PCF qui avait recollé à l’arrière train du PS dans les élections municipales, a laissé des traces qui à mon humble avis ne sont plus surmontables. Le Front de Gauche n’existe plus. On a pu noter des rapports pour le moins musclé au départ de la manifestation entre un groupe des JC et le PG, qui ne sont pas le fruit du hasard. Par ailleurs, si les leaders traditionnels du Front de Gauche se sont présentés au coude à coude en début de manifestation pour les caméras de télévision, cela n’a pas duré. Pierre Laurent s’installe sur un point fixe le long du cortège tandis que Jean Luc Mélenchon reste en compagnie d’Annick Coupé. En fin de manifestation, à quelques centaines de mètres de la place de la nation, Jean Luc Mélenchon avec quelques dirigeants nationaux du PG, tient un meeting improvisé sans mégaphone. La ligne politique : il faut construire l’opposition de gauche !

Malgré un Front de Gauche qui s’est déchiré sur la ligne à tenir vis-à-vis du PS lors des élections municipales, le moins que l’on puisse dire c’est que les gens de gauche se sont mobilisés contre l’austérité et contre ce qui est à leurs yeux comme la trahison d’Hollande. Côté PC, la mobilisation servait strictement à insuffler un peu d’air frais pour passer le cap des élections européennes dans les conditions les moins défavorables. Cela ne veut pas dire que les morceaux du front de gauche sont recollés. Côté PG, la mise en avant du mot d’ordre « construire l’opposition de gauche », signifie clairement que l’on estime que la ligne du front politique reposant sur un accord PC-PG, associant un certain nombre de petites composantes, n’est plus ce qu’il convient de défendre. Je pense qu’à la direction du PG se fait aujourd’hui l’analyse que nous sommes parvenus au bout d’un accord politique et qu’il est nécessaire de s’orienter différemment.

Comment organiser cette opposition de gauche, sur quel programme et sur quelle ligne stratégique ? Telle est la question à laquelle les militants devront répondre dans la période qui s’ouvre. Nous avons dit les militants et non quelque nouveau cartel surgi de derrière les fagots. Tant il est vrai que nous en avons assez de cette logique de front cartellisé, où ce sont les états-majors qui décident dans le silence feutré de ce qu’il convient de faire. La revendication qui avait été celle de nombreux militants du Front de Gauche, et ce dans toutes les organisations politiques le soutenant, à l’issue de la présidentielle de 2012, de construire un front militant associant tous ceux et celles qui s’étaient reconnu dans la campagne de Jean Luc Mélenchon, sans obligation de rallier un appareil politique, n’a jamais été satisfaite. Nous avons pris de ce point de vue deux ans de retard sur l’évolution des relations politiques au sein de la gauche. Dans le trou béant laissé par l’effondrement du PS lors des élections municipales, le Front de Gauche n’a pas été reconnu comme l’alternative. Il va falloir répondre à cette question qui est plus que jamais d’actualité. Un front catellisé, dont nous connaissons désormais toutes les limites, et qui in fine repose sur la bonne volonté du parti le plus à droite, c’est-à-dire le PCF, ou un parti démocratique et anticapitaliste, qui vertèbre l’opposition de gauche ? Discutons…


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