Les listes du Front de Gauche pour les européennes sont faites

mercredi 23 avril 2014.
 

De façon assez spontanée, les commentateurs ont lié le succès de la marche et les prochaines élections européennes. J’en suis d’accord. Mais je ne fais pas le lien sur un plan purement politicien. Je crois que c’est l’objet même de la marche qui se trouve impliqué dans le vote du 25 mai. Car l’austérité contre laquelle s’expriment les marcheurs est d’abord un produit d’exportation forcée de la Commission européenne. L’autre entrée de la question austéritaire sur ces élections, c’est que le gouvernement engage dans cette circonstance un vote de confiance devant le peuple. La réponse négative atteindrait de plein fouet sa politique. Et donc son existence même peut-être dans la mesure où ce désaveu succéderait à la dure déroute des élections municipales. Il est donc très décisif pour nous d’atteindre un point d’étiage qui place le total des voix de la gauche non gouvernementale loin devant le PS. Jusqu’au point où Marche du 12 avril 2014ce dernier serait le complément et non l’essentiel. Du coup l’Histoire s’accélèrerait en France et en Europe. C’est avec cet état d’esprit de responsabilités à prendre devant le pays que nous avons abordé la dernière phase des discussions pour constituer nos listes aux élections européennes.

Nous avons bouclé positivement la discussion. Nos listes sont faites. Comme toujours, il y a de la tôle froissée sur toutes les ailes après une discussion de cette sorte. Surtout après l’avoir fait durer treize séances sur près de neuf mois ! Brèves ou courtes, ce genre de négociations font toujours davantage de bruit chez les mécontents que chez les satisfaits. Je parle des mécontents du dosage entre partis, des ambitions personnelles meurtries, des coups de billards à trois bandes dans certaines organisations partie prenantes en vue de contester leur direction et ainsi de suite. C’est banal. Rien de tout cela n’est indigne. Mais c’est de plus haut qu’il faut toujours regarder une scène qui devient aussi dangereuse si on s’abandonne à des logiques étroites. De toute façon, le résultat est là. Les listes sont bouclées. La machine Marche du 12 avril 2014de combat qu’est le Front de Gauche quand il est uni peut se mettre en mouvement. Il y aura bien quelques tireurs dans le dos ici ou là mais leur influence est rendue nulle par le caractère pavlovien de leur opposition dès que les choses vont mieux.

Voyons le dosage partisan : les trois composantes les plus nombreuses du Front de Gauche figurent en tête de liste. Pour cela le Parti de Gauche a cédé la tête de liste de l’Ouest, devenue favorable, à « Ensemble » et accepté celle du Centre, toujours aussi défavorable, plutôt que celle du Sud-Est qu’il demandait. Puis chaque parti a choisi ses candidats librement. En Métropole, trois têtes de liste choisies par le PC, trois par le PG, une par « Ensemble ». La tête de liste outre-mer est soutenue en commun en la personne de Younous Omarjee. Au final, toutes les autres composantes du Front de Gauche sont aussi représentées sur les listes, quelle que soit l’étendue de leur implantation. C’est la reconduction du dosage adopté pour la précédente élection européenne à l’exception de l’outre-mer qui n’est plus une candidature du seul Parti Communiste Réunionnais. Puis quatre positions numéros deux sont proposées par le PC, deux par le PG, une par la Gauche unitaire.

Je suis entré dans ces détails pour ne pas donner le sentiment de me tenir à distance de l’accord au motif que mon parti n’y aurait pas trouvé son compte. Je défends cet accord non pas du point de vue partisan, ni des « intérêts » légitimes qui s’y attachent, mais du point de vue de l’ambition de ce que nous construisons. Je ne vise pas seulement le Front de Gauche qui reste le seul point d’appui de notre gauche et son plus formidable instrument. Je pense exclusivement à notreMarche du 12 avril 2014 objectif affiché d’élargir la coalition de la gauche que nous voulons conduire jusqu’au point d’être une majorité alternative. Notre but est de faire des additions, pas des soustractions. Toute notre énergie intellectuelle et stratégique doit s’y attacher. L’unité d’action de la gauche hors du gouvernement est un impératif permanent dont il faut dégager le chemin à chaque étape. Les calculs rabougris de l’intérêt partisan sont des variantes d’une même inconscience des dangers et des opportunités de ce moment de l’Histoire.

C’est bien pourquoi je regrette tant la série de malentendus qui a conduit à ce que l’offre de participation à des listes communes que nous a présentée le NPA soit venue si tard dans le calendrier. Nous, au PG, certains de l’appui du PCF sur ce thème, nous avions pris l’initiative de le proposer à nos partenaires du NPA lors de la rencontre que nous avons eu à notre siège. On se souvient que cette rencontre avait permis de donner l’impulsion nécessaire à l’idée d’une marche qui était dans l’air. Nous avions fait la proposition oralement car l’idée n’était pas de mettre au pied du mur le NPA. Il s’agissait d’ouvrir la possibilité tranquille d’un rapprochement ou d’en rester au statut quo, le tout sans publicité inutile qui tende le dialogue espéré. L’offre du NPA, avait été beaucoup réfléchie dans ses rangs puisqu’on me dit qu’elle fut décidée à une voix de majorité. Elle est donc d’une grande portée. Le dommage de l’affaire est qu’elle soit intervenue alors que la discussion pour la formation de nos listes venait de s’achever au Front de gauche. Disons, pour résumer, que se mettre à négocier cinq semaines avant une élection sur le classement de cent personnes sur sept listes n’est Marche du 12 avril 2014possible que si une bonne cohésion préexiste. On connait le temps que nous y avons passé. Ici tout était à construire entièrement. En cas d’échec ou de difficulté qu’aurions-nous pu faire ? Comment aurions nous fait campagne tout en discutant la composition des listes ? Le résultat risquait d’être pire qu’un sage report à des circonstances plus favorables pour la discussion.

Il n’y a donc pas eu une « fin de non-recevoir » du PCF à l’égard du NPA, comme cela a été écrit. Ce ne serait ni juste ni productif pour l’avenir de l’interpréter de cette façon. Bien au contraire, c’est plutôt un rendez-vous qui est fixé sur l’horizon des prochaines élections proportionnelles, c’est à dire les élections régionales. Mieux vaudrait cette fois-là ne pas trop attendre pour dialoguer. Le tout est d’avoir envie d’aboutir. Et pour cela il faut prendre en compte chacun non comme on voudrait qu’il soit, mais comme il est. Ajoutons que le centre de la prochaine période n’est pas la coalition avec le NPA. C’est bien plus audacieusement la coalition qu’il faut construire à la fois avec lui et le Front de Gauche mais aussi avec les Verts qui le voudront et les socialistes qui l’oseront. Et tout ça en trouvant le moyen de dépasser la forme « cartel » de cet attelage. Rude tâche. Et, comme on le sait, pour y arriver, il faut aussi que chacun se porte assez bien pour avoir confiance avec les autres. Pour nous, cela veut dire que tout commence par avoir un bon résultat aux élections européennes.


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