Soma (Turquie) 300 morts : déréglementation et privatisations meurtrières

vendredi 23 mai 2014.
 

A Soma (Turquie), le monde de la mine vient d’être à nouveau secoué par un accident terrible qui a causé la mort de plus de 300 mineurs, la pire catastrophe minière de l’histoire de la Turquie. Il ne s’agit pas d’une fatalité, comme voudrait le laisser entendre le Premier Ministre Erdogan, mais des conséquences du modèle de libéralisation effrénée et de déréglementation généralisée du monde du travail, qui prévaut en Europe et ailleurs.

Lors de la dernière tragédie minière d’octobre 2013, dans les Asturies en Espagne, où avaient péri 6 mineurs, la compagnie Vasco-Leonesa avait déjà été accusée d’avoir ordonné, au mépris de la sécurité, la reprise de l’exploitation malgré la présence signalée de fuites de grisou. En Turquie aussi, les conditions d’exploitation n’ont cessé de se détériorer depuis la privatisation de ces mines par le gouvernement de l’AKP en 2005 : réduction des contrôles, emploi de main d’œuvre clandestine, multiplication de sociétés de sous-traitants aux pratiques troubles, etc.

Une demande d’enquête parlementaire sur les conditions de sécurité dans les mines turques avait pourtant été formulée il y a un mois, mais avait finalement été rejetée par les députés de l’AKP.

Les mobilisations des familles et des travailleurs en colère sont fortement réprimées. Les avocats bénévoles qui souhaitaient aider les familles des victimes ont été tabassés. Le gouvernement utilise la police et les réseaux religieux qui lui sont proches pour essayer de faire taire par tous les moyens la révolte populaire.

Très mobilisés le 1er mai, les travailleurs turcs avaient déjà reçu comme réponse à leurs revendications un déploiement de forces policières d’une violence sans précédent.

Voilà certainement le modèle du rêve européen que propose l’AKP aux citoyen-nes turc-ques : celui de la déréglementation, de l’appétit immoral des patrons soutenus par une oligarchie politique complice, pour lesquels la vie des femmes et des hommes ne compte pas.

François Ralle Andreoli, co-responsable de la commission Europe du Parti de Gauche


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