De l’Histoire au présent

mercredi 11 juin 2014.
 

Des circonstances personnelles me tiennent éloigné de France pour quelques jours. J’écris entre mes devoirs. N’étaient-ce les rendez-vous que j’ai dû annuler, j’en serais tout à fait content. Car comme on le sait, la distance n’est rien désormais. On suit tout de près, même de loin. Mais la distance kilométrique suggère son équivalent intime : mettre à distance. L’exercice tient davantage de la philosophie pratique (que valent les autres ?) que de l’art de voyager. N’empêche : d’où je suis, je vois la mer et ça aide. Les côtiers et les insulaires savent de quel remède il s’agit. Regarder les vagues moutonner, c’est les faire entrer dans l’esprit et, de là, dans tout le corps. Il peut en résulter une plage aussi lisse que fraîche. Il est vrai qu’à présent on voit les déchets suivre le fil de l’eau jusqu’au sable. Notre civilisation est celle des déchets massifs. Il faut bien que ça finisse quelque part, et mieux vaut cela que les gires sans gestion qui défigurent les océans. Je laisse donc les ordures médiatiques accumulées en six mois de campagne revenir aux lisières de l’esprit qui les avaient écartés par hygiène mentale. Je suis comme brûlé, et il m’en cuit de retrouver ces sortes de remugles. Mais il faut traiter.

Cette fois-ci je n’écris que peu. De toutes les farces que je vois de loin, toutes ne m’émeuvent pas de même. D’aucunes sont bénignes, comme ces célébrations reconstruites du débarquement en Normandie. Si notre tour vient, on passera davantage de temps à célébrer celui de Provence où s’illustrèrent les maghrébins, et on célébrera ceux qui s’enrôlèrent avec Leclerc ou la Résistance plutôt que de se trouver des bonnes raisons à faire les lâches qui « ne peuvent pas partir tout de suite ». Et on mentira moins sur la chaude amitié de ceux qui tentèrent de nous imposer une administration d’occupation, pactisèrent avec Pétain et sa bande jusqu’à la dernière minute et tentèrent même d’éliminer De Gaulle au profit de marionnettes comme le général Giraud ou cet amiral collabo Darlan, fort heureusement expédié au diable par les gaullistes d’Algérie.

Mais puisqu’il s’agit d’Histoire et de sa pertinence à construire les représentations et rites du présent, comment nommer la sidération qui m’a saisi comme tant de gens en découvrant le carnaval de François Hollande et de sa petite équipe qui gesticule dans des habits trop grands ! La carte de France comme un lego pour technocrate ! L’estomac se soulève. On transpire, on reste sans voix. Tout ce qui peut être fait pour empêcher cette vivisection de notre pays doit être mis en branle-bas de combat.


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