Palestine : la conversion de Manuel Valls

jeudi 31 juillet 2014.
 

Nous avons été nombreux à connaître Manuel Valls, maire d’Évry, honorant de sa présence les « Six heures pour la Palestine » qui se tiennent chaque année dans sa ville. Nous l’avons vu, en 2002, accueillir chaleureusement Leïla Shahid, alors déléguée de la Palestine en France, à l’occasion du jumelage d’Évry-Ville nouvelle avec le camp de Khan Younis. Nous pouvons encore relire ses mots prononcés à la tribune de la Mutualité, un certain 20 novembre 2002, quand il jugeait la situation « révoltante » et dénonçait « la colonisation qui viole le droit international ».

Et soudain, en 2010, changement de cap ! Non seulement le maire boude ces réunions, mais la salle du conseil municipal, qu’il prêtait volontiers jusqu’en 2009, se referme devant les organisateurs. En avril 2011, il interdit même un débat soutenu par le collectif Palestine-Évry Essonne au prétexte que celui-ci aurait des thèses « assez radicales ». Mais où est la « radicalité » ? Un des animateurs de ce collectif, Jacques Picard, conseiller régional EELV-Les Verts, rapporte cette anecdote : « Une seule fois, la communauté juive du Centre Essonne est intervenue en protestation muette et non-violente. À la demande de ce groupe d’un débat dans le même lieu avec des intervenants plus proches des thèses de l’État d’Israël, Manuel Valls refusa et rappela que “ce conflit n’était pas symétrique, qu’il y avait bien un agresseur et un agressé, un faible et un fort, un processus de colonisation” [1 On mesure aujourd’hui l’ampleur du revirement. Faute de pouvoir l’expliquer, on peut au moins le constater. Le 17 2011, sur la radio Judaïca de Strasbourg, Manuel Valls déclare : « Par ma femme [2], je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël. » Le 24 septembre 2012, interviewé sur iTélé, il exprime son opposition à la demande de reconnaissance de la Palestine à l’Onu, dénonçant dans les mêmes termes que ceux de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, un acte « unilatéral ».

La conversion s’est-elle opérée sous l’influence de nouveaux liens tissés dans sa vie privée ? Mais d’autres, qui ont un conjoint juif ou même franco-israélien, ne se sentent pas tenus pour autant de condamner la demande de reconnaissance de la Palestine à l’ONU… Est-ce alors que le très ambitieux maire d’Évry et futur ministre avait jugé que la Palestine, ça ne faisait pas assez chic dans un profil de présidentiable ? Plus troublant encore : ces images du tout nouveau ministre de l’Intérieur refusant de serrer la main au président tunisien Moncef Marzouki, invité le 18 juillet dernier à s’exprimer à l’Assemblée nationale. On reste infiniment perplexe devant ce geste plus viscéral que politique.


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