Informations par téléphone données le 1er août par le Père Manuel MUSALLAM curé de Gaza pendant 13 années

mardi 5 août 2014.
 

Nous assistons à un véritable nettoyage ethnique. Il y a 7000 maisons qui ont été détruites et maintenant l’armée israélienne attaque aussi les hôpitaux, en particulier celui de Younes et celui de Rafah, il y a Rafah en Egypte et Rafah en Palestine, et une troisième ville. Les gens marchent le long des routes car ils ne savent pas où fuir, ni où aller. Ils sont d’autant plus perdus qu’il y a des familles entières de 7 – 8 personnes qui ont tous été tuées par des bombardements. Nous assistons à une véritable opération de terres brûlées.

Dans les hôpitaux qui fonctionnent, la situation est terrible par les douleurs physiques des blessés mais aussi les douleurs morales. Une fois soigné rapidement, car les blessés, les estropiés et autres sont si nombreux, que malgré le formidable dévouement des médecins palestiniens et étrangers, ils ne peuvent les garder car tant d’autres attendent pour avoir un minimum de soins. Mais les gens restent autour de l’hôpital car ils ont le mince espoir que là ils ne seront pas atteints par les bombes et les tirs de canons, mais ils sont dans une situation complètement démunie car ils ne savent pas comment faire et où aller.

Dans une école que j’ai contribué à construire dit-il il y a en ce moment plus de 1.400 enfants. Les familles qui sont 4 ou 6 en principe, viennent en très grand nombre pour trouver un refuge dans les salles de classe, mais ils n’ont ni couverture ni rien pour se protéger. Certains ont quitté en hâte leur maison et viennent se réfugier dans l’école sans vêtements. La nuit, bien sûr, ils dorment mal ou pas du tout et le jour ils ne savent pas non plus où aller, car beaucoup découvrent que leur maison est détruite par les bombes.

Une place à Gaza où se réunissaient les pauvres des pauvres, c’est-à-dire des gens qui vendaient des petits objets ou qui faisaient des galettes pour vendre, a été bombardée et leur pauvre matériel naturellement détruit. Eux aussi sont parmi ceux qui ne savent pas vers où aller et même vers où regarder.

Une autre catastrophe est entrain de se répandre à Gaza. Comme à il y a des endroits où les habitations sont plus basses que la mer ; les eaux usées des égouts et des installations sanitaires souvent très primaires, sont évacuées par des pompes qui fonctionnent à l’électricité. Comme cette évacuation ne peut se faire, car il n’y a plus de courant, les gens vivent dans des odeurs pestilentielles, insupportables et naturellement les maladies et le typhus peuvent éclater à tout moment.

La solidarité familiale qui est grande ne peut absorber tout le malheur que créent les bombardements. Des familles à qui je viens de téléphoner, qui vivent à 5 ou 6 dans un appartement, sont maintenant à 35, et bien entendu aucune intimité est possible, mais le père de famille qui accueille les autres se sent aussi humilié car il n’a plus de quoi nourrir sa femme et ses enfants et ne peut pas offrir le minimum à ceux qu’il accueille. Cette situation est très humiliante pour les uns et les autres. Ce qui est encore plus humiliant pour cette famille mais aussi pour les habitants de Gaza en général, c’est qu’ils ont non seulement l’impression mais la certitude que le monde entier les néglige et les oublie. Ils me disent « mais où est l’ONU ? où est l’Europe ? où sont les Conventions de Genève qui protègent normalement les civils ? Pourquoi Israël a le droit de nous occuper en plus de nous bombarder et de tuer les civils ? pourquoi les Palestiniens n’ont aucun droit dans cette situation ? même pas celui de nous défendre. Demain s’il y aura des kamikases le monde entier critiquera mais que fait-il aujourd’hui ce monde pour nous protéger ?

Le risque que le Herzbolah va entrer en guerre et l’Iran se pose sûrement les mêmes questions et le monde civilisé qui se croit le monde libre, qui ne voit pas plus loin que son nez, il est aveugle sur les risques d’une guerre plus importante, d’une guerre mondiale.

Dites cela à vos amis, négliger totalement le peuple palestinien dans cette terrible guerre qu’il subit, risque aussi d’avoir des conséquences pour vous.

Avant de raccrocher, j’ai promis au Père Musallam de répercuter ce qu’il vient de me dire, hier soir 1er août et je me permets d’ajouter que plus que jamais, nous devons réveiller nos hommes et femmes politiques qui n’ont pas saisi la gravité de la situation à Gaza et en Palestine en général. Nous devons plus que jamais avoir une solidarité indéfectible avec le peuple palestinien. Pour terminer je salue tous les pacifistes israéliens qui luttent pour que leur gouvernement change sa politique d’agression et je salue les palestiniens qui depuis 1948 attendent la création de leur état, afin que 2 états, puissent vivre cote à cote, dans des frontières sûres et reconnues et qu’ensemble ils construisent une paix véritable dans la justice.


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