Stratagème de la droite américaine, mobiliser le peuple contre les intellectuels

lundi 29 septembre 2014.
 

Aux Etats-Unis, la droite a tiré le meilleur parti de l’animosité que les « intellectuels » inspirent à des dizaines de millions d’Américains. En novembre 2004, lors de l’élection présidentielle, M. George W. Bush fit jeu égal avec son rival dans l’électorat blanc de classe moyenne possédant un diplôme universitaire. Mais chez les électeurs du même groupe racial et social qui n’avaient pas fait d’études supérieures, il écrasa le démocrate John Kerry (1).

Depuis la fin du XVIIIe siècle, l’« élite » est définie aux Etats-Unis comme à la fois « condescendante, dépensière, artificielle, efféminée, manipulatrice, plus intellectuelle que pratique, et dépendant du travail des autres (2) ». Un « populisme » conservateur et religieux a su tirer parti de ce fonds culturel pour épargner les détenteurs du pouvoir économique. Et réserver ses foudres à une élite « savante et amorale », présumée hostile aux communautés patriotes, éperdues de simplicité et de vertu (lire « Une droite éperdue de simplicité »).

L’« anti-intellectualisme » a beau constituer un genre ancien, ceux qui le dénoncent le plus volontiers trahissent assez vite une forme de « racisme de l’intelligence » toujours vivace au sein des minorités éclairées (3). On en trouva même il y a quelques années qui imputèrent la victoire électorale du président Bush au quotient intellectuel défaillant de ses électeurs. Les républicains pouvaient à peine rêver une mise en cause aussi bête, aussi propice à conforter leur image de fantassins des gens ordinaires qui travaillent avec leurs mains.

Si la critique d’une élite savante et méprisante est devenue le fonds de commerce exclusif d’une droite, voire d’une extrême droite, « poujadiste », il n’en a pas toujours été ainsi. Quand, au début du XXe siècle, les syndicalistes américains s’attaquent aux détenteurs du capital, ils ne manquent pas en effet d’ajouter à la liste de leurs ennemis les hauts fonctionnaires et les intellectuels. Ils réservent même une partie de leurs traits aux universitaires et aux journalistes capables de dénicher toutes les justifications « rationnelles » aux choix du patronat, à condition que celui-ci serve leurs intérêts et proclame leur génie.

A partir des années 1930, la droite américaine s’installe davantage qu’avant sur le créneau de l’antipathie envers les intellectuels. Elle les dépeint à la fois dédaigneux de la moralité religieuse, du bon sens, et défenseurs de la centralisation du pouvoir entre les mains de ceux qui savent. Pénalisés par leur assimilation à un monde du big business qui a failli (crise de 1929), les républicains espèrent – déjà ! – prolétariser leur identité en interprétant le registre de la guerre des cultures. En 1940, quand leur candidat, Wendell Willkie, évoque les conseillers cosmopolites et diplômés de son adversaire, le président démocrate Franklin Roosevelt, il enrage : « Regardez les gens qui l’entourent. Ce sont tous des cyniques qui se moquent de nos vertus trop simples. Ils pensent que le peuple et la plupart d’entre nous sommes trop bêtes pour comprendre. Leur idée, c’est qu’eux, l’intelligentsia, peuvent nous gouverner. Rendez-nous notre pays ! Il nous appartient (4). »

Parce qu’il débouche sur la création d’une pléthore d’agences fédérales missionnant ses administrateurs et ses managers au chevet d’un capitalisme moribond, le New Deal peut difficilement désactiver cette machine infernale d’une « association d’idées entre progressisme et condescendance intellectuelle. Elle va hanter le parti démocrate pendant les décennies à venir (5) ».

Tour à tour, Joseph McCarthy, Barry Goldwater, George Wallace, Richard Nixon, Ronald Reagan, George W. Bush s’engouffrent dans la brèche en même temps qu’ils l’élargissent. Chacun à sa manière va se présenter comme le porte-parole d’une majorité silencieuse, offensée par les décisions des fonctionnaires, des juges, des experts, et par la morgue des intellectuels. « La vérité, explique Reagan, en 1975, est que les Américains ont à choisir entre deux points de vue opposés. L’un fait confiance aux bâtisseurs de châteaux en Espagne et aux gribouilleurs de Washington ; l’autre croit à la sagesse collective du peuple et à son attachement au rêve américain. L’un réclame plus d’impôts et plus de dépenses tandis que l’autre a foi dans le bon sens populaire. Ceux d’en face [les démocrates] croient que les solutions aux problèmes de notre nation se trouvent dans les notes d’un psychiatre, dans les dossiers d’un éducateur ou dans le budget d’un bureaucrate. Nous, nous croyons au labeur du travailleur, à l’initiative de l’entrepreneur et au conseil du prêtre (6). »

« Bureaucrate », « psychiatre », « éducateur » : l’élite stigmatisée n’est pas forcément riche, mais elle est cultivée. Pour la droite américaine, l’essentiel est en effet qu’appartenir au « peuple » – travailleurs, entrepreneurs et prêtres mêlés – ne soit plus une question de revenus, mais de goûts. Erudition et cosmopolitisme contre simplicité et tradition en somme. Ronald Reagan et George W. Bush peuvent bien être entourés de patrons milliardaires, ils les reçoivent en jeans pendant qu’ils débroussaillent leur ranch. En face, M. Kerry parle couramment français... Thomas Frank résume : « Pour les conservateurs, la classe sociale ne renvoie pas vraiment à l’argent, à la naissance ou à l’activité professionnelle. Il s’agit d’abord du type de voiture qu’on conduit, de l’endroit où on va faire ses courses, de la manière dont on prie, et seulement ensuite du métier qu’on fait ou du revenu qu’on gagne. Ce qui rattache quelqu’un au prolétariat n’est pas le travail en tant que tel, mais l’absence de prétention, l’humilité (7). »

Le registre est usé ? Il serait moins porteur si une partie de la gauche intellectuelle n’avait pas contribué à désactiver la question sociale en se consacrant en priorité à des travaux souvent hermétiques sur les identités, les genres et les cultures (8). Simultanément, les chefs démocrates devenaient trop associés aux intérêts des privilégiés pour se permettre d’évoquer la question de classe sous quelque forme que ce soit. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, des « progressistes » s’empressèrent de confirmer les imputations de dédain culturel dont on les soupçonnait. En 1968, par exemple, le sudiste Wallace, gouverneur ségrégationniste de l’Alabama, qui n’est pas un fin gourmet, se flatte de « mettre du ketchup sur tout ». La New York Review of Books, revue des intellectuels surdiplômés, croit alors habile de le railler en ces termes : « Son domicile naturel serait un hôtel mal famé, et sa détente privilégiée un repas à bon marché. » Eh oui, tout le monde n’a pas la chance de souper avec un professeur de Harvard dans un restaurant français de Manhattan (9).

Pour épargner les détenteurs de fortunes, il suffit de redéfinir le clivage de classe autour de la culture. Ronald Reagan aimait faire croire qu’il possédait plus de chevaux que de livres. Et parce qu’il détesterait les snobs, M. Bush est devenu un homme du peuple…

C’est peut-être avec la guerre froide que la distance sociale s’est accrue pour de bon entre la gauche et une partie du peuple. Quand, le 9 février 1950, McCarthy prononce son célèbre discours de Salt Lake City, qui sont selon lui les cinquante-sept hauts fonctionnaires du département d’Etat – alors dirigé par le démocrate Dean Acheson, décrit comme un « diplomate pompeux en pantalon rayé » – qui renseigneraient l’Union soviétique ? Qui sont les cinquante-sept individus dont le sénateur républicain du Wisconsin brandit la liste des noms ? Loin de provenir comme autrefois d’un prolétariat révolutionnaire, la menace contre l’ordre social aurait trouvé ses principaux appuis chez ceux qui « bénéficièrent de tous les avantages que la nation la plus riche du monde pouvait leur offrir : les meilleures demeures, la meilleure éducation universitaire, les meilleurs emplois publics ». Des « rouges » étant soupçonnés d’avoir livré les secrets de la bombe atomique à l’Union soviétique, ce n’est pas la plèbe qui est en cause, mais forcément une élite de savants haut placés.

Et, contre ces traîtres, contre « ces jeunes hommes brillants nés avec une cuillère d’argent dans la bouche », qui défend le « God and country » ? Des Américains d’en bas – ouvriers, agriculteurs, employés, petits patrons – dont le crâne n’a pas été farci par des utopies importées d’Europe, et qui entendent défendre un système social qu’ils identifient à la volonté divine. Imperméables aux théories collectivistes d’une élite trop instruite, ils tiennent à la nation des origines, aux valeurs des Pères fondateurs, à la main invisible du marché autorégulateur. En 1952, pendant que les écrivains et les cinéastes « subversifs » (dont Charlie Chaplin) sont chassés de leur emploi, emprisonnés ou contraints à l’exil, les séides de McCarthy purgent, à toutes fins utiles, les bibliothèques de trente mille ouvrages écrits par « des communistes, ou communisants, ou anciens communistes, ou anti-anticommunistes ».

Bien qu’il ne sévisse que quelques années, le maccarthysme représente un moment décisif dans la vie politique américaine. D’une part, il démontre l’impact de la droite dans les milieux populaires quand elle pourfend une « nouvelle classe » intellectuelle opposée aux traditions religieuses et patriotiques de la nation. D’autre part, il va conduire la fraction privilégiée de l’intelligentsia progressiste à justifier son isolement social en arguant que le petit peuple est devenu infréquentable. « La popularité de McCarthy, analyse l’historien Michael Rogin, a conforté chez certains intellectuels le sentiment qu’ils ne pouvaient pas s’appuyer sur la masse pour défendre les libertés civiques et les droits démocratiques (10). »

Pendant les années 1950, la majorité du pays, prétend-on, s’est montrée indifférente aux libertés individuelles. Au fil des scrutins qui suivront, et que remportent les républicains (Nixon, Reagan, M. George W. Bush, chacun réélu), on la prétendra raciste, sécuritaire, sexiste, homophobe, nationaliste, fondamentaliste... Dans un pays où même le choix des shérifs et la fixation du prix des péages dépendent du suffrage universel, mieux vaut cependant, comme le fait la droite, duper la majorité en affectant de mener à ses côtés la guerre des cultures qu’escompter, comme certains progressistes, contraindre cette majorité à coups de décisions – aléatoires et réversibles – de la Cour suprême.

Les stratèges conservateurs ont gagné. Ils ont « effrayé la gauche à tel point qu’elle en est venue à se méfier des éléments de l’Amérique blanche – travailleurs catholiques, anciens combattants, familles de classe moyenne en colère – qui s’étaient autrefois mobilisés en faveur du syndicalisme, d’une retraite garantie par l’Etat et de la gratuité des études supérieures pour les soldats revenus du front (11) ». Les minorités, anciennes et nouvelles, ne peuvent pas suffire à redresser la balance électorale.

Pourtant, le maccarthysme ne correspond pas tout à fait à la légende du pot de terre de l’intelligentsia fracassé par le pot de fer de la populace. D’une part, la plupart des experts, artistes, professeurs s’étaient, comme les autres, pliés aux serments de loyauté qu’on exigeait d’eux. Ils avaient eux aussi fermé les yeux, voire concouru à la chasse aux sorcières, afin de conserver leurs prérogatives et, le cas échéant, de toucher le petit pactole que leur servait la Rand Corporation ou la Central Intelligence Agency (CIA). Par ailleurs, des intellectuels de premier rang avaient fait office de pyromanes, pas de pompiers, encore moins de victimes, tout au long de la flambée d’intolérance. Des fils à papa formés dans les meilleures universités privées les appuyaient, jouant aux rebelles mobilisés contre la dictature des idées socialistes aux Etats-Unis... Soixante ans ont passé et rien n’a changé sur ce point : plus la droite domine, plus elle se prétend dominée.

L’intelligence ne répugne pas aussi souvent qu’elle aimerait le faire croire à se ranger du côté du bâton... Dès le début de la guerre froide, les meutes de philistins maccarthystes reçoivent l’appui de Torquemada aussi lettrés que James Burnham (diplômé de Princeton), Whittaker Chambers (Columbia) ou William F. Buckley (Yale). Aujourd’hui encore, nonobstant l’intérêt modeste que le président Bush affiche pour les sciences sociales, les néoconservateurs de son administration sont bardés de diplômes prestigieux et se prétendent inspirés par les philosophes Leo Strauss ou Alan Bloom. Avant de devenir secrétaire d’Etat, Mme Condoleezza Rice était recteur de l’université Stanford. Elle parle quatre langues et joue du piano classique.

Depuis un demi-siècle, Buckley compte au nombre des « brocanteurs d’idées » ayant bataillé pour la droite américaine. Aujourd’hui octogénaire, il a fondé un journal influent, la National Review (son ami le président Reagan le lisait religieusement), il a animé une émission de télévision, fut candidat à la mairie de New York. Difficile donc de taxer d’inculture ce pur produit de l’élite américaine, fils de famille instruit à Paris, puis à Londres, puis dans une des meilleures universités privées de la Nouvelle-Angleterre. Néanmoins, en 1951, au moment où le maccarthysme déjà fait des ravages, c’est ce jeune homme qui conduit la charge contre des professeurs à ses yeux trop enclins à ménager le communisme. Il réclame qu’on les renvoie.

Certains lui opposent la liberté d’expression. Sa réplique fuse : « Question : quelle base éthique, philosophique, épistémologique nous impose de continuer à tolérer des idées que l’enseignement a pour vocation de discréditer ? (12) » Catholique pratiquant, Buckley a étudié à Yale, entre 1946 et 1950. Il en est sorti épouvanté : « Sous le label protecteur de “liberté universitaire”, prévaut le comportement irresponsable dont découle une des incongruités majeures de notre temps : l’institution qui tire son appui moral et financier d’individualistes chrétiens s’emploie à transformer leurs fils en socialistes athées. » Yale, « centre nerveux de la civilisation », est devenu l’arsenal de la conspiration !

La droite américaine se plaît à dénoncer le politiquement correct qui régnerait sur les campus. En 1951, c’est pourtant un de ses héros qui interprète le rôle de commissaire de la pensée, passant au peigne fin le contenu des cours, des bibliographies, des commentaires de copies d’examen, des remarques faites en classe, pour décerner des certificats de loyauté patriotique (lire « Police universitaire, hier, aujourd’hui »). L’exercice n’est pas anodin à une époque où l’imputation de dissidence peut conduire au chômage ou en prison.

Tous les thèmes que la droite américaine martèlera plus tard à destination d’un électorat populaire sont réunis dans l’ouvrage que Buckley publie en 1951 : le relativisme moral qui gangrène les valeurs familiales, un Etat tentaculaire qui empiète sur l’autonomie de l’individu, la subversion des intellectuels favorisant l’un et l’autre travers. S’y ajoute, dès cette époque, un des ingrédients essentiels du discours républicain des décennies à venir : la justification pseudo-démocratique de l’inégalité des revenus à travers la théorisation d’un « populisme de marché », qui assimile dépenses individuelles et suffrage universel. Ainsi, la puissance financière des grandes entreprises répondrait à la volonté de l’homme ordinaire puisque, en dernière analyse, elle proviendrait du choix de dizaines de millions de consommateurs (qui, par exemple, « votent » pour Wal-Mart en y faisant leurs emplettes). Qu’en revanche une intelligentsia, adossée à une bureaucratie d’Etat, prétende imposer au pays son utopie égalitaire, et là, la dictature n’est pas loin...

Depuis plus de vingt ans, la droite américaine a largement remporté la guerre idéologique en y consacrant beaucoup de temps et de moyens. Cela ne lui interdit pas de se plaindre d’être persécutée par le « politiquement correct » d’une gauche imaginaire

Pour la droite, la recherche de la prospérité ou de la justice ne saurait, en effet, être conduite à partir d’un « bureau éloigné » ; la « magie du marché » y pourvoit bien mieux que toute construction abstraite. Haro donc sur les intellectuels qui rêvent de redistribuer les fortunes : « Aucun d’entre eux, souligne Buckley, n’évoque fût-ce en passant la doctrine tout à fait respectable selon laquelle il est antidémocratique de prendre à quelqu’un ce que le peuple lui a donné. Si plusieurs centaines de milliers de personnes décident, sans aucune forme de coercition, de donner 100 000 dollars à Joe DiMaggio [un joueur de base-ball légendaire] en échange du plaisir de le voir manier sa batte (...), et si ensuite l’Etat absorbe l’essentiel de ce montant, qui donc a contredit le plus directement la volonté populaire ? »

Le tour est joué. Les riches et les multinationales sont les élus du peuple, les intellectuels de gauche son ennemi. Pour les conservateurs, ironise Thomas Frank, « quand les marchés bandent leurs muscles, c’est productif, organique et démocratique. Quand l’Etat et les je-sais-tout qui l’administrent s’emparent du volant, le pouvoir devient aussitôt destructeur, hiérarchique, arbitraire et tyranique (13) ». Avec le temps, la privatisation des médias et leur soumission croissante à la logique de l’Audimat vont conforter ce « populisme de marché ».

En janvier 2009, quand s’achèvera le mandat de l’actuel président, les républicains auront occupé la Maison Blanche vingt-huit années sur quarante. Ils contrôlent les deux chambres du Congrès depuis 1995. La plupart des juges de la Cour suprême et des magistrats fédéraux d’appel leur doivent leur nomination. Mais la droite américaine continue de pester contre les « bureaucrates de Washington ».

De leur côté, l’édition et les médias véhiculent les modèles les plus aboutis de l’idéologie marchande et de l’individualisme. L’université s’est fondue en partie dans le moule de la business school. Certains des meilleurs professeurs, des meilleurs auteurs se soucient avant tout, tels des PDG ou des footballeurs avisés, de faire monter les enchères les concernant (salaire plus coquet, enseignement plus réduit, avance plus rondelette) en menaçant de quitter leur établissement ou leur éditeur pour aller voir ailleurs si l’herbe y est plus verte. Mais la droite américaine continue de se plaindre de la subversion anticapitaliste des « intellectuels ». Car l’antipathie que les « élites » savantes inspirent aux couches sociales les moins favorisées – celles que les politiques économiques néolibérales brutalisent le plus directement – est décidément trop lucrative au plan électoral pour que le Parti républicain renonce à user et à abuser de ce stratagème éprouvé.

Ailleurs qu’aux Etats-Unis, d’autres avocats des privilèges, impatients de diriger leur pays, se découvrent une passion pour la culture populaire. Un jour qu’il ne s’entretenait ni avec M. Martin Bouygues, ni avec M. Arnaud Lagardère, ni avec Bernard-Henri Lévy, M. Nicolas Sarkozy confia à Paris Match : « Je suis comme la plupart des gens : j’aime ce qu’ils aiment. J’aime le Tour de France, le football, je vais voir Les Bronzés 3, j’aime écouter de la chanson populaire (14). »

Serge Halimi


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