Kobané, ville courage

lundi 20 octobre 2014.
 

1) Kobané ne doit pas tomber (Parti de Gauche)

Depuis un mois que la ville de Kobané est assiégée par l’organisation de l’état islamique, sa population résiste de manière héroïque. En renvoyant dos à dos les forces de protection kurdes (YPG) et les djihadistes, le gouvernement réactionnaire turc montre son vrai visage et son indifférence aux risques de massacres.

Face à la barbarie de l’OEI, le Parti de Gauche réclame plus que jamais que la Turquie laisse passer les combattants kurdes qui veulent rejoindre ceux qui défendent Kobané et demande qu’une aide humanitaire soit apportée aux réfugiés qui ont du fuir Kobané.

Le Parti de Gauche se joint à l’appel à manifester samedi 18 octobre 15h de la place de la Bastille à la place de la Nation

Martine Billard

2) Kobané, ville symbole (L’Humanité)

Kobané est désormais la ville symbole du courage et de la résistance du peuple kurde face aux assauts du groupe «  État islamique  ». Mais le martyre de cette cité du nord de la Syrie, c’est aussi la honte d’une coalition d’États que les ambiguïtés, le double jeu, les intérêts divergents et les intentions inavouées conduisent à l’impuissance. Ce premier échec est payé cash au prix du sang des combattants et des combattantes qui toute la journée d’hier défendaient leur ville, quartier par quartier, rue par rue.

Les YPG, Unités de protection du peuple kurde, manquaient d’armes et de munitions, contre les bandes extrémistes, puissamment équipées par des États qui ont rejoint la coalition, enrichis par le trafic du pétrole, recevant des renforts de djihadistes étrangers franchissant la frontière turque, qui aujourd’hui se ferme sur les Kurdes décidés à défendre Kobané, leurs familles, leurs compatriotes du Kurdistan syrien des violeurs et des égorgeurs. Que pèsent des frappes aériennes annoncées par les grandes puissances occidentales contre des agresseurs qui s’installent au cœur des villes, si sur le terrain les hommes qui leur opposent une résistance sont désarmés  ?

Comment prétendre vouloir mettre Daesh hors d’état de nuire en refusant le moindre contact avec les autorités légales du pays et, au plan régional, en décrétant plus infréquentable l’Iran que l’Arabie saoudite ou le Qatar  ? Quant au gouvernement turc, membre de la coalition, tout semble se passer comme si M. Erdogan n’était guère pressé d’aider les Kurdes à repousser les assassins au drapeau noir. Massacrer des Kurdes au détour d’une guerre n’est pas une première dans l’histoire de la région. Ils n’ont pas oublié les morts d’Halabja, gazés en 1988 pendant la guerre Iran-Irak par Saddam Hussein, alors soutenu par les pays occidentaux. En Irak comme en Syrie, les Kurdes ont montré qu’ils étaient la principale force de résistance à l’invasion barbare de l’«  État islamique  ». En les abandonnant, la coalition serait complice d’un crime. La France ne peut plus se taire.

Jean-Paul Piérot, L’Humanité

3) La solitude de Kobané est insupportable (Ensemble)

Assiégés depuis le 16 septembre par les djihadistes de l’organisation « Etat islamique » (EI), les Kurdes résistent avec beaucoup de courage et de détermination. Mais face à la supériorité militaire de l’EI, ils sont contraints de céder du terrain.

Après avoir occupé dans le centre de la ville le QG des forces kurdes et le centre culturel, les djihadistes veulent maintenant couper la route vers le poste frontière de Mursitpinar, empêchant tous les accès vers la Turquie.

Si Kobanê tombe, le massacre des civils et des combattantEs kurdes est inéluctable.

Les Kurdes sont dramatiquement délaissés, avec un armement insuffisant en quantité et en qualité.

Ils se heurtent à l’hostilité des pays de la région au droit du peuple kurde à disposer d’un état souverain alors que ces mêmes pays ont dans un passé récent aidé ou financé les djihadistes.

Le gouvernement de Erdogan tue et bombarde les Kurdes qui manifestent en Turquie mais laisse les djihadistes prendre peu à peu le contrôle de Kobanê.

La solitude des Kurdes de Kobanê est insupportable.

Les manifestations de solidarité qui ont eu lieu récemment sont importantes pour la popularisation de la résistance des Kurdes. Mais, elles ne sont pas suffisantes. Les pays de la coalition, la France, doivent venir en aide aux Kurdes, maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

« Ensemble ! Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire » exige que les gouvernements, dont les représentants au sein de la coalition sont réunis aujourd’hui à Washington :

- fournissent aux Kurdes en Syrie, mais aussi en Irak, tous les moyens nécessaires pour assurer leur auto-défense face à l« Etat islamique », notamment en permettant un corridor de passage pour les fournitures, les armes et les combattantEs kurdes ;

- retirent le PKK de la liste des organisations terroristes ;

- fassent pression sur le gouvernement turc pour qu’il arrête toute répression envers les Kurdes.

4) Solidarité avec Kobané ! Obama et Hollande, complices hypocrites (NPA)

On ne sait ce qui stupéfie le plus, la résistance héroïque des défenseurs – Kurdes et Syriens non kurdes – de Kobané, qui avec leurs armes légères parviennent à endiguer les assauts de jihadistes suréquipés, ou le cynisme des gouvernements occidentaux et de leurs alliés, au premier rang desquels l’État turc, membre de l’Otan et à ce titre premier partenaire des États-Unis dans la région.

L’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a alerté sur le risque d’un massacre de masse, en rappelant le sort de Srebrenica, la ville bosniaque dont des milliers d’habitants avaient été exécutés en juillet 1995. Mais à l’instar d’Arin Mirkan, la capitaine des Unités de protection des femmes qui s’est fait exploser au milieu de ceux qui tentaient de s’emparer d’elle, les combattants de Kobané ne rendront pas les armes.

Nettoyage ethnique et zone tampon

Dans le même temps, les images des chars turcs, massés immobiles à la frontière d’où ils contemplent les affrontements, évoquent inévitablement celles de leurs homologues russes, arrêtés sur les bords de la Vistule durant l’insurrection de Varsovie, à l’été 1944. Non seulement l’armée turque n’intervient pas, mais elle bloque l’accès des renforts kurdes et l’approvisionnement de Kobané en armes et en munitions. Le gouvernement Erdogan ne veut pas que s’installent durablement à sa porte des zones kurdes s’administrant elles-mêmes hors de tout contrôle. C’est pourquoi il a vu l’assaut de Daesh comme un don de la providence et considère son éventuelle prise de contrôle de la ville comme un moindre mal. Il serait toujours temps, après, d’utiliser des forces militaires largement supérieures à celles des djihadistes pour réoccuper un territoire vidé de ses combattants et populations kurdes.

Tel est le seul sens de la demande, formulée par Ankara, visant à la mise en place d’une «  zone tampon  » au nord de la Syrie. Et qui, croyez-vous, a immédiatement appuyé cette revendication  ? François Hollande lui-même, bien sûr. Même si, selon les services de la présidence française, Erdogan et Hollande auraient au même moment – lors de leur entretien téléphonique du 8 octobre – «  rappelé leur soutien à l’action menée par les combattants engagés dans la lutte contre Daesh  »… L’hypocrisie atteint ici de nouveaux sommets  !

Il en va d’ailleurs de même du gouvernement étatsunien, qui procède à quelques «  frappes  » aériennes isolées, sans doute pour qu’on ne puisse lui reprocher une totale inaction, mais sans du tout mettre en œuvre les moyens qui lui avaient permis, fin septembre, de stopper l’avancée de Daesh en Irak. Tout cela s’apparente en fait à un grand jeu de rôles – avec les populations kurdes et syriennes en victimes expiatoires.

Soutenir la lutte, pas une politique particulière

Les témoignages sur l’administration des trois cantons à majorité kurde du nord de la Syrie et, dans ce cadre, sur le rôle qu’y joue le PYD (Parti de l’union démocratique, la branche syrienne du PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan), sont pour le moins contrastés. Selon certains, on assisterait dans ces régions à une expérience autogestionnaire novatrice, baptisée confédéralisme démocratique ou municipalisme libertaire. D’autres, sans nier une série d’avancées, en particulier dans le domaine de l’émancipation des femmes, signalent que les méthodes autoritaires et musclées du PYD, y compris à l’égard d’autres formations de la gauche kurde et syrienne, n’ont nullement disparu.

Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas ici de soutenir la politique d’un parti mais un combat, qui est juste sur tous les plans. Il faut se placer au côté de la résistance kurde comme nous avons été nombreux, encore une fois cet été, à le faire au côté de la résistance palestinienne – indépendamment de la nature et des orientations des directions politiques, PKK ou Hamas ou autre.

Les représentants du PKK et du PYD, plus généralement ceux des communautés kurdes, ont ces derniers jours multiplié les appels aux gouvernements occidentaux afin que ceux-ci leur livrent des armes (lance-rockets antichars, artillerie) qui leur permettraient de se défendre plus efficacement, et aussi qu’ils intensifient les bombardements sur les colonnes et installations de Daesh. Pour notre part, tout en reconnaissant bien sûr le droit des Kurdes, comme des révolutionnaires syriens, de se procurer des armes où et comment ils le peuvent, il ne nous semble pas que l’on doive attendre de grands résultats de ces appels. Si Obama, Hollande et Cameron ne l’ont pas fait jusqu’à présent (sauf au profit du gouvernement autonome du Kurdistan d’Irak, mais celui-ci est de leurs proches amis), pourquoi changeraient-ils maintenant  ?

Reste la voie de la solidarité internationale directe des travailleurs et des peuples. Au mouvement ouvrier et démocratique, à ses organisations de prendre maintenant leurs responsabilités.

Jean-Philippe Divès


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