Contrat de travail unique : Valls défend une vieille idée de droite

mardi 28 octobre 2014.
 

Le contrat de travail unique, considéré comme une "idée intéressante" par le Premier ministre Manuel Valls, est une proposition qui revient de façon récurrente à droite et du côté du Medef. La CGT et les autres syndicats rejettent fermement cette proposition.

"Depuis dix ans, cette idée est travaillée dans notre pays" mais tant le Conseil d’orientation pour l’emploi que le Conseil économique social et environnemental l’ont "dégommée" a réagit ce vendredi Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT sur Europe 1. Nicolas Sarkozy avait en effet tenté cette proposition en 2007. Elle a été reprise jeudi par Manuel Valls, qui sous prétexte d’agir sur les "inégalités importantes" entre les salariés "très protégés" en CDI et les précaires en CDD et en intérim, entend niveler tout le monde vers le bas. Une idée qui figure également dans les propositions récentes du Medef, pour qui casser le CDI permettrait de résoudre "la peur de l’embauche" des entreprises.

Avoir un seul contrat pour remplacer toutes les formes de contrat existantes (dont CDI, CDD), la CGT ne "souhaite pas que ce soit testé" car "ce serait la fin du contrat à durée indéterminée", "c’est une remise en cause du CDI" martèle Thierry Lepaon. "C’est pas la nature du contrat de travail qui inverse la courbe du chômage, c’est la croissance, c’est l’investissement, c’est l’emploi" explique le secrétaire général de la CGT. Pour "que le chômage arrête de progresser" et "sécuriser les parcours professionnels", il a au contraire appelé à "durcir la loi sur les contrats à durée déterminée", regrettant que les embauches en CDD soient devenues "la règle", notamment pour les jeunes à l’entrée de la vie active. Sept embauches sur dix sont en effet à durée déterminée. Pourtant, depuis le 1er juillet 2013, le coût de certains CDD, dont ceux de très courte durée, a été surenchéri pour les employeurs. Mais Thierry Lepaon explique que "les employeurs s’assoient volontairement sur la loi pour déréglementer le marché du travail, et notamment les conditions de vie, de travail et de rémunération".

Avec un peu de prudence, le Premier ministre a estimé dans son interview à l’Obs que "ces discussions sur le contrat unique doivent avoir lieu d’abord au sein des partenaires sociaux". Il a sa réponse : un « non » ferme. "Forcément, nous ne sommes pas d’accord avec cette proposition", a renchérit à l’AFP Eric Aubin (CGT), assurant qu’un tel contrat provoquerait un "affaiblissement du CDI et un accroissement de la précarité".

"S’il s’agit de faire un contrat qui s’arrête quand on veut, ça ne peut pas nous aller. On est en train de précariser encore plus les salariés", estime de son côté le président de la CFTC Philippe Louis. "On avait écarté le contrat unique parce que c’était introduire une autre forme de rupture" du contrat de travail, une flexibilité "dont les salariés souffriraient, dont l’économie du coup souffrirait et dont les entreprises ne tireraient pas grand chose", a-t-il ajouté. Même son de cloche du côté de la CFDT pour qui cette idée n’est qu’"une vieille lune".


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message