Législatives en Tunisie : défaite islamiste, victoire des laïcs libéraux de Nidaa Tunes, très bon résultat du Front Populaire

samedi 1er novembre 2014.
 

D) Le Parti de Gauche félicite le Front Populaire tunisien

Les élections tunisiennes du 26 Octobre ont vu la victoire du parti Nidaa Tounes, un rassemblement hétéroclite de technocrates et de nostalgiques de l’ancien régime, qui obtient près de 40% des voix. Avec moins de 30% des voix, le parti Ennahdha perd quant à lui plusieurs centaines de milliers de voix par rapport à 2011, payant ainsi le prix de trois années de tentatives infructueuses pour importer une idéologie wahhabite qui est étrangère à la Tunisie. Face à ces deux machines électorales, nos camarades du Front Populaire tunisien, alliance d’une dizaine de partis nationalistes et de gauche, obtiennent la troisième place selon les résultats préliminaires, avec au moins 15 députés.

La campagne a été marquée par une bipolarisation du champ politique tunisien entre Nidaa Tounes et Ennahdha qui disposaient de moyens financiers hors normes et du soutien des puissances impérialistes étrangères, qui comptent sur ces partis pour appliquer l’agenda néolibéral dicté par le FMI. Il est ainsi à craindre que la majorité de ces nouveaux députés s’accordent pour voter des plans d’austérité qui se traduiront, comme partout dans le monde, par une hausse du chômage et une baisse du niveau de vie des tunisiens.

Dans ce paysage marqué par l’hégémonie des libéraux à l’assemblée, nos camarades du Front Populaire seront les dignes représentants du camp de la justice sociale, de la souveraineté nationale, des droits des femmes et de la laïcité. Resté fidèle aux idéaux de la révolution de 2011, le Front Populaire a mené une belle campagne unitaire qui voit notamment la victoire à Sidi Bouzid de Mbarka Brahmi (Courant Populaire), veuve du Mohamed Brahmi, et la réélection à Jendouba de Mongi Raoui, député du PPDU de feu Chokri Belaid. Le Front populaire obtient son meilleur score à Siliana, ville emblématique de la répression islamiste, avec près de 12% des voix pour Jilani Hammami, le porte-parole du Parti des Travailleurs.

Le Parti de Gauche félicite les militants du Front Populaire pour leur belle campagne, qui a permis l’élection à l’assemblée d’hommes et de femmes pour défendre le programme de la révolution : liberté, égalité, dignité, justice sociale.

Ramzi Kebaili - Commission Maghreb-Machrek

C) Tunisie : net recul des islamistes aux élections législatives

Le Monde.fr

Selon des résultats non officiels, et encore incomplets, diffusés lundi matin par l’agence de presse turque Anadolu, Nidaa Tounès pourrait avoir emporté 83 sièges (38,24 % des voix), contre 68 pour Ennahda (31,35 %), qui perdrait ainsi 21 sièges par rapport à 2011. L’Union patriotique libre (UPL) de Slim Riahi, richissime homme d’affaires, propriétaire du Club africain de football, arriverait en 3e position avec 17 sièges (7,83 %) devant le Front populaire d’Hamma Hammami (extrême gauche, 12 sièges, 5,55 % des voix). Aucun parti ne serait en capacité de former une majorité seul.

Paysage rééquilibré

Ces résultats n’ont pas été confirmés par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), chargée de l’organisation du scrutin. Mais les tendances – victoire de Nidaa Tounès et affaiblissement d’Ennahda – constituent déjà un événement politique majeur pour la jeune démocratie tunisienne. Sans réel rival depuis 2011, Ennahda va devoir travailler dans un paysage politique rééquilibré.

B) En Tunisie, Nidaa Tounès en tête des élections législatives

Les résultats des premiers dépouillements confirment la bipolarisation annoncée et l’avance du parti de l’ancien premier ministre Béji Caïd Essebsi, un vétéran du bourguibisme.

Le grand vainqueur des élections législatives de ce 26 octobre en Tunisie ? C’est sans surprise l’abstention, qui dépasse les 40% selon les chiffres fournis à la clôture des bureaux de vote par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Les taux de participation, contrastés, montrent que les électeurs ont davantage boudé les urnes dans les régions du centre-ouest, où le taux de chômage, massif, entretient la désillusion et le sentiment d’abandon des populations. Berceau de la révolution tunisienne, le gouvernorat de Sidi Bouzid enregistre le taux de participation le plus bas du pays (48%).

Les résultats des premiers dépouillements confirment la bipolarisation annoncée, avec un scrutin dominé par Ennahdha et Nidaa Tounes, le parti fondé par l’ancien premier ministre Béji Caïd Essebsi, un vétéran du bourguibisme qui se pose, à 88 ans, comme rempart à l’islamisme. En quelques mois seulement, cette formation hétéroclite, qui rassemble depuis certains éléments de la gauche syndicale jusqu’à des nostalgiques de l’ancien régime, est parvenue à s’imposer dans le paysage politique en jouant la carte du « vote utile », sans toutefois conquérir la majorité absolue qui lui permettrait de gouverner sans alliances.

Chassés du pouvoir sous la pression de la rue au début de l’année, les islamistes, eux, sont bel et bien sanctionnés, mais ils ont limité la casse grâce à leur enracinement militant et à leur argumentaire de campagne mettant leur échec sur le compte d’adversaires politiques qui auraient « entravé leur action au gouvernement ». « C’était une campagne difficile, nous avions des comptes à rendre. Nous avons pris le pouvoir dans une situation économique et sécuritaire dégradée, dans un pays pillé par le clan Ben Ali, avec pour mission de conduire une transition démocratique fragile. Mais nous avons, en dépit de tous les obstacles, réussi à mener ce pays aux élections », justifiait à la veille du scrutin Larbi Guesmi, membre du Majliss Choura, le conseil consultatif d’Ennahdha. Tant pis pour les attentes sociales déçues de la révolution : ces deux grands partis partagent, sur le terrain économique, la même ligne néolibérale. « La conjoncture socio-économique ne tolère plus de grèves ni de protestations », répétait Béji Caïd Essebsi en 2011, lorsqu’il dirigeait le gouvernement de transition. Antienne reprise par ses successeurs islamistes, qui voyaient dans toutes les protestations sociales la main de l’opposition. Ennahdha survit en tous cas seule à la « troïka » constituée à la sortie des élections de 2011. Balayés, les sociaux démocrates d’Ettakatôl et le Congrès pour la République du président Marzouki, chahuté à sa sortie du bureau de vote d’El Kantaoui à Sousse, semblent payer, de leur côté, le prix fort de la sanction infligée à cette boiteuse coalition.

« Les indicateurs que nous avons sont positifs et nous rassurent », s’est réjoui Béji Caïd Essebsi au terme du scrutin, lors d’une conférence de presse au siège de son parti aux Berges du Lac, un quartier huppé de Tunis. Le secrétaire général de Nidaa Tounes, Taïeb Baccouche, a laissé entendre que « l’écart entre Nidaa et Ennahdha » était « respectable ».

À l’autre bout de l’échiquier, l’extrême polarisation du scrutin et la faible dispersion des voix handicape les forces de gauche, divisées et marginalisées. Seul le Front populaire de Hamma Hammami semble en mesure de tirer son épingle du jeu grâce au mode de scrutin, la proportionnelle au plus fort reste, qui favorise les petites formations. Symbole fort, la veuve de Mohamed Brahmi, dirigeant du Front populaire assassiné le 25 juillet 2013, est élue sous les couleurs de la coalition de gauche à Sidi Bouzid. Mais la triste surprise du scrutin vient de la percée des listes parrainées par le populiste Slim Riahi, propriétaire d’un club de football très populaire dans la jeunesse, le Club Africain. Avec son Union patriotique libre (UPL), cet homme d’affaires a puisé dans sa fortune aux origines douteuses pour mettre sur pied, dans les quartiers déshérites, de solides réseaux clientélistes qui ont pesé sur le scrutin. Les jeunes technocrates libéraux d’Afek Tounès, enfin, seront eux aussi représentés au Parlement. Avec une telle configuration, les islamistes, qui ne présentent pas de candidat à l’élection présidentielle du 23 novembre pour monnayer les voix de leur base, devraient continuer de plaider en faveur d’un « gouvernement d’union nationale », au nom du « consensus ».

Près de quatre ans après le soulèvement populaire qui a conduit à la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, le scrutin s’est déroulé sans incidents majeurs, malgré les menaces d’attentats. Au total, 80 000 soldats et policiers étaient mobilisés pour sécuriser les opérations de vote. Le Premier ministre Mehdi Jomaa a salué une « journée historique » et « une lueur d’espoir », en référence au destin chaotique des pays arabes qui ont connu en 2011 des soulèvements, dans le sillage de la révolution tunisienne. L’ISIE, qui a jusqu’au 30 octobre pour proclamer les résultats définitifs, pourrait annoncer dès ce lundi de premiers résultats partiels.

Rosa Moussaoui, L’Humanité

A) Solidarité avec le Front populaire tunisien ! (Parti de Gauche)

Le 26 Octobre prochain auront lieu les premières élections législatives libres de l’histoire de la Tunisie. L’enjeu est immense pour la poursuite du processus enclenché par le soulèvement populaire du 17 Décembre 2010.

La campagne médiatique est dominée par deux listes qui disposent de moyens financiers hors normes et de l’appui de forces étrangères. D’un côté, les libéraux de Nida Tounes, qui regroupe des partisans de l’ancien régime proches des Etats-Unis et de l’Union Européenne, et de l’autre côté, les islamistes d’Ennahdha, qui sont eux soutenus par l’Arabie Saoudite et le Qatar. Malgré des divergences certaines, ces deux formations partagent le même programme économique libéral, qui se traduira par l’austérité, la hausse du chômage et la baisse du niveau de vie des tunisiens.

Face à ces machines électorales, et malgré la disproportion des moyens, une autre voix émerge et constitue l’excellente surprise de la campagne : celle du Front Populaire, qui représente la Tunisie du travail et de l’espoir. N’ayant jamais transigé sur ses principes, le Front Populaire a payé un lourd tribut avec les lâches assassinats de deux de ses dirigeants, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, qui sont morts en martyrs pour défendre la révolution tunisienne. Le Parti de Gauche et Jean-Luc Mélenchon s’étaient par deux fois rendus en Tunisie pour rendre hommage à ces deux révolutionnaires qui inspiraient respect et admiration jusqu’ici en France.

Resté fidèle aux objectifs de la révolution, le Front Populaire propose des solutions concrètes pour réaliser la souveraineté nationale et la justice sociale : notamment un audit de la dette extérieure afin d’en supprimer la part odieuse, la lutte contre le terrorisme, le développement des régions intérieures du pays, une réforme fiscale pour faire payer les grandes fortunes, et la rupture des accords avec l’Union Européenne et le FMI afin d’empêcher la libéralisation de l’économie et d’augmenter les aides sociales.

Solidaires du peuple tunisien nous exigeons du gouvernement français qu’il prenne les devants en annulant la totalité de la dette contractée par le régime Ben Ali, et en proposant un nouveau plan d’aide de l’Union Européenne à la Tunisie, qui respecte la souveraineté économique tunisienne. Des deux côtés de la Méditerranée, nous combattons les mêmes oligarques et les mêmes banquiers qui méprisent complètement les travailleurs et les classes populaires. Vive la solidarité internationale entre le peuple français et le peuple tunisien, vive la Tunisie libre et indépendante !


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