Xavier Bertrand, UMP, relance la bataille contre les retraites

samedi 1er novembre 2014.
 

Dans un interview au journal Les Echos en ce mois d’octobre 2014, Xavier Bertrand a lancé la bataille d’une nouvelle réforme des retraites pour finir de détruire le système par répartition. Nous reprenons ci-dessous les points clés de son argumentation pour en prouver l’inanité.

1) « Le système unique de répartition est condamné du fait de la démographie »

- >) Cette première phrase montre que Xavier Bertrand ignore complètement la réalité de la question. La démographie est tout à fait prévisible sur des dizaines d’années, ce qui fait justement l’intérêt de la répartition à la différence des marchés financiers -imprévisibles.

La bosse des retraités d’aujourd’hui, le « papy boom », est connue parfaitement depuis la fin du « baby boom » vers 1970 ou 1972.

Ainsi, le régime par répartition de l’Arrco a intégré les données démographiques -papy boom notamment et élévation de l’espérance de vie- depuis très longtemps. Aussi est-il en équilibre structurel (voir 8° rapport Conseil d’Orientation des Retraites d’avril 2010 ).

- >) C’est le chômage qui est la principale raison du déficit des régimes par répartition : la différence entre les cotisations prévues et celles effectivement encaissées. L’Arrco présente un déficit conjoncturel et le régime général un déficit en majorité conjoncturel mais aussi un déficit structurel....ce qui montre que les « politiques »n’ont pas su gérer correctement ce régime général...La démographie a bon dos...

- >) Xavier Bertrand oublie que la capitalisation dépend aussi de la démographie tant en ce qui concerne « les rentes » (qui dépendent bien de l’espérance de vie et subissent donc son allongement.....) que pour la valorisation des actifs financiers qui dépend aussi du rapport actifs/retraités (offre et demande..).

Que ferait on aujourd’hui si on devait s’occuper des rentiers d’un régime par capitalisation dont les rentes calculées en 1990 par exemple ne seraient plus revalorisées depuis ? Au delà du très lourd déficit des assureurs ayant mis en place ce système, il faudrait au moins des « majorations légales » payées par l’Etat..Il en reste encore d’ailleurs dans le budget et on « oublie » de le signaler, en tant que tel, aux députés.... Il serait d’ailleurs intéressant de calculer le coût réel de la capitalisation pour les finances publiques (et aussi d’ailleurs pour les assurés ).

2) « En plus de la répartition je propose aussi de la capitalisation, avec un système progressif qui donne des garanties pour tous et pas seulement aux plus riches »

- >) Xavier Bertrand oublie que les tares qu’il attribue à la répartition se retrouvent aussi dans la capitalisation (voir plus haut et aussi note rapide sur capitalisation et démographie)

- >)Xavier Bertrand ne parle pas du coût ; il propose donc un régime par capitalisation qui serait gratuit ? Car la capitalisation a un coût. Et si le système était facultatif, y aurait-il un avantage fiscal, donc un coût fiscal certain ? Il ne faut pas grand chose ( en termes de cotisations ou de prestations) pour équilibrer structurellement le régime général.

Cela avait d’ailleurs était proposé à L Jospin en 2000/2002 mais il avait préféré créer un Fonds de réserves global qui lui permettait de privatiser comme il l’entendait puisque une large partie du produit de ces privatisations était destinée au Fonds de réserves. Un magnifique résultat d’ailleurs aujourd’hui, le Fonds a disparu ou presque, le régime général n’est toujours pas structurellement équilibré, les privatisations (plus que tout autre gouvernement !) n’ont pas été utilisées pour réduire la dette publique. Encore bravo pour L Jospin et les (hauts)fonctionnaires impliqués qui ont vaillamment défendu les intérêts des assureurs...(1)

- >) Xavier Bertrand parle d’une garantie..Si l’Etat porte une garantie sur un système en capitalisation cela suppose qu’il prend en charge les risques d’un régime en capitalisation et ces risques sont bien plus importants que ceux d’un régime en répartition qui serait correctement géré ! Xavier Bertrand, qui « oublie » de parler de ces risques de la capitalisation et sentant qu’il y a là un problème important, parle donc de « garantie »...

3) Xavier Bertrand propose un nouveau système global en points qui permettrait d’avantage de justice « comme celle d’accorder un avantage aux femmes, dont la carrière n’est toujours pas aussi simple que celle des hommes. »

- >) S’agissant de bâtir un nouveau système global, Xavier Bertrand devrait lire l’article que Joseph Stiglitz, alors chargé des retraites à la Banque mondiale a écrit sur ce sujet.( New ideas about old age security. The World Bank Washington DC September 14-15, 1999) La banque Mondiale voulant instaurer des régimes de retraite de son cru dans différents pays (Chili par exemple), a échoué presque partout faisant des dégâts gigantesques dans la population salariée. Stiglitz reconnaissant ses graves erreurs en a conclu qu’un système de retraite dans un pays provenait et devait provenir de l’histoire même du pays et que l’on ne pouvait rien plaquer ex nihilo.

- >) Accorder un « avantage » aux femmes peut se faire dans n’importe quel système de retraite, y compris celui -ou ceux-existant. Un argument donc qui n’en est pas un.

(1) Un Fonds de réserves pour le régime des fonctionnaires ou un Fonds conjoncturel pour le chômage n’aurait pas été par contre absurde ou inutile.

Analyse de Pierre Mascomère

Retraites A bas la loi Hollande MEDEF (69 articles)


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