Pour la VIème République, démocratique, sociale et écologique

mercredi 5 novembre 2014.
 

Par Frédéric Lebaron et Claude Poliak, sociologues

L’initiative pour une VIème République lancée par J.-L.Mélenchon semble rencontrer un écho au-delà des militants de la « gauche de gauche » habitués aux entreprises de recomposition après des résultats électoraux décevants. Elle vient à point, précisément, parce qu’elle relève d’une autre démarche que celle familière aux organisations partisanes.

Confrontés à une situation politique et institutionnelle bloquée et face à une conjoncture économique et sociale particulièrement sombre, de nombreux citoyens cherchent une issue. Celle-ci présuppose un renouvellement des pratiques démocratiques et un véritable élan collectif.

Nous ne pouvons que souscrire à cette perspective qui devrait fédérer très largement autour de l’idéal républicain et démocratique. Il s’agit au fond de redéfinir et reconstruire le lien fondamental par lequel nous existons en tant que citoyens actifs et responsables et de rompre avec le modèle monarchique qui prolonge l’habitus de l’Ancien Régime, profondément incrusté dans les institutions dites républicaines et dans les dispositions de leurs dirigeants.

La VIème République n’est évidemment qu’un processus et un cadre, une direction, mais sa signification historique ne peut être dissociée de l’enjeu de la crise écologique globale qui exige de repenser l’ensemble des procédures de prise de décision à différentes échelles (du local au global), et à rétablir les droits souverains du peuple, bafoués par l’ordre économique néolibéral global.

Ce processus politique ne peut s’arrêter aux seules « institutions » au sens étroitement juridique du terme : il devrait toucher l’ensemble des organisations de notre société, entreprises, administrations, associations, où continue sous mille formes de se perpétuer l’habitus monarchique. L’exemple de la nouvelle « gouvernance » des universités, qui préside aussi à leurs regroupements à marche forcée, illustre cette persistance anachronique et ses conséquences délétères pour le service public (en l’occurrence de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais ce n’est qu’un exemple).

Susceptible de mobiliser largement dans le monde intellectuel, à condition d’argumenter de façon raisonnée et déterminée sans en faire un gadget politico-médiatique, le projet d’une VIème République n’aura de force transformatrice que lorsqu’il sera réapproprié par de larges pans des classes populaires, selon des modalités et des formes qui restent à inventer.

Eloignées des institutions et du champ politique, les classes populaires sont aussi traversées par des courants idéologiques et culturels divers, et c’est peut-être au fond autour de la réaffirmation sans concession de l’idéal démocratique qu’il faut entreprendre ce qui devrait être un mouvement de conquête et de reconquête.

Celui-ci passe aussi par une dynamique sociale, orientée vers la redéfinition des solidarités fondamentales, autour de l’Etat social, de la redistribution des richesses, de la lutte contre les inégalités, mais aussi de la tolérance et du pluralisme en tant que fondements de la laïcité.


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