Paris, Madrid ou Athènes, même combat !

mardi 25 novembre 2014.
 

Mardi dernier, le budget 2015 a été adopté en première lecture à l’assemblée nationale. À entendre le gouvernement, ce budget ne serait pas d’austérité… Non seulement il l’est, mais il va aggraver considérablement la situation économique du pays. Car si, depuis 2011, l’austérité a « coûté » 3,5 points de PIB et a réduit la croissance de 4,5 %, supprimant au passage 600 000 emplois, c’est surtout par la hausse des impôts. L’augmentation de la dépense publique a certes fléchi, mais c’est quand même elle qui a permis au PIB d’augmenter sur les trois dernières années, la demande du privé étant fortement orientée à la baisse. Or cette fois, la loi de programmation budgétaire pour les prochaines années s’attaque pour de bon aux dépenses publiques. Le gouvernement arrête donc le dernier moteur de l’économie.

Face à ce désastre annoncé, la majorité gouvernementale a malheureusement été tout aussi prévisible. En poursuivant leur routine abstentionniste, les « frondeurs » ont laissé aux députés Solfériniens le soin de trahir leur mandat en adoptant le budget le plus austère de la 5ème République. Confirmant ainsi qu’il n’y a pas de majorité alternative à l’assemblée.

C’est pourquoi il fallait prendre date dans la rue. La journée nationale de manifestations du 15 novembre appelée par le collectif3A a relevé le gant. C’était indispensable, car même dans une période difficile pour les mobilisations, il est vital de ne rien lâcher face au gouvernement et au Medef. Le Parti de gauche a largement œuvré à cette résistance unitaire et pas seulement en proposant le premier une marche nationale. Les manifestations du 15 novembre ont été parmi les plus importantes depuis plusieurs semaines même si elles n’ont pas été à la hauteur de la gravité des attaques gouvernementales. A l’inverse de ce qui se passe en ce moment ailleurs en Europe avec les manifestations massives de Bruxelles, Rome, Athènes ou encore Londres, l’austérité ne mobilise pas encore autant en France. La dispersion des manifestations sur le territoire au lieu d’une seule manifestation centrale à Paris comme nous le proposions, l’explique en partie. Mais il y a des ressorts plus puissants dont la désorientation profonde dans laquelle la politique de François Hollande entraîne le pays. Elle favorise une atomisation sociale. Rien ne permet cependant d’affirmer que ce n’est pas sur ce terrain qu’aura lieu finalement une explosion sociale.

De ce point de vue la journée nationale du 15 novembre constitue un acquis précieux. Elle a été un succès par le nombre et la diversité inédite des organisations signataires : partis politiques, syndicats, dont de très nombreux de la CGT , associations. Et ce sur une opposition frontale avec la politique du gouvernement. Le regroupement et l’élargissement des forces d’opposition à la politique menée constituent un enjeu important. Le collectif 3A peut jouer un rôle décisif dans l’émergence d’un front social et politique. Nous comptons bien favoriser sa réussite au moyen d’initiatives démontrant qu’une alternative existe.

Il s’agit là encore de mettre le peuple en mouvement. Cette construction est donc évidemment complémentaire de la construction d’une alternative politique partant de la question de la souveraineté populaire. C’est notre combat pour la 6ème république en rupture avec le système toujours plus oligarchique de la 5ème. L’impact de la votation citoyenne pour la révocabilité des élus a été la confirmation de l’audience que l’on sent grandissante de la 6ème République dans la population. C’est pourquoi nous apprécions et soutenons l’essor du M6R qui va bientôt enregistrer son 70 000ème adhérent. C’est la même alternative radicale au système que Podemos est peut-être en passe de concrétiser en Espagne et Syriza en Grèce. Tous deux le font par des formes sensiblement différentes qui renvoient aux contextes politiques spécifiques de chacun de ces pays mais l’important est ailleurs : ces forces se reconnaissent comme les éléments d’un même combat en Europe. Elles ont ceci également en commun qu’elles se préparent à la conquête du pouvoir en totale indépendance des partis du système, les libéraux de droite comme de « gauche ».

Le meeting de clôture du premier congrès de Podemos le week-end dernier, affichant les interventions d’Alexis Tsipras et de Jean-Luc Mélenchon, via une vidéo en raison de sa présence à la manifestation parisienne, avant celle du Secrétaire Général de Podemos Pablo Iglesias, était de ce point de vue tout un symbole. Car, comme Syriza et Podemos, notre objectif est bien la construction d’une force nous permettant pareillement de rendre crédible la conquête du pouvoir par et pour le peuple.

Eric Coquerel, Secrétaire national à la coordination politique du Parti de Gauche


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