Airbus : la solidarité nationale et européenne doit s’exprimer (communiqué de Pierre Izard, président du Conseil général de la Haute Garonne)

lundi 5 mars 2007.
 

Le plan Power 8 a été annoncé. Les conséquences sont lourdes. Les défis à surmonter sont titanesques. Ceux qui avaient imprudemment relativisé la portée de ces évènements, au risque de ne pas suffisamment alerter l’Etat, se voient aujourd’hui floués. Les pertes d’emploi annoncées sont nombreuses, en particulier en France et à Toulouse, même si la pression des élus et des syndicats ont conduit à éviter les licenciements secs, au moins dans une première séquence.

Notre département est au cœur de la tourmente. Il est lourdement frappé par les conséquences en termes d’emplois, même s’il obtient l’assemblage de l’A350. La colère qui s’exprime déjà est légitime. Les salariés savent que cette crise n’est pas fortuite, et ils considèrent qu’il est injuste qu’ils en paient le prix fort. Elle est la résultante de choix inconsidérés, qui ont conduit à la nomination de dirigeants moins préoccupés d’aéronautique et de production, que par des considérations purement financières. Des dirigeants qui, comme l’a dit Louis Gallois lui-même, ont donné dans l’ « euphorie » et n’ont pas su mettre en place des organisations adaptées. Nous allons vivre aussi la conséquence de l’attitude d’un Etat actionnaire qui a laissé les dysfonctionnements s’installer sans en apprécier les risques, se désintéressant des enjeux industriels.

Airbus est en difficulté, ce que nul ne conteste. Des révisions déchirantes sont sans doute inévitables pour restaurer la solidité de l’entreprise. Mais il est indispensable de donner priorité à la défense de l’emploi, ce qui suppose un dialogue social approfondi avec les représentants des salariés pour surmonter les difficultés et minimiser les conséquences sociales.

Des incertitudes subsistent encore après cette annonce, notamment sur le sort réservé dans l’avenir à des sites concernés par un « partenariat » avec de nouveaux acteurs, qui pourrait aboutir à des cessions de site. Il est indispensable de donner des perspectives claires aux salariés.

Rappelons le : Airbus est un projet industriel, tourné vers le développement économique, porté par les Etats européens, destiné à développer l’emploi sur nos territoires. Airbus doit être fidèle à cette finalité, qui se décline sur le long terme.

C’est pourquoi la leçon à tirer de cette crise, c’est celle de la réaffirmation du rôle et de la parole de la puissance publique dans le secteur aéronautique, et plus largement dans la politique industrielle. Et non, comme le prétendent des responsables de la majorité parlementaire en France, son effacement complet.

La solidarité nationale et européenne doit s’exprimer. Pour les temps difficiles qui s’annoncent, nous attendons des réactions fortes :

- le soutien à ceux qui subiront de plein fouet la crise doit être réaffirmé. Les salariés visés par le plan doivent être soutenus afin de trouver dès que possible un nouvel emploi ou pouvoir vivre une période de transition dans les meilleures conditions. La sous-traitance, composée de PME dont la survie même est en question, doit encore être mieux accompagnée, qu’il s’agisse de surmonter la période ou de se reconvertir.

- Il faut aussi reconsidérer les fondements de notre développement économique local. Nous ne pouvons plus compter seulement sur l’aéronautique comme moteur de la croissance. C’est pourquoi des décisions importantes doivent être prises en faveur du sud-ouest et de la Haute-Garonne : à commencer par le feu vert à un nouveau pôle de compétitivité dans l’agroalimentaire, et par l’accélération du projet de desserte de Toulouse par le TGV.

Le Président d’Airbus a insisté, pendant sa présentation, sur les causes de nature monétaire, aux difficultés d’Airbus. Le rapport de l’Euro à un dollar faible est ainsi un problème qui désavantage notre industrie aéronautique.

Il faut désormais s’interroger sur la politique monétaire menée en Europe, qui aujourd’hui n’a d’objet que la lutte contre l’inflation, et non le développement économique. Ceci demande de revoir les statuts de la Banque centrale européenne, aujourd’hui indépendante, ou son rapport aux représentants des peuples. Un « gouvernement économique » de l’Europe est ainsi à l’ordre du jour.

Pierre IZARD

Président du Conseil Général De la Haute-Garonne


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