Les dessous du krach russe

vendredi 16 janvier 2015.
 

Déjà fragilisée par les sanctions états-uniennes et européennes, l’économie russe a subi fin décembre un véritable krach. C’est sa crise la plus grave depuis le krach russe de 1998. A l’époque, le pays n’avait fini par rebondir qu’en expulsant le FMI et en annulant une partie de sa dette. En dépit de la gravité du choc actuel, la Russie est beaucoup mieux armée. Elle dispose de 450 milliards de réserves de change, contre seulement 15 milliards en 1998.

Reste que la cause directe du krach – la chute du cours du pétrole dans des proportions exactement équivalentes à celle du rouble, soit 40% – est d’origine géopolitique. Le président Evo Morales l’a affirmé crument : « les Etats-Unis sont derrière la chute du pétrole pour déstabiliser le Venezuela et la Russie ». En augmentant leur production de pétrole grâce aux gaz de schiste et sables bitumeux grassement subventionnés, les USA ont réduit leurs importations. Face à une telle baisse de demande d’un gros client, les pays de l’OPEP réduisent d’habitude leur production pour éviter une chute des cours. Il n’en a rien été cette fois-ci car les USA ont demandé à l’Arabie Saoudite de bloquer toute baisse des quotas de production. Tous les pays de l’OPEP se sont ainsi retrouvés otages d’une crise de surproduction. La manœuvre politique états-unienne se double ici d’un crime écologique qui enlise le monde dans une économie hautement carbonée.

Alors qu’elle devrait se démarquer d’une politique aussi toxique pour l’humanité, l’UE est alignée une fois de plus sur les USA. Rompant avec une politique coopérative avec la Russie, Merkel a pris la tête d’un front européen anti-russe composé des pays baltes, de la Pologne et des pays anglo-saxons. Surenchère des sanctions, soutien aveugle au gouvernement néofasciste de Kiev, torpillage du gazoduc russe South Stream : cette politique antirusse met l’Europe dans l’impasse. L’Italie, la Hongrie et la République tchèque sont dans une situation énergétique tragique que le gazoduc russe South Stream devait résoudre. Un enjeu étranger à l’Allemagne qui compte sur les hydrocarbures de la baltique. Ce n’est donc pas un hasard si c’est l’italien Mateo Renzi qui a critiqué le premier les sanctions. L’Allemagne ne devrait donc plus disposer de la majorité au Conseil européen pour continuer cette politique en 2015. Pour peu que la France sorte du sillage germano-américain, elle contribuerait à ce que l’Europe renoue avec la Russie, carrefour d’un intérêt commun eurasiatique.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message