Lassana Bathily naturalisé français ce 20 janvier

samedi 24 janvier 2015.
 

D) Lassana Bathily, « héros » du supermarché casher, naturalisé français

Lassana Bathily est français. Mardi 20 janvier, à 19 h 30, le chef du gouvernement, Manuel Valls, lui a remis de sa main trois symboles d’entrée dans la citoyenneté française. Le jeune Malien, héros de la prise d’otages du supermarché casher de la porte de Vincennes, le 9 janvier, a reçu du premier ministre une lettre signée du chef de l’Etat, un passeport et une médaille. Trois preuves concrètes que son rêve d’enfant, « devenir français », était bien devenu une réalité. Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, y a ajouté un livre d’Ernest Renan et un autre du photographe Raymond Depardon. Deux regards sur la France.

La cérémonie d’entrée dans la citoyenneté française de ce Malien de 24 ans s’est déroulée dans la salle des fêtes du ministère de l’intérieur, place Beauvau. Une salle surchauffée par la large affluence des journalistes, mais aussi par un parterre très VIP. Un auditoire à la hauteur du geste de ce jeune qui a risqué sa vie pour en sauver d’autres. Le premier ministre, Manuel Valls, avait tenu à être présent sur l’estrade, et dans la salle ses ministres étaient nombreux, de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, à la garde des sceaux, Christiane Taubira. A leur côté, les représentants des grandes religions avaient aussi fait le déplacement pour saluer le nouveau citoyen français, comme les associations qui l’ont aidé à rester en France, ses collègues de l’Hyper Cacher ou son employeur.

« JE NE SUIS PAS UN HÉROS, JE SUIS LASSANA »

Si Lassana Bathily a déclaré vouloir prendre « un peu de recul » face au tumulte médiatique qui l’assaille depuis le 9 janvier, il a montré lors de cette cérémonie une remarquable modestie et une grande distance par rapport à son geste. Après avoir « remercié ceux qui [lui] ont fait confiance et soutenu depuis toujours » et souligné qu’il pensait là en particulier à « ses parents », le jeune homme a rappelé un vibrant « je ne suis pas un héros, je suis Lassana et je resterai moi­-même ».

ll a salué la mémoire de son collègue et ami Yohan Cohen, tué par Amedy Coulibaly. « J’ai perdu quelqu’un que j’aimais beaucoup, a­-t­-il tenu à rappeler, quelqu’un avec qui j’ai beaucoup ri. On s’appelait “Boss­boss” », a-­t­-il pudiquement avancé, comme un cri du cœur.

Lassana Bathily, c’est au départ un parcours de migrant comme tant d’autres. Né en juin 1990 dans un village de la région de Kayes, au Mali, le jeune homme quitte sa mère pour rejoindre son père à Paris. Aîné d’une fratrie de trois enfants, il partage sa vie entre son foyer et l’école républicaine. Il est scolarisé dans un lycée professionnel du nord de Paris, où il prépare un CAP de carreleur.

« UNE ERREUR MANIFESTE D’APPRÉCIATION »

En 2010, cet élève « respectueux, sérieux et intelligent » décroche son diplôme, comme le raconte un de ses enseignants. Mais n’a toujours pas de papiers. Son parcours en France aurait même pu s’arrêter là, puisqu’il se retrouve sous le coup d’une obligation de quitter le territoire à la fin de l’année 2010. Bernard Cazeneuve rappelle que le tribunal administratif reconnaît alors que cette décision du préfet est « une erreur manifeste d’appréciation ». Mais c’est grâce à ses anciens profs du lycée, dont plusieurs sont membres du Réseau éducation sans frontières, qu’il ose mener cette démarche. Le jeune Malien obtient à leur côté un titre de séjour, en juin 2011. Il renouvelle ensuite son titre, sans problème, année après année, jusqu’à son acte de bravoure du 9 janvier.

Faut­-il croire le ministre de l’intérieur lorsqu’il lui lance un « vous auriez été naturalisé, car la citoyenneté française n’est pas réservée aux braves » ? Les données chiffrées ne plaident pas vraiment pour les paroles ministérielles, puisque seuls 57 610 personnes ont obtenu la nationalité française par décret en 2014. C’est peu, mais la courbe est ascendante, et le chef du gouvernement a rappelé lors de cette cérémonie avoir « relancé le processus de naturalisation, car c’est une chance pour notre pays ».

Debout à côté de l’orateur, son dos courbé comme un effet secondaire d’une haute stature, ou pour ne pas paraître bien plus grand que les deux ministres de la République, Lassana Bathily a gardé les yeux vers le sol durant tous les compliments qui ont pu lui être faits. « Vous êtes un des visages de cette France en l’honneur de laquelle ont défilé près de 4 millions de Français », lui a déclaré Manuel Valls. « Vous participez pleinement au projet de la France », a ajouté Bernard Cazeneuve.

Derrière les mots ministériels, sur le ton solennel du moment, le premier ministre comme le ministre de l’intérieur ont su donner à ce moment des accents de sincérité. Bernard Cazeneuve a osé, une fois n’est pas coutume, utiliser l’image de son père, instituteur de la République, réunissant des enfants de confessions différentes autour du savoir. Manuel Valls, lui, a laissé poindre ses souvenirs d’enfant né ailleurs.

Mardi 20 janvier, la France a gagné un nouveau citoyen. Un chemin d’espoir pour tant d’immigrés qui rêvent un jour aussi de vivre ce moment. Même si ce n’est pas sous les ors du ministère de l’intérieur.

Maryline Baumard

Source : http://www.lemonde.fr/societe/artic...

C) Légion d’honneur et nationalité française pour Lassana Bathily : les internautes se mobilisent (Itélé)

Lassana Bathily, ce jeune Malien qui avait caché des otages lors de l’attaque de l’épicerie cacher menée par le terroriste Amedy Coulibaly le 9 janvier dernier, est devenu un véritable héros. Aujourd’hui les internautes se mobilisent pour qu’il obtienne la nationalité française ainsi que la Légion d’honneur, en récompense de son acte de bravoure.

Son courage et son sang-froid, lors de la prise d’otages menée par Amedy Coulibaly dans l’Hyper cacher, avaient ému la France entière. Au péril de sa vie, Lassana Bathily avait en effet caché plusieurs personnes dans la chambre froide de l’épicerie, avant de sortir puis de prévenir et renseigner les forces de l’ordre. Considéré comme un héros et salué comme il se doit sur les réseaux sociaux, celui que nous avions rencontré au lendemain du drame (vidéo ci-dessous) bénéficie aujourd’hui d’une forte mobilisation des internautes qui exhortent la France a lui accorder la citoyenneté française, tout en lui délivrant la Légion d’honneur.

B) Mobilisation pour Lassana Bathily (BFMTV)

Vendredi dernier, Lassana Bathily est devenu le héros de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Cet employé malien de l’épicerie a caché des clients du supermarché dans une chambre froide, lorsqu’Amedy Coulibaly est entré pour prendre les clients en otage.

"Je suis allé au congélateur, j’ai ouvert la porte", raconte le jeune homme sur BFMTV. "Plusieurs personnes sont entrées avec moi. Il y avait quelqu’un avec un enfant de deux ans. J’ai éteint la lumière, j’ai fermé la porte, je leur ai dit de rester calmes, et je suis sorti". "Je suis musulman, pratiquant. J’ai déjà fait mes prières dans ce magasin, dans la réserve. Et oui, j’ai aidé des juifs. On est des frères", a-t-il encore déclaré. "Ce n’est pas une question de juifs, de chrétiens ou de musulmans, on est tous dans le même bateau", expliquait-il.

Les politiques se mobilisent

Raquel Garrido, la porte-parole du Parti de gauche, a par exemple sensibilisé ses abonnés sur Twitter.

Ian Brossat, conseiller PCF de Paris, Esther Benbassa, sénatrice EELV ou encore le député socialiste Yann Galut ont eux aussi relayé l’histoire de cet homme sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, de nombreuses personnes souhaiteraient qu’il soit décoré. "Il a sauvé la vie de 15 personnes, c’est hors du commun et ça mérite une Légion d’honneur", affirme Thiaba Bruni, porte-parole du Cran (Conseil représentatif des associations noires de France).

A) Lassana Bathily, l’ex-sans-papiers devenu un héros (L’Humanité)

Employé de l’épicerie casher, à Paris, ce malien de vingt-quatre ans, de confession musulmane, 
a sauvé des vies vendredi. Lycéen, il avait échappé de peu à l’expulsion en 2009...

C’est un rayon de soleil dans une sombre actualité. Lassana Bathily, le jeune employé d’origine malienne de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, a sauvé des vies en dissimulant un groupe de plusieurs personnes dans la chambre froide du magasin, au moment ou Amedy Coulibaly faisait irruption sur place. «  J’ai entendu des coups de feu. Puis j’ai vu mon collègue et des clients descendre en courant. Je leur ai dit  : “Venez, venez  !” Je les ai fait entrer dans les congélateurs  », a raconté le jeune homme à plusieurs médias télévisés. Six personnes s’engouffrent alors, dont un papa avec son tout jeune enfant. «  J’ai éteint la lumière, j’ai éteint le congélateur. (…) Puis j’ai fermé la porte, et j’ai dit  : “Vous restez calmes là.”  » Au rez-de-chaussée, quatre personnes sont semble-t-il déjà tombées sous les balles d’Amedy Coulibaly, dont Yohan Cohen, 23 ans, lui aussi employé du supermarché, fan de rap et ami de Lassana. Ce dernier essaie alors de convaincre les clients avec qui il s’est caché de tenter une sortie, par l’arrière, mais personne ne veut se lancer avec lui. «  Moi j’ai pris le risque de sortir, car je connaissais les issues de secours… 
Mais si l’autre m’avait vu, j’étais mort  », assure-t-il.

Heureusement, sa tentative est couronnée de succès. Dehors, Lassana informe les policiers de la configuration du magasin, pour les aider à préparer l’assaut. Un autre employé leur fournit les clés du rideau de fer de l’entrée principale, baissé depuis le début de l’attaque. Un peu après 17 heures, le Raid libère tous les otages, sans faire d’autre victime qu’Amedy Coulibaly lui-même, qui s’est jeté sur les policiers en tirant. Une fois en sécurité, les clients du supermarché peuvent féliciter Lassana.

Originaire du village de Samba Dramané, dans la province de Kayes, au Mali, où sa mère vit toujours, le jeune homme de vingt-quatre ans, arrivé en France en mai 2006, fait, depuis son geste héroïque, la fierté de sa famille et de ses amis. Hier matin, il a même reçu les félicitations de François Hollande, qui l’a joint par téléphone. De confession musulmane, Lassana ne veut pas tirer de gloire particulière de son action, ni insister sur sa religion. «  On est des frères. Ce n’est pas une question de juifs, de chrétiens ou de musulmans. On est tous sur le même bateau, il faut qu’on s’aide pour sortir de cette crise  », a-t-il expliqué sur BFMTV.

Né le 27 juin 1990 en Côte d’Ivoire mais de nationalité malienne, Lassana n’a pas eu un parcours facile, depuis son arrivée en France, à 16 ans. De 2007 à 2009, il est scolarisé au lycée professionnel Erea Jean-Jaurès dans le 19e arrondissement de Paris, où il fait preuve de beaucoup de sérieux. «  Il y a brillamment obtenu son CAP de carreleur-mosaïste  », se souvient sa professeure d’arts appliqués, Zimba Benguigui, qui décrit un garçon «  toujours souriant, discipliné, participatif  ». À l’époque, Lassana est hébergé au foyer de travailleurs migrants de la rue Saint-Just, dans le 17e, coincé entre le cimetière des Batignolles et le stade de foot Léon-Biancotto. Un foyer et un stade qu’il fréquente encore régulièrement. L’un de ses frères, Fousseni, habite toujours sur place. Et Lassana s’entraîne régulièrement avec le FC Africa, où il tient le poste de latéral droit. «  Son geste ne m’a pas surpris car c’est un jeune humaniste, un garçon adorable, témoigne Djibril Soumaré, le président du club de foot. Mais 
il a quand même fait preuve d’un sacré courage…  »

Peut-être aussi le résultat de la lutte menée avec le Réseau Éducation sans frontières (RESF) pour éviter son expulsion en 2009 et obtenir une première régularisation, en 2011. Un souvenir toujours vivace pour son professeur d’anglais de l’époque, Alexandre Adamopoulos, qui avait retrouvé Lassana il y a un mois et conversait encore avec lui hier, via Facebook. «  Je l’ai félicité pour son geste. C’est un symbole très fort. Car nous nous battons toujours pour de nombreux lycéens sans papiers que les autorités continuent de rejeter. Or, les jeunes comme Lassana représentent l’avenir de la France.  »

Un peu submergé depuis deux jours, le jeune homme disait ce week-end avoir besoin de «  repos  ». Alors que des appels étaient lancés sur les réseaux sociaux pour qu’on lui décerne la Légion d’honneur, lui indiquait seulement avoir fait, avant les événements de cette semaine, «  une demande de nationalité française  ». «  Je ne sais pas si ça va marcher… Franchement, je ne compte pas sur ce qu’il s’est passé pour que ça change quelque chose. Mais si je l’obtiens, ça sera un plaisir.  »

Alexandre Fache


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