Florange : le mensonge d’état

lundi 16 février 2015.
 

Par deux fois dans son histoire récente, la région Lorraine a souffert d’un reniement présidentiel, sous la présidence de François Mitterrand dans les années 80 et de nouveau sous celle de François Hollande.

Celui-ci avait solennellement promis de sauver la sidérurgie et l’industrie françaises, il n’a pas respecté ses promesses.

La « gauche » PS a trahi par deux fois

De nombreux citoyens en ont perdu tout repère et toute confiance, ce dont la CGT a lourdement pâti. Le résultat des élections professionnelles a été terrible pour la CGT Florange et son leader Lionel Buriello en pointe de la lutte depuis des années pour la sauvegarde du site et des emplois. Elle perd 10 points et se retrouve loin derrière des syndicats réformistes bien peu combatifs, la CFDT et la CFE-CGC.

Devant un corps syndical paraissant s’affaiblir localement, la direction Mittal de Florange, sans aucune retenue, explique que pour améliorer la qualité de l’acier, elle envisage de rallumer un haut fourneau… en Allemagne. Pourtant, il avait été expliqué par tous les experts qu’un fourneau éteint était condamné à ne plus fonctionner. A croire qu’une vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain. Nous vivons une période où tout ce qui nous semblait impossible à réaliser peut rejoindre le monde magique du possible.

Est-on en permanence dans le mensonge d’état ?

Poser la question est un peu y répondre. La France, se condamnant à obéir aux traités européens, se ferme à toute possibilité de nationalisation même partielle, pouvant permettre d’apporter une réponse concrète dans la mise en place d’une stratégie industrielle.

Ce n’est pas seulement d’emplois qu’il est en ce moment question, mais de l’avenir d’un savoir faire indispensable et reconnu dans le monde entier. Le Groupe Tata Steel a choisi d’investir dans la vallée de la Fensch en Moselle pour produire ses rails de TGV et de tramways (108m. de longueur) vue la qualité exceptionnelle de l’acier produit à Florange. Comme ce n’est plus le cas aujourd’hui, le groupe Tata décide de liquider l’affaire et ses 450 salariés.

Pourquoi avoir menti aux salariés de Florange, pourquoi avoir menti à tous les Français ?

La réponse est à chercher du coté du monde de la finance et de ceux qui la servent copieusement. Avec 56 milliards de dividendes redistribués aux actionnaires en 2014, record équivalent à celui de l’année 2007, bien avant d’entamer la période de crise, le message est clair : ce n’est pas le soi-disant « coût du travail » qui empêche une certaine oligarchie de s’enrichir. Pourtant, faire de la politique, cela devrait se résumer à s’adresser au plus grand nombre et veiller en permanence au mieux vivre ensemble.

Quand le projet de loi Macron décide d’opposer le service public au privé en proposant une circulation de cars en lieu et place du TGV, le ministre porte un coup à la fois contre le secteur industriel, contre l’emploi national et contre l’écologie.

Quand GIAT industrie (Nexter), groupe public d’industrie de la défense, est menacé d’être absorbé par un projet appelé « Kant », création d’une société franco-allemande, avec un siège au Pays-Bas afin de remonter à leur guise des dividendes, c’est un coup porté contre notre souveraineté et un désaveu d’une stratégie industrielle en France.

Quand la SNCM, service public, se fait condamner durement par la Commission Européenne, au nom du strict respect des traités européens, engagements pris par Nicolas Sarkozy et François Hollande au nom du peuple français qui pourtant avait voté « non », c’est non seulement un deni de démocratie, une remise en cause des services publics, mais également se priver d’investissements majeurs dans le secteur industriel.

Quand le secteur automobile décide de délocaliser à l’étranger afin de favoriser le dumping social, PSA en Espagne, Renault en Roumanie avec l’aide de l’état, c’est une preuve d’abandon de toute suprématie industrielle dans notre pays.

Peut-on parler de lâcheté politique ?

Les Américains n’hésitent pas à pratiquer des droits de douane très lourds afin de protéger tout ce qui relève d’une stratégie politique et industrielle (armée, transport, recherche).

En Europe et plus particulièrement en France, alors qu’il existe des perspectives d’avenir dans un cadre de planification écologique porteur d’emplois, les politiques d’austérité menées divisent les peuples et radicalisent le mécontentement.

Les peuples sont en mouvement en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Belgique et même en Allemagne.

En France, un grand mouvement syndical se prépare à l’horizon du mois d’avril.

Tous réclament une alternative aux politiques générées par des traités européens adoptés contre les peuples.

Dans l’unité syndicale, la sidérurgie, la chimie, l’énergie, les transports seront dans la rue au coté du Parti de Gauche pour réclamer une véritable stratégie industrielle sur le sol français dans le cadre d’une planification écologique.

Oui à l’écosocialisme, non à la finance !

Philippe Juraver, secrétaire national, secteur Entreprises et Luttes Sociales et Brigitte Blang, membre du bureau national


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message