Loi Macron : censurer le chantage

vendredi 20 février 2015.
 

Aujourd’hui j’avais rendez-vous à l’Elysée pour parler de la Grèce. J’ai croisé en m’y rendant le conseil des ministres convoqué en hâte pour autoriser le recours au 49/3 pour faire passer de force la loi dont le banquier Macron n’a pas été capable de convaincre une majorité de parlementaires. Sa brutalité et son arrogance de classe ont même réussi à diviser si fortement les socialistes, les Verts et même le MRC qu’il ne comptait plus que sur les béni oui-oui et la droite pour faire passer son texte. Même ça aura été impossible. Certains jours font vivre en accéléré ce qui jusque-là semblait serpenter mollement. Il en va de même dans l’action politique. Le moment est passionnant. Pour quelques heures on va faire une pause dans les émissions non-stop sur l’islamisme radical, l’antisémitisme et toute cette bouillie glauque qui nous instillée comme un gavage sans fin depuis des semaines.

Car voici Valls obligé de courir colmater la brèche. La loi sera donc considérée comme adoptée sauf si une motion de censure contre le gouvernement est adoptée. Une pure « brutalité », un « déni de démocratie », comme disait François Hollande en 2006. N’oublions pas que ce coup de force vient de loin. C’est-à-dire d’Europe. On voit une fois de plus comment la politique exigée par la Commission européenne ne s’impose dans les nations que par des coups de force à répétition contre la démocratie et ses instances. Car les 207 articles de la loi Macron sont un copié collé de toutes les demandes du comité de la hache à Bruxelles. Ce n’est pas ce qui était prévu mais Macron a réussi à mettre son camp dans une profonde panade en mettant à nu les ficelles sur lesquelles repose toute cette affaire. Souvenons-nous que le petit monsieur chouchou des médias avait déjà dû être tiré d’affaires par une série de changements autoritaires des membres de la commission des affaires sociales pour constituer une coterie spécialement docile à son endroit. Laquelle cohorte de cireurs de pompes s’était ensuite répandu dans les couloirs pour vanter les talents et mérites supra naturels de l’impétrant ! Qui fut « bluffé », « subjugué » mais pour finir purement bernés sur le rapport de force réel ? Juste les commanditaires des mirlitons préposés à cet office de louanges perpétuelles. Ha ! Ah ! Trop drôle ! A la fin il ne reste de toute ces grâces et habiletés que la marques des grosses roues des chars du 49/3 dans la boue des opérations manquées. Jubilatoire. Evidemment c’est une démonstration aveuglante de ce qu’est la cinquième république comme régime de violences anti démocratiques.

Bilan pour Valls : la catastrophe. Il s’était engagé politiquement jusqu’aux essieux sur cette prétendue « loi de gauche ». Il doit la passer par la force ! Il ne lui reste plus que le chantage à la dissolution comme argument ! Pire il est évident qu’il n’est pas du tout le « chef de la majorité » comme il l’a dit, puisque de majorité il n’y en a point ! Ceux qui avaient oublié qu’il a fait 5% aux primaires peuvent s’en rappeler ! Ni Valls ni macron ne représentent la majorité de gauche qu’ils divisent et amoindrissent sans cesse. On se souviendra aussi qu’après les votes de confiance de plus en plus maigres, les votes du budget de plus en plus riquiqui, le voici rendu au point du 49/3, dernier sas avant la sortie de route à supposer que cela n’en sois pas une déjà que d’y avoir recours…. Que voter dans ce contexte ? Clairement il s’agit d’un chantage : ne votez pas la censure pour ne pas voter avec la droite. Mais cela revient à laisser passer la loi Macron en l’état après l’avoir combattue pied a pied. C’est inadmissible. Les parlementaires votent des lois. S’ils n’en veulent pas ils votent contre. C’est bien ce que s’apprêtaient à faire un nombre significatif de députés de gauche. La seule façon de bloquer la loi et de faire cesser le chantage comme méthode de gouvernement c’est de voter la censure. Soit celle déposé par la droite comme le fit le groupe communiste en 1972, qui n’avait pas les moyens de déposer sa propre motion, soit en en déposant une autre, de gauche, puisque le moyen existe de le faire !


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