La mort d’une usine est aussi un attentat ! (Par Michel Étiévent, écrivain)

dimanche 16 août 2015.
 

Texte écrit à la demande des salariés de Graftech, en grève pour protester contre la fermeture de l’usine de Notre-Dame-de-Briançon (Savoie) où 41 licenciements sont annoncés.

Mes ami(e)s, mes camarades, la mort d’une usine est aussi un attentat. Un attentat à la vie, à l’espoir. Un attentat au futur de nos familles et de nos enfants. Depuis plus d’un siècle, ici, au prix d’un acharnement de générations d’ouvriers à construire un avenir décent, l’usine a toujours été l’un des piliers essentiels de la vie locale. Savent-ils ce qu’ils font ceux qui, d’un trait de bourse, au nom d’intérêts froids et lointains, font basculer d’un coup des vies d’humains ?

L’usine, nous le savons, est à l’origine d’une longue chaine de vie qui passe par le maintien de l’agriculture et de l’entretien de la nature par le biais de l’ouvrier paysan et paysagiste, se prolonge par l’existence de produits performants à haute valeur ajoutée affinés par des savoir-faire irremplaçables. L’usine c’est aussi la garantie de notre indépendance nationale, la force du budget communal, l’existence de la sous-traitance, du commerce, de l’artisanat, des services publics qui lui sont liés depuis toujours.

C’est enfin un siècle de mémoire et de conquis sociaux arrachés par de justes colères pour un peu de dignité. Des conventions collectives décentes, des lois sociales et un code du travail à hauteur d’hommes, à l’image de celles qu’un de nos grands anciens comme Ambroise Croizat, né à cent mètres d’ici, fils de cette même usine, nous a donné.

Que veulent-ils ceux qui cassent, ceux qui nous privent d’avenir sans autre raison qu’un profit encore plus grand, plus immédiat ? Nous refusons que notre vallée devienne un pays d’errance, de désespérance, de portes fermées, de tôles rouillées à quatre mois d’espérance de vie. Nous refusons que notre pays devienne un parking de chômeurs au pied d’une montagne de luxe.

Ensemble, unis, nous nous battrons avec la dernière énergie pour que notre vallée reste ce que nos aînés, par leur abnégation, leur combat au quotidien ont voulu qu’elle soit : un pays à vivre et à aimer. Parce que nous le savons, rien n’est plus beau qu’une main d’humain quand elle sert à quelque chose… DEMAIN….

Alors mes amis, debout, debout… !

Michel Etiévent


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