Réforme du collège : en finir avec le « collège unique » pour imposer « l’école du socle »

samedi 25 avril 2015.
 

Le rouleau compresseur est lancé. Une nouvelle fois, le Ministère de l’Education nationale procède à un passage en force pour imposer sa réforme. Fortement contesté dans les établissements et par une intersyndicale majoritaire, ce projet vise à envoyer aux oubliettes le collège unique. Son but : la mise en place de l’école du socle, une école transmettant des compétences utilitaristes, répondant aux besoins du marché du travail. Comment le Ministère s’y prend-il ?

1. Sous couvert d’innovation sont introduits des enseignements pluridisciplinaires. Si l’idée est alléchante, plusieurs problèmes se posent. Aucun moyen supplémentaire n’est prévu pour permettre aux enseignant-e-s de se concerter et de préparer leur intervention en commun dans ces projets transversaux. Pour les mettre en place, les horaires disciplinaires réglementaires sont amputées de 20% et des options sont amenées à disparaître (langues anciennes, classes européennes et bilingues).

2.Les enseignant-e-s ne sont pas formé-e-s à ces enseignements pluridisciplinaires et la dégradation des conditions de formation laisse présager le pire. Cela revient à une véritable dénaturation du métier, les enseignant-e-s pouvant être appelé-e-s à enseigner d’autres disciplines que leur spécialité, dans le cadre de pôles disciplinaires globalisés (SVT, physique-chimie et technologie en 6°).

3.L’autonomie des établissements serait renforcée dans l’organisation des horaires d’enseignement. C’est au sein des instances (non élues) de l’établissement que serait défini à la place de quelles heures disciplinaires seraient organisés les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires). De plus, la possibilité laissée de moduler les horaires des élèves sur plusieurs années entraînerait de fortes inégalités entre établissements. Cette logique de déréglementation vise à mettre fin à tout cadrage national. Les inégalités entre les élèves, déjà fortes sur le territoire, se trouveraient accrues, tandis que les établissements entreraient dans une logique de concurrence entre eux.

4.Cette « liberté » accordée au local accentuerait considérablement le pouvoir des chefs d’établissements et des hiérarchies intermédiaires. La caporalisation des équipes entrainerait une profonde dégradation des conditions de travail des personnels, soumis à toujours plus de pressions internes, dans un contexte de développement de la précarité, ainsi qu’une perte de contrôle sur ce qui fait aujourd’hui le cœur de leur métier.

5. Cette réforme est à mettre en cohérence avec la batterie de celles qui l’ont précédée. Les nouveaux statuts des personnels permettront aux chefs d’établissements d’imposer des missions définies localement. Des indemnités viendront récompenser les plus zélé-e-s pour leur service de « coordination » des enseignements. Les nouveaux programmes, qui ne seraient plus définis par année scolaire mais par cycle, suivent cette logique de déréglementation des enseignements. Enfin, car c’est bien l’objectif de la réforme : le nouveau socle de compétences définit l’ensemble des compétences que chaque élève doit acquérir à la fin du collège.

Ce projet attaque donc les horaires et les programmes nationaux, pour revoir toutes les exigences à la baisse. Il vise à mettre en place ce qui a échoué au lycée : l’application d’une politique néo-libérale au secteur de l’éducation. Il va à l’encontre de l’égalité de traitement entre élèves et de l’émancipation des jeunes. Il est à rejeter et à combattre. Un mouvement massif de la communauté éducative et des parents d’élèves, avec le soutien plus large de citoyen-ne-s et d’élu-e-s, doit s’organiser pour faire reculer le gouvernement, obtenir le retrait de cette réforme( et porter un projet d’école émancipatrice pour tou-te-s les élèves).

La journée de grève et de mobilisation du 19 mai appelée par l’intersyndicale SNES-FSU, CGT, SUD, FO et SNALC doit être un premier pas dans ce sens.

La lutte contre ce projet de réforme néo-libérale doit aussi être l’occasion de porter un projet d’école réellement émancipatrice pour tou-te-s les élèves. Partout où c’est possible, rencontrons nous, débattons, personnels de l’Education Nationale, usagers du service public, citoyen-ne-s, élu-e-s, de l’école que nous voulons, par exemple à travers l’organisation de forums citoyens locaux.

Anna Gramm


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