Les allergies, un mal en plein essor

lundi 17 août 2015.
 

D’origine alimentaire ou respiratoire, elles pourraient toucher une personne sur deux en 2050, alerte l’OMS.

C’est un petit calvaire quotidien pour environ un tiers de la ­population française  : nez bouché, yeux qui piquent, respiration altérée… Les phénomènes allergiques, en pleine explosion en ce début de printemps, ne cessent de progresser année après année, embouteillant les cabinets des pneumologues et compliquant singulièrement la vie des intéressés. «  À cette période de l’année, je suis en permanence avec une grande boîte de mouchoirs à côté de moi, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C’est un calvaire  », témoigne Anna, une jeune ­lycéenne du Val-de-Marne, asthmatique depuis plus de dix ans. «  L’an dernier, j’ai dû passer un mois entier sous cortisone  », raconte aussi Inès, la trentaine, qui regrette de ne pas avoir pu faire les tests adéquats pour déterminer précisément l’origine de ses tourments.

Un gigantesque marché 
pour les industriels

Hier largement minoritaire dans la population, le nombre d’allergiques a été multiplié par deux sur les vingt dernières années. À ce rythme, alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS), «  la moitié de la population occidentale  » pourrait être concernée d’ici 2050 par ces pathologies (d’origine respiratoire ou alimentaire), déjà classées au quatrième rang des ­maladies chroniques dans le monde. Un «  mal du siècle  » qui représente aussi un gigantesque marché pour les industriels. Une grande marque de mouchoirs jetables vient ainsi de sortir son produit «  spécial allergiques  » quand d’autres entreprises du secteur alimentaire surfent allègrement sur la mode – encore mal évaluée – du «  sans gluten  ». Mais au fait, comment expliquer la hausse spectaculaire de ces phénomènes  ? L’hérédité semble être un premier facteur puisqu’on estime qu’un enfant dont les deux parents sont allergiques a 60 % de risque de le devenir à son tour. Mais ce sont surtout nos modes de vie, et ­singulièrement notre exposition quasi permanente à la pollution atmosphérique, qui pourraient avoir créé un terreau particulièrement favorable, en multipliant la «  puissance  » des pollens. Autre raison avancée  : le temps passé (en moyenne de vingt-deux heures sur vingt-quatre) dans des endroits clos, souvent mal ventilés, où prolifèrent les acariens. Le développement de l’alimentation industrielle est aussi cité par plusieurs spécialistes.

Quasi absent du texte initial de la dernière loi de santé, le sujet y a été réintégré in extremis, à la faveur d’un amendement des députés PS Gérard Bapt et Catherine Lemorton, prévoyant une «  surveillance renforcée  » des ­pollens et moisissures contenus dans l’air extérieur. Un peu court sans doute pour s’attaquer vraiment à un fléau encore considéré avec trop de ­désinvolture.

Alexandre Fache, L’Humanité


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