2 mai 2014 Les fascistes ukrainiens incendient la Maison des Syndicats d’Odessa

dimanche 2 mai 2021.
 

“Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde” – Bertolt Brecht

A) 2 mai 2014 : Réveil de la bête immonde à Odessa

Il y a un an, le 2 mai 2014, les nazis de Svoboda, de Pravi Sektor et d’autres groupes fascistes massacraient et brûlaient 43 citoyens ukrainiens dans la maison des syndicats d’Odessa.

Ce crime a été perpétré sous la supervision d’Andriy Paroubiy, alors chef du Conseil de sécurité nationale et de la défense d’Ukraine, et de Dmytri Yarosh, son bras droit dans cette instance et leader de Pravi Sektor – ceux-là mêmes qui avaient dirigé les opérations militaires sur le Maïdan du côté des “révolutionnaires pro-UE”.

43, c’est le chiffre officiel – mais il faut y ajouter les disparus et des dizaines et des dizaines de blessés.

Ces 43 Ukrainiens, hommes et femmes, qualifiés de “pro-russes”, n’ont pas été simplement assassinés, mais massacrés des manières les plus atroces qui soient, puis brûlés, certains vifs.

Cela s’est fait dans le silence assourdissant de l’Europe officielle et des chancelleries occidentales.

Pourtant avant les événements du Maïdan, l’UE semblait encore avoir quelque bon sens ; ainsi dans la résolution du parlement européen du 13 décembre 2012 pouvait-on lire à l’article 8 : “(le Parlement Européen) s’inquiète de la montée du sentiment nationaliste en Ukraine, qui s’est traduit par le soutien apporté au parti « Svoboda », lequel se trouve ainsi être l’un des deux nouveaux partis à faire son entrée à la Verkhovna Rada ; rappelle que les opinions racistes, antisémites et xénophobes sont contraires aux valeurs et principes fondamentaux de l’Union européenne et, par conséquent, invite les partis démocratiques siégeant à la Verkhovna Rada à ne pas s’associer avec ce parti, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier”.

Vœux pieux bien vite balayés sous le tapis. Silence alors, silence aujourd’hui.

Pire, le boutefeu Bernard Henri-Lévy osait l’affront ultime en choisissant Odessa pour y jouer la première de sa pathétique pièce de théâtre ”Hôtel Europe”, véritable ode propagandiste au service des Etats-Unis et de l’UE.

L’Ukraine replonge dans les pires moments de son histoire

A ce jour, aucune enquête officielle n’a été organisée par le gouvernement ukrainien. Les coupables sont en liberté et ailleurs tuent, lynchent, menacent… et pour cause, on ne saurait punir les nervis d’extrême droite qui ont assuré le putsch pour le régime actuellement au pouvoir à Kiev. La répression d’Etat s’est au contraire abattue sur les survivants du massacre – certains sont en prison –, leurs familles qui légitimement demandent des comptes, les opposants à Porochenko et à Yatseniouk.

Afin de préparer comme il se doit ce terrible anniversaire, près de 50 opposants ont été arrêtés le mois dernier à Odessa par le SBU (service de sécurité ukrainien). Un peu partout en Ukraine sont interdites les manifestations du 1er mai et du 9 mai (victoire sur le nazisme) – de manière euphémisée en “interdisant toutes manifestations jusqu’au 10 mai”, comme cela a été fait par les autorités de Kharkov.

Le Parti Communiste d’Ukraine est interdit. Partout en Ukraine les mêmes vermines nazies commettent des exactions, des lynchages, assassinent journalistes, élus ou simples citoyens. Une étonnante vague de suicides frappe les opposants au régime de Kiev. La guerre civile à l’est de l’Ukraine a déjà causé la mort de plus de 6 000 morts civils et provoqué un million de réfugiés (dont 92% en Russie et ses pays satellites).

Aujourd’hui en Ukraine, les nazis font la pluie et le beau temps, contrairement à ce que veulent faire croire quelques “experts” en France, gênés aux entournures par tous ces crimes. Ainsi, récemment, Dmitry Yarosh a été nommé conseiller spécial du chef d’état-major de l’armée ukrainienne. Les bataillons nazis sont le fer de lance de l’opération “anti-terroriste” lancée par Kiev contre ses propres citoyens, et quand Kiev fait mine de les faire rentrer dans le rang, les nazis menacent… de brûler le bâtiment de l’administration présidentielle.

La réhabilitation des fascistes en Europe

Toutes ces horreurs ont été possibles parce qu’il y a un an, les démocraties occidentales, la France en premier lieu, se sont fourvoyées en soutenant le nauséabond régime de Kiev contre vents et marées.

Le 2 mai 2014, dès que l’odieux massacre d’Odessa a été connu du monde, la France, patrie des droits de l’homme, aurait dû tenir le rang qui est le sien en Europe et dans le monde en affirmant que de tels agissements sont inacceptables. François Hollande, s’il avait été un chef d’Etat soucieux de la grandeur de son pays et de la paix en Europe, aurait dû exiger une enquête internationale sur cet évènement comme sur les exécutions perpétrées sur le Maïdan !

Si alors la France avait agi avec fermeté sans obéir aux injonctions étasuniennes et allemandes, la suite des événements eût peut-être été moins tragique pour l’Ukraine ; peut-être la terrible guerre civile qui se développe aurait-elle été évitée.

Loin de là, c’est non seulement le silence, mais le soutien coupable qui a primé. Les nazis se sentent pousser des ailes et agissent comme bon leur semble. Pire encore, la garde étant baissée, cette attitude incompréhensible à la veille du 70ème anniversaire de la victoire sur le IIIème Reich favorise la réhabilitation des fascistes dans toute l’Europe. Cette situation est soutenue par le raisonnement manichéen des médias : les Ukrainiens pro-UE ne peuvent être que “bons” même s’ils massacrent des civils en arborant des croix gammées.

Tout cela va de pair avec la tentative de la discréditation du rôle de l’URSS dans la victoire contre le IIIème Reich. En effet, la Haute chambre d’Ukraine (La Verhovna Rada) a récemment réhabilité l’OUN (l’organisation des nationalistes d’Ukraine) et l’UPA (l’armée insurrectionnelle ukrainienne), groupes paramilitaires ayant collaboré et combattu avec les nazis, et massacré la quasi-totalité des Juifs d’Ukraine. La Rada a même érigé Roman Choukhevytch, chef de l’OUN, en héros national de l’Ukraine.

Le silence de la France permet également aux armées étasuniennes de s’installer sans vergogne en Ukraine en y implantant de facto l’OTAN malgré le risque de conflit potentiellement grave que cela représente avec la Russie. Il permet enfin à l’Allemagne de Merkel d’étendre son empire économique sur la Mitteleuropa en rachetant à bas coût les entreprises ukrainiennes.

Hommage aux victimes du fascisme.

Résistance !

No Pasaran !

Djordje Kuzmanovic, membre du bureau national du PG, responsable national pour les questions de défense

B) Ukraine Elena Radzikovskaïa, en quête de la vérité sur la mort de son fils

Andreï Brajevski, ingénieur de 27 ans, est décédé dans l’incendie 
de la Maison des syndicats, à Odessa, le 2 mai 2014. À 60 ans, 
sa mère se bat depuis plus d’un an pour qu’une enquête indépendante s’ouvre enfin.

Le long des côtes de la mer Noire, la cité impériale d’Odessa a gardé son attrait. Le conflit qui frappe l’Ukraine n’a que peu de prise au premier abord sur l’un des plus importants ports marchands du pays. Les touristes continuent d’affluer par milliers pour profiter des charmes de la métropole fondée par l’impératrice Catherine II, au XVIIIe siècle. Dans le centre, la cicatrice des affrontements (7 000 morts) qui secoue la jeune République depuis le printemps 2014 apparaît distinctement dans le quartier de la gare. L’immeuble de la Maison des syndicats dévoile les stigmates du drame. Devant l’immense bâtiment noirci, des bouquets de fleurs sont déposés quotidiennement devant les portraits des quelques victimes. Parmi les 50 morts, le fils d’Elena Radzikovskaïa, Andreï Brajevski, un jeune ingénieur, qui militait auprès de l’organisation de gauche, anarchiste Borotba, âgé de 27 ans. « Il protestait avec de nombreux jeunes, des journalistes, des syndicalistes, des étudiants, des enseignants contre le coup d’État et les premières mesures du gouvernement Iatseniouk. Un campement avait même été dressé réunissant des centaines de personnes anti-Maïdan et un autre pro-Maïdan. Des provocations ont eu lieu à plusieurs reprises jusqu’aux violents affrontements qui ont éclaté en marge de la rencontre de football entre le Metalist de Kharkov et le club local, Tchornomorets », raconte Elena. Après une longue pause, elle reprend. « Aujourd’hui encore, cela m’apparaît inimaginable. Comment un tel drame a pu survenir dans notre cité  ?… Et nous ne savons toujours pas exactement combien de nos proches, amis, camarades, collègues sont morts ce jour-là. Selon les témoignages que nous avons pu recueillir, ils sont plus d’une soixantaine à avoir péri le 2 mai », explique-t-elle.

Cette professeure d’histoire à l’université se bat désormais pour que justice soit rendue et poursuit des actions au sein du Collectif pour la paix en Ukraine. La soixantaine,
Elena n’a jamais caché ses opinions et sa défiance vis-à-vis des nouvelles autorités ukrainiennes qui ont pris le pouvoir, en février 2014. « Comme beaucoup, j’émettais quelques doutes vis-à-vis de ce mouvement de contestation sur la place Maïdan à Kiev et sa récupération politique. Nous avions déjà assisté au même scénario il y a dix ans avec la révolution orange. L’Europe n’a jamais rien fait pour aider à lutter contre la corruption ou les inégalités. Bien au contraire », estime en remettant ses lunettes cette proche du Parti communiste, où elle a milité durant des années.

Les interrogations autour 
de cet incendie criminel demeurent

Le collectif cherche à obtenir l’ouverture d’une enquête officielle, sillonnant l’Europe pour trouver des soutiens auprès des médias, des partis politiques, des syndicats, des associations de défense des droits de l’homme. Sur place, l’ouverture d’une investigation indépendante est compliquée. Les interrogations autour de cet incendie criminel demeurent. Simple dérapage, règlement de comptes entre hooligans, crime politique… Tout le monde a son avis. Mais la discussion peut rapidement dégénérer, révélant les positions antagonistes bien entretenues par les médias gouvernementaux et russes. « C’est pour cela que nous réclamons une enquête indépendante. Malgré les menaces et les violences, nous avons poursuivi notre collecte d’informations. Même si de plus en plus de gens craignent de venir témoigner au tribunal, par crainte de représailles des forces fascistes comme Praviy Sektor. »

La colère et l’incompréhension des familles demeurent intactes  : comment des affrontements ont-ils pu éclater en plein cœur de la ville et terminer par un incendie sans aucune intervention des forces de l’ordre  ? «  Ils s’en sont pris aux manifestants pacifiques – retraités, journalistes, syndicalistes, militants communistes, enseignants, écologistes – qui défendaient entre autres une option fédérale. Malgré des preuves matérielles nombreuses, des témoignages, on nous interdit de poursuivre en justice les responsables. Pire, certains d’entre eux participent actuellement à la vie politique de notre pays… Voilà notre belle démocratie qui favorise la montée de la haine et fracture notre société », analyse Elena, qui vit dans l’inquiétude de se faire arrêter ou attaquer par des membres de Praviy Sektor.

La tragédie du 2 mai a constitué un véritable tournant en Ukraine en accélérant la fragmentation de la société et la polarisation des positions qui contribuera au début du conflit dans le Donbass. À Odessa, les rassemblements de l’opposition se font plus rares, par crainte de représailles en étant accusés de terrorisme ou de séparatisme. L’intervention militaire menée par Kiev depuis avril 2014 dans l’est du pays se nomme « opération antiterroriste ». « Le pouvoir peut ainsi cibler toute force alternative, parler d’éléments étrangers. Mais je ne suis ni séparatiste, ni terroriste. Je veux faire entendre une opinion différente qui le dérange. Comment peut-on tuer des gens pour une opinion différente ? Le silence autour de ce drame est le plus détestable. L’Europe et ses dirigeants, si prompts à défendre les droits de l’homme, que font-ils pour les victimes d’Odessa et de cette guerre fratricide ? »


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