Ne laissons pas assassiner la civilisation grecque !

dimanche 17 mai 2015.
 

A) Non aux chantages – Le mandant du peuple grec est une valeur non négociable

Déclaration du Secrétariat politique de Syriza

Le Secrétariat politique de SYRIZA s’est réuni aujourd’hui et les participants ont, à l’unanimité, souligné que « les lignes rouges du gouvernement sont aussi les lignes rouges du peuple grec. Elles sont indispensables pour sortir de la crise en termes de justice sociale et de développement ».

Dans la réunion, le Secrétariat politique de SYRIZA est parvenu unanimement aux conclusions suivantes :

1. Le gouvernement, fidèle au mandat populaire du 25 janvier d’abolir la politique mémorandaire et austéritaire, défend les intérêts du pays, la souveraineté populaire et la démocratie.

Il défend le droit inaliénable du peuple grec de décider de son propre destin.

2. Depuis l’accord du 20 février, les prêteurs, soutenus par certains médias nationaux et internationauxont essayé de désintégrer le difficile compromis obtenu et de faire chanter le nouveau gouvernement afin de mettre en œuvre ceux pour lesquels le gouvernement Samaras a été rejeté par les électeurs.

3. Les lignes rouges du gouvernement sont aussi les lignes rouges du peuple grec. Elles sont indispensables pour sortir de la crise en termes de justice sociale et de développement. Les efforts issus tant des cycles extrêmes de prêteurs que de l’establishment intérieur mémorandaire ils sont inconcevables, Ils veulent saper les efforts du gouvernement pour une solution viable et de le faire chanter afin de mettre en œuvre des nouvelles mesures d’austérité et de récession qui appauvrissent la société.

4. SYRIZA est aux côtés du gouvernement, comme elle le fait la majorité des citoyens quelle que soit leur appartenance politique. Nous voulons que le peuple participe aux évolutions, continue à lutter et défende ses droits. Nous voulons que les gens participent aux questions qui les concernent, car ce sont eux qui vont déterminer l’avenir du pays.

5. SYRIZA lance un appel de collaboration et de lutte commune vers toutes les forces progressistes, sociales et politiques d’Europe, qui sont opposées à la stratégie néolibérale et austéritaire. Contre les chantages et les pressions, nous proposons la solidarité et la démocratie.

Déclaration du Secrétariat politique de Syriza, le 5 mai 2015.

B) La Grèce, cela nous concerne

par Patrick Le Hyaric, eurodéputé Front de Gauche

Les milieux d’affaires internationaux veulent démontrer qu’aucune politique alternative n’est possible. Ils souhaitent désormais, à haute voix, éjecter la Grèce de la zone euro pour empêcher tout débat sur une transformation progressiste de la monnaie et de la Banque centrale européennes.

Ce qui se passe en Grèce ­ les pressions qu’elle subit ­ concerne chacune et chacun d’entre nous. Ce dont il s’agit d’abord, c’est du droit pour un peuple, au sein de l’Union européenne, de choisir une autre politique que celle de l’austérité, du chômage et de la régression sociale qu’imposent, ensemble, institutions internationales et européennes, fonds financiers et banques avec les droites et les socialistes mués en soutiens zélés de l’oligarchie. Les mêmes avaient rejeté les « non » français et néerlandais, au projet de traité constitutionnel européen. Ils ne supportent pas le vote émis par le peuple grec le 25 janvier dernier, ni le gouvernement qu’il s’est donné. Celui-ci est sans cesse vilipendé, moqué, contourné et mis sous pression parce qu’il présente un programme nouveau plus favorable aux travailleurs, aux retraités, aux familles populaires et aux créateurs.

Un raisonnement simple permet de comprendre que ce changement de cap est bien nécessaire parce que toutes les recettes précédentes ont échoué. Elles n’ont permis ni la réduction de la dette, ni d’améliorer l’efficacité économique, les conditions de vie des familles. Que les vautours de la finance et leurs affidés dans les institutions osent donc dire ouvertement qu’ils s’opposent à la loi humanitaire votée par le Parlement grec qui rétablit l’électricité dans les foyers et met en place une aide alimentaire ! Qu’ils disent ouvertement qu’ils refusent les réembauches de quelque 4 000 salariés des secteurs publics et la mise en place d’un salaire minimum ! Qu’ils s’élèvent publiquement contre la réouverture de la télévision publique !

Jamais, sous les gouvernements précédents, le versement des tranches de prêt n’était conditionné à la lutte contre la fraude fiscale et la corruption, mais toujours à la baisse des salaires, des pensions de retraite et à la vente des biens communs publics de la nation. Et pour cause ! Ceux qui bénéficiaient de la fraude et de la corruption se trouvent dans cette oligarchie. Que les autorités européennes et le Fonds monétaire international livrent au public ce que ces profiteurs exigent réellement de la Grèce. Cette vérité éclairera les consciences. Qu’ils disent que le nouveau gouvernement grec a déjà honoré cette année 7 milliards d’euros en remboursement et versement d’intérêts. Et qu’ils disent aussi que depuis le mois d’août 2014, l’État grec n’a touché aucun centime d’aucune institution. Et les 10 milliards d’euros exigés au pays d’ici la fin de l’été le placent dans une situation très critique.

L’objectif pour les puissances dominantes est bien de faire plier le gouvernement grec, jusqu’à l’épuisement des liquidités budgétaires dont dispose l’État, pour obtenir soit plus de compromis défavorables aux travailleurs et à leurs familles, soit la capitulation. Déjà, le gouvernement a été contraint de prendre les liquidités des collectivités locales et de différents organismes publics. Dans les deux cas, le sabordage de l’économie qui empêche tout projet d’avenir vise à faire chuter le gouvernement de gauche. Une autre méthode que celle employée au Chili contre le gouvernement de Salvador Allende, présentée comme plus... légale !

Les milieux d’affaires internationaux veulent démontrer qu’aucune politique alternative n’est possible. Ils souhaitent désormais, à haute voix, éjecter la Grèce de la zone euro pour empêcher tout débat sur une transformation progressiste de la monnaie et de la Banque centrale européennes. Ils veulent poursuivre la contre-révolution antiprogressiste entamée depuis deux décennies et modifier profondément le spectre politique, afin d’éliminer, dans tous les pays, les gauches de transformation sociale et écologique. Le fait que le magazine « Time », dans un classement annuel, ait désigné Mme Le Pen comme personnalité française de l’année en dit long, très long sur leur projet.

DE NOMBREUX PAYS ONT BÉNÉFICIÉ D’EFFACEMENT DE DETTES DONT L’ALLEMAGNE, QUI DOIT TOUJOURS À LA GRÈCE AU MOINS 13 MILLIARDS.

Raison de plus de ne pas laisser faire, d’alerter, de provoquer des débats et des initiatives de solidarité. Une occasion est donnée avec la réussite du Forum européen des alternatives qui va se tenir à Paris, place de la République, les 30 et 31 mai. Ce qui est en jeu concerne nos vies quotidiennes, l’intérêt général, l’efficacité économique, les moyens de sortir de l’austérité, donc de la crise. En jeu, tout autant, le droit pour chaque peuple de choisir son destin et de pouvoir compter sur une Union européenne qui y contribue au lieu de s’y opposer. Derrière cette question, il y a celle des « dettes » imposées dans le débat public par ceux qui en profitent allègrement. Ainsi l’essentiel de la progression de la dette française durant le précédent quinquennat ­ soit 600 milliards d’euros ­ est le résultat du soutien aux banques. Elle grossit sous l’effet des taux d’intérêt exorbitants que paie l’État à ces mêmes banques ou fonds financiers qu’il a contribué à sauver. La dette grecque est le résultat de multiples actions telles que le paiement de lourds emprunts pour le financement des jeux Olympiques, les contrats d’achat d’armes inutiles à la France et l’Allemagne, des taux d’intérêt très élevés versés aux banques françaises et allemandes, la fraude fiscale profitant essentiellement aux richissimes familles.

La décision d’installer à Athènes « une commission pour la vérité de la dette grecque » est donc une importante initiative à soutenir. Elle devrait être doublée d’une conférence européenne sur les dettes dans l’Union européenne pour faire la clarté sur leur nature, leur part illégitime et les moyens d’en sortir.

De nombreux pays ont bénéficié d’effacement de dettes. Ne serait-ce que l’Allemagne, en 1953 à l’occasion de la conférence de Londres. Et son président vient lui-même d’évoquer, pour la première fois, la dette d’au moins 13 milliards d’euros que l’Allemagne continue de devoir à la Grèce du fait d’un crédit forcé que le pouvoir hitlérien avait contracté auprès de la banque nationale grecque en 1942, auquel il faudrait ajouter les réparations pour crime de guerre jamais honorées.

Voilà une brèche ouverte qui donne raison à Alexis Tsipras. Ne laissons pas les banquiers et l’oligarchie écraser le pays d’Homère, d’Hérode, de Xénophon, Démocrite, Procope, Ritsos, Séféris et Elytis. Nous sommes concernés.

C) Tout faire pour que la Grèce de 2015 ne soit pas laissée seule comme l’a été la République Espagnole en 1936 !

par Yorgos MITRALIAS, gauche de Syrisa

Comme on pouvait le prévoir, « ceux d’en haut » qui dirigent l’UE mènent déjà une guerre sans merci contre le gouvernement Tsipras dont ils souhaitent la « neutralisation », sinon le renversement pur et simple ! La raison est évidente : un tel gouvernement anti-austérité doit disparaitre car il risque à tout moment de faire des émules de par l’Europe, ce qui mettrait en danger de mort la -fragile et de plus en plus contestée- domination des politiques néolibérales et de leurs inspirateurs presque partout sur notre vieux continent…

En effet, de jour en jour se multiplient les indices, sinon les preuves, d’un plan en cours de réalisation qui vise à rendre le nouveau gouvernement grec inopérant. Comment ? En le condamnant d’avance à l’échec. D’un cote, les « partenaires européens » font tout pour étrangler financièrement le gouvernement Tsipras mais aussi la Grèce toute entière. Comme le répète à satiété Mr. Schäuble (qui fait penser de plus en plus à un Dr. Folamour de nos jours), « pas un euro ne sera débloqué à la Grèce » tant que son gouvernement persiste à ne pas appliquer scrupuleusement les mesures imposées par le Mémorandum précédent ! Détail éloquent : Les électeurs grecs ont porté –triomphalement- Syriza au pouvoir parce que Tsipras et son parti ont promis de faire exactement le contraire de ce que leur demandent maintenant le ministre allemand et les autres « partenaires européens » : « Déchirer les Mémoranda » et ne plus suivre les politiques d’austérité…

De l’autre cote, et non moins grave, depuis des semaines est en cours une véritable campagne de déstabilisation systématique et méthodique visant à faire taire, voir a détruire, toute voix radicale de gauche au sein du gouvernement Tsipras. Evidemment, ce n’est pas un hasard si cette campagne d’une rare violence est menée conjointement en Grèce et au niveau européen, par des grands medias (quotidiens, chaines TV,…) secondés par l’ensemble des partis bourgeois grecs et les deux grands partis néolibéraux européens, le Parti Populaire et le parti Social-démocrate et la plupart de leurs composantes nationales.

Sans vouloir sous-estimer l’acharnement dont ont été ou continuent à être victimes la ministre suppléante aux Finances Nadia Valavani et surtout le ministre suppléant de la Reforme Administrative Georges Katrougalos, la principale bête noire de cette campagne est « évidemment » Zoé Konstantopoulou, la Présidente du Parlement grec qui émerge déjà comme une figure de proue de la gauche radicale grecque. Nous avons dit « évidemment » car il faut avouer que cette jeune femme non seulement ne mâche jamais ses mots quand il s’agit p.ex. de nommer les responsables des grands scandales de corruption, mais elle a aussi l’habitude de taper très fort en passant aux actes : En l’espace de 4-5 dernières semaines, elle vient de constituer : Une première commission d’enquête pour identifier qui et comment ont conduit les Grecs à la catastrophe de la Troika et des Memoranda. Une deuxième commission de revendication des réparations de guerre allemandes, de la restitution des antiquités volées par l’occupant nazi ainsi que le remboursement de l’emprunt obligatoire grec au Troisième Reich (grâce auquel a été financée, entre autres, la campagne du général Rommel en Afrique du Nord). Et surtout, une troisième commission d’audit de la dette publique grecque, coordonnée par le porte-parole du CADTM Eric Toussaint !

Une telle activité non seulement débordante mais aussi iconoclaste car inédite vue qu’elle vise le cœur du système, ne pouvait que soulever la colère des serviteurs de ce système (medias, partis bourgeois, alliés étrangers, institutions d’état,…) d’autant plus que la Présidente du Parlement complétait son profil de Robespierre radical et intraitable en faisant réunir pendant quelques heures à l’assemblée nationale les associations des immigrés sans papiers et des homosexuels ou en déclarant (à Nicosie et en présence des autorités chypriotes !) qu’elle allait prendre des initiatives pour résoudre la très épineuse question chypriote en prenant appui sur les actions des citoyens chypriotes grecs et…turcs ! Rien d’étonnant alors que la campagne de dénigrement contre Zoé Konstantopoulou bat son plein, allant même à la présenter comme « folle » et demandant expressément sa tète, c.à.d. sa destitution.

Par contre, ce qui est étonnant c’est qu’à cette campagne des grands medias et de la « caste » grecque (l’ensemble des chaines de TV et des partis d’opposition, y inclus le Parti Communiste) prennent aussi part des medias très proches au gouvernement et à Syriza ! L’explication n’est pas difficile et nous conduit directement au cœur de l’actuel puzzle grec : Des initiatives radicales et de classe comme celles prises par la Présidente du Parlement grec sont mal vues car elles empêchent de tourner en rond au moment où la majorité de Syriza et le gouvernement Tsipras persistent dans leur angélisme et continuent à prêcher (pourtant dans le désert) en faveur des accords et des solutions « mutuellement bénéfiques » même quand les « partenaires européens » ne cachent plus leur intention de faire taire la « cacophonie grecque » !

Heureusement, il y a d’abord la société grecque qui, malgré toutes les difficultés et même les « hésitations » du gouvernement, lui apporte toujours un appui qu’on pourrait qualifier de phénoménal : Selon tous les sondages, plus de 65%-70% des Grecs soutiennent la gestion du nouveau gouvernement et plus de 75% appuient le premier ministre Alexis Tsipras ! Et fait encore plus éloquent, au moins 41% (selon d’autres sondages, 45% ou même 48%) des Grecs voteraient demain en faveur de Syriza quand ils ne seraient que 18%-21% qui préféreraient la droite de Nouvelle Démocratie, et moins de 3% la social-démocratie du PASOK ! Cependant, attention : la société grecque est depuis 4-5 ans un vrai clone de celle de Weimar (1)​ et la situation est telle que même les dirigeants de Syriza et du gouvernement, en commençant pa​r​ Alexis Tsipras lui-même, ne cachent pas que cet état de grâce pourrait fondre en un temps record. Et très probablement en faveur non pas des partis (N.D-Pasok) que l’immense majorité de la population vient d’abandonner, mais en faveur de la toujours présente et bien enracinée Aube Dorée néo-nazie.

Si on peut être optimistes pour la suite des événements, ou plutôt moins pessimistes vue la toujours grandissante menace d’extrême droite et fasciste qui plane au-dessus de l’Europe, on le doit à des initiatives tels que la création de la commission d’audit de la dette grecque prise par des dirigeants de la gauche radicale tels que Zoe Konstantopoulou. Cette initiative qui jouit de l’appui de la grande majorité de la population, pourrait et devrait servir de point de ralliement de tous ceux et celles en Europe qui rejettent l’austérité, veulent se libérer du fardeau de la dette et sont prêts à résister à la véritable guerre menée par les nantis contre l’immense majorité des citoyens européens. C’est d’ailleurs parce que la dette se trouve à la racine de tous nos problèmes et parce que son audit citoyen possède une dynamique pouvant aller très loin dans la contestation de ce système économique barbare, que la création de la commission d’audit de la dette grecque voit déjà se coaliser contre elle, tant en Grèce qu’en Europe, tout le gotha de cette Sainte-Alliance de plus en plus autoritaire et antidémocratique qui nous gouverne.

Encore une fois, ceux d’en haut voient juste et se préparent à défendre leurs intérêts de classe par tous les moyens. C’est donc à nous, aux millions de ceux d’en bas de par l’Europe de faire de même, en nous coalisant à notre tour pour défendre cette Grèce qui saigne mais qui résiste contre vents et marées. En somme, tout faire pour ne pas répéter les tragiques expériences du passé : la Grèce de 2015 ne doit pas être laissée seule face à ses bourreaux, comme l’a été la République Espagnole ​en​ 1936 face au fascisme triomphant…

Yorgos Mitralias, Athènes, 25-03-2015

(1) La société grecque de ces 4-5 derniers ans, comme d’ailleurs la République de Weimar allemande de l’entre deux-guerres, se caractérise par l’effondrement des classes moyennes et surtout par un mouvement de pendule d’un extrême politique à l’autre des pans entiers de la population à la recherche des solutions radicales à ses très graves problèmes.

D) BRAS DE FER UE – GRÈCE : QUE FAIT LA FRANCE ?

Francis Wurtz

Les jours passent sans que rien ne bouge du côté des dirigeants européens pour débloquer enfin les crédits promis à la Grèce le 20 février dernier . La condition du règlement de cette mesure d’urgence était la présentation d’un programme de « réformes » à même d’augmenter les recettes de l’Etat. Or, malgré la production successive par Athènes de quatre ou cinq moutures des mesures envisagées et dont la pertinence n’est pas contestable -telles la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, la hausse des taxes sur le tabac et les jeux ou l’amélioration de la collecte de la TVA- , les négociations n’avancent pas. Il est vrai que deux « réformes » chères aux orthodoxes de l’Europe libérale ne figurent pas sur les listes produites par les responsables grecs : celle des retraites et celle du marché du travail …Faut-il rappeler à Bruxelles qu’il y a eu des élections en Grèce, qui ont exprimé une irrépressible exigence de changement ?

Le 11 mai prochain, les ministres des finances de l’ « Eurogroupe » se réunissent à nouveau. Rien ne filtre sur leurs intentions, mais elles sont aisées à deviner. Ils spéculent sur le stress qu’est censé provoquer au sein de l’équipe gouvernementale grecque le fait que, le lendemain, le Fonds monétaire international lui réclamera le remboursement de 750 millions d’euros, alors que , faute d’apports financiers indispensables, les caisses de l’Etat sont vides. Ils espèrent une fois encore que le chantage au « défaut » suffira pour amener Athènes à résipiscence. Déjà ils rappellent qu’en tout état de cause, l’actuel plan d’ « aide » s’éteindra fin juin, soit moins de trois semaines avant une lourde échéance financière : 3,5 milliards d’euros de bons du Trésor à racheter impérativement à la Banque centrale européenne. Menace de clash ou bluff ignoble ? Ce poker-menteur n’a que trop duré !

Pour certains membres de ce club de grands argentiers, les intentions semblent claires . On connaît en particulier le but poursuivi par le diabolique ministre allemand. Une récente confidence de l’un de ses partenaires nous le confirme : « Wolfgang Schäuble, qui est un vrai conservateur, dur, sans état d’âme, veut mettre ce parti (Syrisa) à genoux pour qu’il parte ». La même indiscrétion nous conforte également dans nos convictions sur un autre point : « Les socio-démocrates ne voient pas non plus d’un très bon œil des concessions à Syrisa, car on leur reprochera de ne pas avoir obtenu la même chose pour leur pays… » (1) Dont acte. Question : où se situent la présidence et le gouvernement de la France dans ce schéma ? Suivent-ils docilement le « dur sans état d’âme » ? Verraient-ils , eux aussi, d’un mauvais œil un succès des autorités grecques conforme aux attentes de leur peuple ? Le moment ultime approche où chacun est appelé à prendre ses responsabilités. Et à se préparer à rendre des comptes sur son attitude et les conséquences qui en découleront. Pour la Grèce. Pour l’autorité future de la France , notamment dans les pays du sud de l’Europe dont elle s’affirmait naguère l’ « amie ». Pour l’avenir de l’Union européenne elle-même , qui pourrait bien ne pas survivre à une expulsion de fait de la Grèce de la zone euro et au possible « krach financier » ainsi qu’à la « débâcle politique » qui pourrait en résulter (2). Monsieur le Président, il est (juste) encore temps de vous ressaisir.

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(1) Ces propos sont attribués à Pierre Moscovici par le journaliste Jean Quatremer dans son blog (12/3/2015) . A notre connaissance, il n’y a pas eu de démenti de l’intéressé.

(2) L’expression est d’un chroniqueur peu susceptible de sympathie excessive pour Syrisa : Jean-Pierre Robin (« Le Figaro » -27/4/2015).


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