Migrants : Le "Waterloo moral" de Monsieur Badinter

lundi 21 mars 2016.
 

- B) LE « WATERLOO MORAL » DE MONSIEUR BADINTER (par Robert Mascarell, PG12)

- A) Robert Badinter : "La France n’est pas en condition d’accueillir les migrants qui viendront"

En l’espace de quelques heures, Monsieur Badinter s’est fendu de deux coups de gueule sur France Inter et à la télévision, à propos de l’accueil des migrants et du Code du travail, qui, à mes yeux, ne le grandissent pas.

Ci-après, je réagis à ces deux coups de gueule, mais également à un article paru sur le site de Marianne, ce 17 juin, justement consacré à Monsieur Badinter.

Article original : http://robertmascarell.overblog.com...

B) LE « WATERLOO MORAL » DE MONSIEUR BADINTER (par Robert Mascarell

Oui, je parle d’un véritable Waterloo moral de la part de cet homme, quelles que soient ses lettres de noblesse attachées à son passé. Non que ses constats soient inexacts en apparence, mais de cet homme si intelligent et pétri d’humanité j’attends autre chose que de s’en tenir à un simple constat.

A l’appui de sa thèse démissionnaire quant aux devoirs de la France à l’égard des migrants, Monsieur Badinter accrédite la thèse qu’en Allemagne le chômage est moins élevé qu’en France, par exemple. Les apparences lui donnent raison, mais pas la réalité, si on se donne la peine de ne pas se contenter des statistiques officielles.

La durée maximale d’indemnisation du chômage est de 24 mois en France, et même de 36 mois pour les plus de 50 ans, alors qu’en Allemagne, elle n’est que de 12 mois. Si bien qu’au terme de ces 12 mois, même si le demandeur d’emploi n’a pas retrouvé du travail, il est sorti des statistiques, il n’est plus considéré comme chômeur. C’est très flatteur pour les statistiques, mais très trompeur pour la vérité. La même démonstration peut être faite pour la Grande Bretagne, qui elle aussi se targue d’un taux de chômage inférieur à celui de notre pays.

Là où Monsieur Badinter a raison, c’est pour UN pays du Nord de l’Europe : le Danemark.

Donc, les taux de chômage comparés entre ces pays européens ne permettent en rien de justifier que la France ne puisse respecter son devoir d’humanité à l’égard des migrants du Sud.

Là où Monsieur Badinter a aussi raison, c’est de considérer que ce devoir d’humanité doit être bien réparti entre tous les pays constituant l’Union Européenne, proportionnellement à leurs moyens. Sauf qu’il entretient la fiction d’une Europe humanitaire, alors qu’elle n’est mue que par la conception de la concurrence sauvage entre tous ses membres. Conception étrangère à la solidarité. Et que le chômage, « cette inhumanité là » comme dit Monsieur Badinter, n’est que la conséquence de cette concurrence sauvage là. Ironie de l’histoire, le principe cardinal de l’Europe repose sur la concurrence libre et non faussée. Mensonge !

Monsieur Badinter, que n’utilisez-vous votre grande voix pour dénoncer cette Europe là ? Comme vous l’utilisez pour dénoncer la lourdeur du Code du travail. Là encore, si vous ne vous en teniez pas au simple constat, vous pourriez dire, vous l’immense juriste, comme je le dis en ma qualité de petit spécialiste du droit du travail, que si lourdeur du Code du travail il y a, c’est parce que les représentants du patronat ont toujours tout fait, au fil des décennies, pour l’alourdir, le complexifier sans cesse. Oui, il faut l’alléger et le simplifier, mais pas à la manière de Nicolas Sarkozy, en 2008, qui l’a au contraire rendu encore plus illisible.

Je forme le vœu que les organisations syndicales de salariés prennent au mot les tenants de l’allègement du Code du travail, pour ne pas dire de sa destruction, que l’on recrute dans tous les rangs des libéraux de droite comme de « gauche » et du MEDEF, pour effectivement travailler, de leur côté, à un allègement et à une simplification du Code du travail. Non seulement, les organisations syndicales y parviendront sans peine, mais en plus, les droits des salariés en sortiront renforcés, puisque tout ce qui alourdit inutilement le Code du travail provient des exigences patronales, dans le but d’amoindrir les protections des salariés.

Je suis prêt à collaborer à cette entreprise.

A) Robert Badinter : "La France n’est pas en condition d’accueillir les migrants qui viendront"

Ce matin sur l’antenne d’Inter, Robert Badinter l’a dit sans détour : même si "l’humanité" est "un principe qui gouverne à [ses] yeux", la France, en raison de son fort taux de chômage, n’est pas "en condition d’accueillir [les migrants] qui viendront".

Invité à évoquer son dernier livre, Le travail et la loi, co-écrit avec le professeur de droit du travail, Antoine Lyon-Caen, Robert Badinter a peut-être surpris plus d’un électeur de gauche, ce matin sur la matinale de France Inter. Et pas seulement par ses propos sur le code du travail qu’il juge bien trop touffu.

Lorsque Patrick Cohen lui demande si la France doit « ouvrir » la « porte » aux migrants qui affluent via Vintimille en Italie, il répond d’une voix posée : « Il y a un principe qui gouverne à mes yeux le reste : l’humanité d’abord. » Seulement, « une fois les mesures humanitaires prises », le « problème de l’entrée » devient rapidement une question « d’insertion » que Robert Badinter résume ainsi : « J’ai indiqué les chiffres actuels du chômage en France explique-t-il, Ce ne sont pas ceux de tous les pays de l’Europe, ce ne sont pas ceux de l’Allemagne, ce ne sont pas ceux non plus de certains pays du Nord de l’Europe. La seule possibilité, c’est une solution européenne. Qu’on répartisse, selon les possibilités de chaque pays. »

Et la France avec ses presque 6 millions de chômeurs, « c’est terrible à dire », poursuit Badinter, n’est pas « en condition d’accueillir ceux qui viendront ». « C’est aussi une conséquence du chômage, cette inhumanité là. »

Evidemment, cette fois, Cécile Duflot ne se fendra pas d’une tribune pour dénoncer le « Waterloo moral » de Badinter après avoir déjà dénoncé dans Le Monde celui du gouvernement et de sa « politique migratoire »…


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