Le poison allemand identifié depuis la Grèce

lundi 27 juillet 2015.
 

La conclusion de l’accord à propos de la Grèce est une très mauvaise nouvelle pour nous. La méthode de violence employée, le contenu inique du document, l’échec assuré en vue, la signature de notre ami Alexis Tsipras, tout cela va entièrement dans le sens inverse de ce qui serait nécessaire pour tirer le vieux continent de l’impasse morbide dans laquelle il est entrainé. Cette période a été encore un paroxysme de désinformation permanente extrêmement instructif qui nous montre comment fonctionne le système de normalisation mentale de notre temps. C’est évidemment un grand dommage pour qui a le goût de savoir. Mais c’est aussi une belle avancée de savoir comment cela fonctionne, pour être capable d’aider à envoyer dans le mur la machine à désinformer, le moment venu. Mais l’essentiel est ailleurs.

Un nouveau paysage européen est dessiné sous les yeux de tous. De tous côtés est pointée la responsabilité du gouvernement-allemand-de-droite (je fais attention à écrire toutes ces précisions pour éviter autant que possible les foudres bruyantes et hallucinogènes des récitants de mantras européistes et de leur vis-à-vis, les récitants de l’internationalisme prolétarien mécaniste). Dans cette ambiance, mon livre sur « le poison allemand » (qui se vend très bien, merci) fera bientôt figure de documentaire modéré. Quand je me souviens de l’accueil outré que me réservèrent certains à son sujet ! Du silence méprisant des autres ! Heureusement qu’il y a eu l’émission de Ruquier pour me consacrer cinquante minutes d’entretien sur le sujet sous les feux croisés de ses chroniqueurs. Trois millions de téléspectateurs eurent contact avec mes raisonnements. Pourtant il était minuit moins le quart. Les journalistes « sérieux », eux, pissaient de la copie contre le titre de mon livre, mes expressions et mauvaises manières et ainsi de suite. A présent voici la une de « Marianne » où l’on voit une Merkel en casque à pointe, Politis qui titre « la nation est-elle ringarde », Pierre Laurent dans « l’Humanité » qui déclare « la France a laissé l’Allemagne dicter ses conditions », après que Patrick Apel-Muller, d’abord regardé de haut par ses confrères, ait titré sur la « dictature froide » qui règne en Europe ! Voici Cambadelis pasticher Albert Camus (il faut quand même oser !) et présenter une « lettre à un ami allemand » pour rappeler l’annulation de la dette allemande en 1953 ? Sujet qui était avant cela un symptôme évident de mon mauvais goût et de l’irresponsabilité de Tsipras. J’en passe et des meilleures.

Donc j’ai eu raison d’écrire et d’alerter comme je le fais dès les premières pages de mon pamphlet. Non contre « les Allemands » en général mais sur le monstre né sous nos yeux de l’autre côté du Rhin dans le mariage de la finance mondialisée avec la plus grande maison de retraite par capitalisation du monde. Vous devinez ma jubilation. Pour un intellectuel politique il n’y a pas de plus grand bonheur que de comprendre ce qui se passe pour y trouver la place appropriée de son action. Une Europe rêvée est morte et enterrée dans cet épisode grec. Un discours sur l’Euro comme fétiche est mort de même. Le fond de notre stratégie de rapport de force est validé par le comportement caricatural de Schauble et Merkel. La nation fait retour dans la compréhension des stratégies économiques et géopolitiques. Peut-être peut-on espérer que celle-ci entre dans la compréhension des stratégies révolutionnaires de notre époque. On entend même François Hollande parler de « patrie » à plusieurs reprises le 14 juillet. Mais comme il ne comprend pas mieux ce concept que les autres abstractions de la pensée du mouvement socialiste depuis un siècle, il oublie l’adjectif « républicaine », ce qui fait de lui un nationaliste sans qu’il le sache et même sans qu’il s’en soucie. Pour l’instant la place de la « Nation » est moins comprise à partir des atouts progressistes de la nôtre que par sidération devant ceux si réactionnaires de l’Allemagne actuelle. Mais la pente est prise et les idées feront leur chemin. Il est important que nous ayons été prêts à temps car bientôt vont déferler ceux qui n’auront ni les précautions de langage ni les explications méthodiques que des gens comme moi ont déployé sous les insultes et les mépris. Viendra aussi le temps des rustres et des germanophobes, les vrais. Dans ce contexte penser clair est décisif.


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