Adieu, Madame Aubrac (Association France Palestine Solidarité)

dimanche 18 mars 2007.
 

Elle disait volontiers que « le verbe résister devrait toujours se conjuguer au présent » Lucie Aubrac vient de mourir. Son parcours est connu du grand public. Elle s’était engagée corps et âme dans la résistance au nazisme. Elle avait fait montre d’un courage hors du commun, notamment en jouant un rôle majeur dans l’opération audacieuse qui avait permis l’évasion de son mari, Raymond Aubrac.

Après la guerre, elle n’a cessé, avec son époux, de militer en faveur d’un monde plus juste. Elle inscrivait cet engagement dans le droit fil de son combat contre la barbarie nazie et pour la liberté des peuples. C’est ainsi qu’elle a violemment critiqué l’attitude de la France en Algérie durant la période coloniale et qu’elle s’est battue de toutes ses forces pour les droits des immigrés. Elle disait volontiers que « le verbe résister devrait toujours se conjuguer au présent ».

Dans la lignée d’un Laurent Schwartz ou d’un Stanislaw Tomckiewicz, elle a mené une vie de militante cohérente, en accord permanent avec sa vision du monde.

Quand tant d’intellectuels pratiquent l’universalisme à temps partiel, dénonçant les crimes du Darfour et absolvant l’intervention états-unienne en Irak, elle ne croyait qu’à une vérité et une seule, celle de l’homme.

Elle pensait que les idéaux de justice et de liberté étaient valables partout et de tout temps, qu’il n’y avait pas de peuples qui en fussent indignes.

Dans ce que subissent les Irakiens, les Tchétchènes, les Palestiniens, elle reconnaissait la même injustice qui lui fit autrefois prendre le chemin de la résistance.

Sur son lit d’hôpital, un de ses tous derniers actes a été une manifestation concrète de soutien en faveur du peuple palestinien.

A l’orée de la mort, elle aura bouclé la boucle d’une vie debout. Nous sommes fiers de ce précieux soutien qu’elle a exprimé de son vivant et nous tiendrons sa promesse.

Le monde a perdu une autorité rare et précieuse. Une voix chère s’est tue. Mais cette voix était si forte que sa mémoire continuera d’inspirer notre combat.

Adieu, Madame Aubrac.

Brahim Senouci


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