Europe L’heure du plan B

mercredi 2 septembre 2015.
 

La peur d’un plan B en Europe doit changer de camp. En effet depuis le référendum de 2005 sur la constitution européenne, l’absence présumée d’un plan B est le grand argument des libéraux de tous bords pour imposer la "seule politique possible". L’Allemagne est passée maître dans l’usage de cette menace.

Avec le spectre d’un Grexit, elle est aujourd’hui la seule à disposer d’un plan B, certes hypothétique mais qui pèse sur toutes les décisions. Et sert à maintenir et même durcir l’ordolibéralisme en Europe. Et c’est parce que Tsipras ne s’était pas préparé à lui opposer son propre plan B qu’il subit aujourd’hui un rapport de force aussi défavorable.

Ceux qui veulent gouverner autrement en Europe n’y arriveront donc que s’ils assument un plan B face à l’Europe allemande. L’Allemagne de Merkel doit apprendre que nous pouvons nous passer d’elle. C’est le message que plusieurs forces de l’autre gauche portent désormais. Le Parti de Gauche, Podemos ou encore le Sin Fein, affirment chacun à leur manière la nécessité de ne pas se laisser enfermer dans la règle du jeu de l’Europe et de l’euro actuels. En Allemagne même, la nouvelle dirigeante de Die Linke, Sarah Wagendknecht se demande désormais « s’il ne faut pas remettre en cause en général le système monétaire de l’euro ».

L’heure est donc venue d’une « conférence européenne du plan B » comme l’a proposé Jean-Luc Mélenchon à Yanis Varoufakis lors de leur rencontre du dimanche 23 août. Loin des méthodes autoritaires de l’Europe allemande, cette conférence ouverte devra confronter toutes les options alternatives possibles. Pour être crédible, elle ne devra pas se contenter de lancer un énième appel pour une autre Europe.

Elle devra examiner concrètement tous les scénarios, et leur adaptation à l’intérêt de chaque pays. Désobéissance aux Traités, nouveau rôle des banques centrales nationales, monnaie commune plutôt que monnaie unique, intégration de l’enjeu du protectionnisme dans la politique monétaire et commerciale sont autant d’options à discuter.

C’est à cette condition que, quelles que soient les difficultés de la Grèce, les chaînes de l’Europe allemande pourront continuer à craquer lors des prochaines échéances électorales nationales, au Portugal, en Espagne, en Irlande, en France et au-delà.


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