Solidarité avec les grévistes réprimés du collège Gay-Lussac (92)

dimanche 4 octobre 2015.
 

B) Non à la répression des grévistes du collège Gay Lussac (Politis)

Fait rarissime dans l’Éducation nationale, deux professeurs du collège Gay-Lussac de Colombes (Hauts-de-Seine) sont convoqués devant le conseil de discipline pour leur participation en décembre 2014 à une grève de trois semaines, contre la sortie de leur établissement du réseau éducation prioritaire.

Oscar Roman et Gari Pham, professeurs de mathématiques et de sport, ont reçu le 31 mars une convocation pour avoir participé à un blocage de leur établissement. Le conseil de discipline, maintes fois reporté depuis, doit avoir lieu le 9 octobre pour l’un des deux professeurs. L’autre attend toujours sa convocation. 


« Nos collègues ont été choqués du traitement qui nous est fait. Nous ne sommes que deux à avoir été inquiétés sur la trentaine de professeurs mobilisés, raconte Oscar Roman. C’est notre attitude irrévérencieuse vis-à-vis de l’autorité qui est sanctionnée, nous devons nous mettre au garde-à-vous ».

Grève de la faim

Pour protester contre cette convocation, deux tiers des enseignants de l’établissement sont en grève reconductible depuis vendredi 18 septembre et les deux professeurs concernés par la procédure ont entamé lundi après-midi une grève de la faim.

« Nous avons une grande tradition de grèves. C’est ce qui nous a permis de sauvegarder nos volumes horaires, qui devait déjà baisser par le passé », raconte Oscar Roman.

Le dialogue étant gelé avec le rectorat de Versailles, les grévistes de Gay-Lussac comptent désormais sur l’intervention du médiateur du ministère de l’Éducation. Ce lundi, Le Parisien rapportait le mécontentement de certaines familles « face à un conflit qui les dépasse ». Une quinzaine de personnes s’étaient rassemblées lundi pour demander la reprise des cours, indique le quotidien.

Le député socialiste de Colombes, Alexis Bachelay, a pris fermement position, ce mardi, contre ce mouvement de grève via sa page Facebook :

Les grévistes ont en revanche reçu le soutien du Parti de gauche de Colombes et une pétition a été mise en ligne pour demander le retrait des poursuites disciplinaires. Elle a recueilli 1 200 signatures en trois mois.

Une situation similaire à Toulouse

Au mois de juillet, quatre enseignants du collège de Bellefontaine, à Toulouse, s’étaient mis en grève de la faim pour des raisons similaires. Après trois semaines de grève, 5 enseignants avaient reçu en mai une convocation en conseil de discipline pour « manquement de courtoisie et de loyauté envers ses supérieurs hiérarchiques » et perturbation du « bon fonctionnement du service public d’éducation ».

Tous étaient mutés dans d’autres établissements « dans l’intérêt du service » et risquaient des sanctions disciplinaires.

Une enseignante de 33 ans a été hospitalisée le 17 juillet après vingt-six jours de grève de la faim, tandis que le rectorat de Toulouse acceptait d’annuler les sanctions disciplinaires sans toutefois revenir sur une partie des mutations forcées.

A) Le NPA appelle à la solidarité

Depuis le lundi 21 septembre, 2 enseignants du collège Gay Lussac, Gary Pham et Oscar Roman, à Colombes (92), ont entamé une grève de la faim avec leurs collègues à leurs côtés qui s’étaient déjà mis majoritairement en grève par solidarité depuis le vendredi 18 septembre.

Ils protestent par là contre l’acharnement du rectorat de académie de Versailles à leur encontre. Depuis avril dernier Oscar et Gari sont poursuivis en conseil de discipline. Ce qui est en cause est leur participation au mouvement de grève de l’hiver dernier contre la nouvelle réforme de l’éducation prioritaire, dite "REP/REP+". Cette réforme a en effet signifié la sortie du dispositif de l’éducation prioritaire de nombreux établissements, comme les écoles et le collège du réseau Gay Lussac. C’est pourquoi les enseignants de Colombes sont entrés en grève le 27 novembre 2014, comme dans les autres villes concernées du 92 (mais aussi du 93, du 77...), mouvement qui a duré plusieurs semaines sur le collège Gay-Lussac. La répression s’était déjà abattue contre les enseignants du collège Bellefontaine à Toulouse, qui avaient eux aussi entamé une grève reconductible au même moment, également contre la réforme REP+ qui, chez eux aussi, rimait avec manque de moyens mis à disposition des élèves dans l’éducation prioritaire. 6 collègues se sont retrouvés mutés d’office, dans l’arbitraire le plus total, pour avoir participé au long mouvement de grève de leur établissement. Aujourd’hui, à nouveau, la répression s’abat sur des militants. 8 mois plus tard, on aurait pourtant pu penser que l’Éducation Nationale aurait levé ces procédures disciplinaires qui constituent une indéniable remise en cause du droit de grève et de la liberté de manifestation. Au lieu de ça, à la rentrée 2015, Gari et Oscar ont appris qu’ils étaient à nouveau convoqués, toujours pour les mêmes faits ! L’exemple de Bellefontaine n’a-t-il rien appris au ministère pendant l’été ? Des mois de conflit et 26 jours de grève de la faim pour Laure Betbeder, une des grévistes sanctionnées, pour que le ministère reconnaisse enfin son erreur, en juillet 2015, en "annulant" 5 des 6 "procédures disciplinaires" et en "vidant les dossiers administratifs"...

Si les rectorats s’acharnent contre ces enseignants, c’est parce qu’ils souhaitent en faire des exemples. Ces enseignants représentent en effet tout ce que craint le gouvernement : par leur lutte, par leur grève longue et reconductible, ils ont montré la voie à suivre pour stopper la politique gouvernementale d’austérité. Et par leurs revendications portées avec les parents, par leur opposition aux contre-réformes en cours, ils ont aussi osé montrer la réalité du terrain dans les classes qui contredit complètement le discours ministériel et rappelle bien trop toutes les promesses oubliées de 2012 du candidat Hollande sur l’éducation et les jeunes. En fait, Valls et NVB c’est 0 priorité à l’école publique et des économies en pagaille sur le dos des enfants issus de nos quartiers populaires.

Le NPA affirme sa solidarité pleine et entière avec Gari et Oscar et les grévistes de Colombes. Il réclame l’abandon immédiat de toutes les poursuites disciplinaires, qu’aucune sanction ne soit retenue contre les enseignants de Gay-Lussac et de Bellefontaine et que toute trace de cet acharnement administratif contre des grévistes disparaissent de leurs dossiers. Après plus d’une semaine de grève de la faim pour Gari et Oscar, il y a urgence. Le NPA appelle donc l’ensemble des organisations du mouvement social, syndical et politique à exprimer publiquement leur soutien et à construire des initiatives unitaires de solidarité : le droit de grève ne se discute pas, dans l’Education Nationale comme ailleurs.

Montreuil, le 28 septembre 2015


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message