Colombie : avancée décisive vers un accord de paix avec les FARC

jeudi 8 octobre 2015.
 

C’est une poignée de main historique qu’ont échangée le président colombien Juan Manuel Santos et le dirigeant de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Timoleon Jimenez, à La Havane, mercredi 23 septembre. Les deux hommes ont signé à Cuba un accord sur le sort judiciaire des combattants, point crucial des pourparlers de paix. La conclusion des accords de paix doit à présent intervenir dans un délai maximum de six mois.

En vertu de l’accord signé mercredi, les crimes contre l’humanité, de génocide, les crimes de guerre, les déplacements forcés et les actes de torture « ne seront pas amnistiés », indique le texte lu par les délégués des pays médiateurs, Cuba et la Norvège, ouvrant la voie à la fin du plus vieux conflit armé d’Amérique latine qui a fait officiellement quelque 220 000 morts. En revanche, une amnistie sera prévue pour les crimes « politiques ou connexes » dont la portée sera définie par une loi d’amnistie ultérieure. L’accord prévoit la création d’un tribunal spécial chargé de juger les auteurs de crimes pendant le conflit, qu’ils soient combattants de la guérilla, mais aussi membres de la police et de l’armée.

« Le chef du secrétariat des FARC et moi-même avons décidé que, au plus tard dans six mois, cette négociation doit se conclure et il faut signer un accord final » de paix, a déclaré le président colombien lors d’une cérémonie en présence du numéro un de la guérilla, Timoleon Jimenez, dit « Timochenko », et du président cubain Raul Castro.

« La justice est le nœud des négociations de paix »

Les trois hommes se sont réunis mercredi à huis clos pendant une demi-heure à La Havane, avant de dévoiler officiellement cet accord. C’est la première fois depuis quatorze ans qu’un président colombien rencontre le plus haut dirigeant des FARC – recherché pour homicide aggravé, terrorisme, enlèvement et rébellion. C’est aussi la première fois que le président colombien s’est rendu à la table des négociations de La Havane, où se tiennent les pourparlers depuis près de trois ans.

Jusqu’à présent, les négociations avaient permis de régler trois des six points figurant à l’ordre du jour, mais la question la plus épineuse demeurait celle de la « justice transitionnelle » pour les rebelles démobilisés.

« La justice est le nœud des négociations de paix », avait assuré plus tôt dans la journée la présidence colombienne dans un communiqué, insistant sur le fait qu’un accord sur ce thème constituerait « un point de non-retour » vers la paix. Peu après l’annonce de l’accord, Eduardo Montealegre, le procureur général de Colombie, a annoncé la suspension des poursuites prévues contre les chefs des FARC pour « graves violations des droits de l’Homme ».

Les FARC, la plus importante guérilla du pays avec 7 000 combattants, refusaient jusqu’à présent un accord impliquant de la prison pour ses guérilleros. De son côté, le gouvernement se disait opposé à toute impunité.

Une sous-commission juridique paritaire a été chargée de définir des processus de sanction pour les auteurs de crimes contre l’humanité dans les deux camps. Elle s’est réunie à plusieurs reprises pour de brèves séances depuis fin juillet.

Depuis le 20 juillet, les FARC observent un cessez-le-feu unilatéral, se réservant le droit de répliquer en cas d’attaque de l’armée. De son côté, le gouvernement a ordonné la suspension des bombardements contre la guérilla et envisage d’autres mesures pour favoriser une « désescalade » du conflit.

Les Etats-Unis ont salué mercredi les « progrès historiques » en Colombie. « Les annonces faites aujourd’hui à l’occasion des négociations qui se tenaient à La Havane représentent des progrès historiques vers la conclusion d’un accord de paix final qui mettra fin à cinquante ans de conflit armé », a indiqué le secrétaire d’Etat John Kerry.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message