Castres : Un établissement intégriste catholique dans un local municipal

mardi 17 novembre 2015.
 

A) Une nouvelle école catholique suscite un débat musclé (La Dépêche du Midi, 23 septembre 2015)

Il ne fallait pas rater le coup d’envoi du conseil municipal hier soir si on voulait assister à la première joute verbale entre l’opposition de gauche et le maire divers droite Pascal Bugis. Les élus de La gauche rassemblée n’ont en effet même pas attendu la première délibération pour monter au créneau. L’énoncé des décisions prises depuis le dernier conseil municipal d’avant l’été lu par Pascal Bugis en préambule de l’ordre du jour a suffi pour provoquer « l’indignation » de l’opposition. Une réaction suite au choix du maire de louer un local municipal de la rue Francisco-Ferrer, en plein centre-ville, à l’association « Les amis du Sénevé » pour y ouvrir le 8 septembre dernier une école libre baptisée « Cours le Sénevé ».

Car Philippe Guérineau n’hésite pas à qualifier cette association catholique « d’intégriste et de fondamentaliste ». Et l’élu de gauche de citer plusieurs phrases prises au hasard sur le site internet de cette école hors contrat pour étayer ses propos. « Cela n’a rien à voir avec l’enseignement privé que nous connaissons à Castres. Mais bien d’une entreprise sectaire qui ne se cache même pas. C’est insupportable que cette association bénéficie d’un local grâce à vous », affirme Philippe Guérineau qui y voit un problème « dans le maintien de la laïcité dans notre ville ».

« Cela va à l’encontre des principes de la République de devenir le bailleur d’une association qui défend des principes d’obscurantisme », a renchéri Géraldine Rouquette qui s’est dite « choquée » en tant « qu’élue, enseignante et mère » rappelant que « le 11 janvier on était tous dans la rue pour défendre la laïcité contre toute forme de fanatisme » estimant que le programme pédagogique de cette association est « effrayant ».

Martine Moron s’est jointe à l’indignation de ses collègues de l’opposition de gauche se demandant si le maire n’avait simplement pas voulu « servir la droite de la droite » de sa majorité puisque « l’épouse d’un de vos conseillers municipaux fait partie des membres fondateurs ».

B) À Castres, bénie soit l’école intégriste (L’Humanité)

Le maire sarkozyste Pascal Bugis 
loue des locaux municipaux à un établissement propageant l’obscurantisme.

Sénevé  : graine de moutarde qui prolifère à vive allure. Selon la parabole religieuse, la parole évangélique doit se propager de la même façon. À Castres (Tarn), l’école catholique intégriste, qui accueille ses premiers élèves depuis le 8 septembre, a pris pour nom le Sénevé. Son principe est clair  : «  La vie de l’établissement se déroule sous le regard et avec l’aide de Dieu.  » Cette école, qui n’est pas sous contrat avec l’État et n’applique pas les programmes de l’éducation nationale, a reçu l’aide providentielle du maire de Castres. Grâce lui soit rendue  ! Le très droitier Pascal Bugis loue des locaux municipaux à cette école où l’enseignement de l’Immaculée Conception remplace le cours de biologie.

Dans l’équipe pédagogique du Sénevé, on retrouve Françoise Canac, candidate FN aux législatives de 2002, Béatrice Parmentier, chargée de l’histoire biblique et activiste de la Manif pour tous, ou Alix Besançon, épouse d’un adjoint au maire de Castres. Ces professeurs «  ont le devoir de chercher à avoir une vie personnelle en accord avec les principes de vie qu’ils inculquent  ». Quant à la directrice, il s’agit de Marie-Geneviève Soleil. Malgré son patronyme, elle ne se réclame pas de la philosophie des Lumières. Elle est en revanche la fille de Bernard Antony, longtemps leader régional du FN. Cette madame Soleil n’avait pas prévu un si vif débat dans la ville.

Pour avoir mis en évidence «  l’obscurantisme et le fanatisme  » de cette école, Géraldine Rouquette (PCF), conseillère municipale d’opposition, a fait l’objet d’attaques pas très catholiques. Un éditorialiste local cherchant à sortir de l’anonymat a même vu les militants laïcs «  dégainer faucilles et marteaux  ». Le Sénevé ne compte qu’une dizaine d’élèves de CM1, CM2 et sixième, regroupés dans une classe unique. Tous doivent porter une blouse bleue à manches longues. Ce faible effectif peut-il assurer la pérennité de l’établissement  ? Si Dieu ne lui vient pas en aide, Pascal Bugis le fera.

Bruno Vincens


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