« Le partage et le collaboratif dans les gènes de l’Economie Sociale et Solidaire »

vendredi 20 novembre 2015.
 

L’appropriation technologique, outil de transformation  ? par Laure Chareyre
 Administratrice de la chambre régionale 
de l’ESS 
Rhône-Alpes

Après tant d’années dans l’invisibilité législative en France, l’économie sociale et solidaire a été reconnue par la loi du 31 juillet 2014. C’est une bonne chose car cette loi marque un pas dans la reconnaissance d’une forme d’entreprendre qui conjugue gouvernance démocratique, redistribution des excédents dans le projet et le développement et une implication permanente de ses parties prenantes. Ce sont des associations, des coopératives, des mutuelles, des fondations et des entrepreneurs sociaux qui voient ainsi se confirmer une stratégie de développement de l’ESS. Le Mois de l’ESS est une formidable occasion de faire connaître concrètement ce que sont ces entreprises et leurs atouts dans le développement économique local, national et européen.

Europe et territoires  : quels espaces pour l’économie sociale et solidaire  ? Les enjeux sont considérables en matière d’emploi, de compétitivité des entreprises, d’innovation technique et sociale et de cohésion sociale. Un défi commun à l’ensemble des États membres en phase avec la Stratégie Europe 2020. L’économie sociale et solidaire, par sa forme caractéristique d’entreprendre et ses finalités, est un des acteurs qui compte dans la réussite de cette stratégie et un outil réel de transformation de nos sociétés. Mais cela nécessite plus qu’on ne le croit un changement de culture pour l’ensemble des acteurs en jeu. La question des territoires est totalement impactée par l’évolution culturelle et technologique de la communication et de la connaissance.

La fracture numérique pensée à une époque ne s’est pas réellement traduite par la fracture de l’usage des outils mais beaucoup plus par la fracture de l’appropriation technologique au service du développement de la création d’espaces collaboratifs. Le partage et le collaboratif sont pourtant dans les gènes de l’ESS sans que celle-ci n’ait encore intégré son propre développement avec le support technologique équivalent. Les acteurs de l’ESS auraient intérêt à rattraper leur retard avant d’être dépassés par d’autres stratégies internationales qui s’inspirent largement de nos pratiques.

Ces dernières années, l’approche des citoyens s’est totalement transformée. La double appartenance à l’isolement et à la connexion au monde réserve de bonnes surprises en matière de démarches citoyennes… Cette transformation doit irriguer l’ESS jusque dans la gouvernance, pour intégrer les attentes et l’énergie des citoyens aux yeux des nouvelles approches économiques, sociales, environnementales des méthodes de partage. Risquer et oser entreprendre sont choses faites par bon nombre de citoyens qui refusent la fatalité et coconstruisent les réponses à leurs besoins. L’ESS est un état d’esprit qui forge une forme d’entreprendre constructive et contributive aux territoires. Elle s’est construite en grande partie sur une dimension citoyenne qui en a fait sa force et sa longévité et doit irriguer les politiques territoriales, nationales et européennes par des contributions ascendantes et transversales. Les politiques publiques sont contraintes de s’adapter à l’évolution de la société et de l’attente de participation de la part des citoyens.

La question de l’accessibilité à l’ESS doit aussi impérativement interroger la palette de représentativité des citoyens en n’oubliant pas la diversité générationnelle, la diversité culturelle et les femmes au niveau des instances décisionnelles des structures de l’ESS, qui restent encore trop peu visibles dans les instances décisionnelles.

Enfin, l’ESS contribue à la revitalisation d’une Europe pour laquelle les citoyens ne devraient plus s’interroger sur leur appartenance mais bien plus sur leur propre capacité à lui donner sens. Il est très heureux que le législateur ait intégré ce lien entre représentation ESS sur les territoires et Europe en instituant une mission complémentaire aux Cress (chambres régionales de l’économie sociale et solidaire). Les alliances interentreprises entre les États membres et les coopérations locales interentreprises (ex.  : pôles territoriaux de coopération économique – PTCE) donnent un aperçu du formidable potentiel de développement de l’ESS. Les Cress sont porteuses de ce dynamisme qu’il faudra déployer dans les prochaines grandes régions.


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