Islam et islamistes

jeudi 10 novembre 2022.
 

Nommer et agir ! 12 Par Christian Gaudray le 20 novembre 2015 Billet du président

rubriques_edito2Oui, ce qui s’est passé a un rapport avec la religion. Les terroristes n’ « instrumentalisent » pas la religion musulmane comme on le voit écrit partout, ils sont les soldats d’un mouvement politico-religieux enfanté par une synthèse du salafisme quiétiste et de la pratique politique des Frères Musulmans (qui ont dans leur programme la restauration du Califat), le tout soutenu financièrement par les pétromonarchies sunnites du Golf. Daesh n’est qu’une multinationale de la barbarie, et ses prétentions territoriales n’ont pour but que de capter des financements tirés de l’exploitation des ressources pétrolières, et non de constituer un véritable Etat.

Mais non, ce qui s’est passé n’a rien à voir avec un prétendu choc de civilisations définies par une histoire empreinte de religion, tout simplement parce que les victimes les plus nombreuses de ces barbares sont des musulmans et qu’aucune civilisation ne peut se construire sur la barbarie et sans culture.

Nous dénoncerons donc les actes de racisme anti-musulman comme nous dénoncerons tous ceux qui trouveront des excuses aux barbares, qui mêleront au débat la repentance post-coloniale ou qui tenteront de disqualifier, en les traitant d’islamophobes, tous ceux qui oseront parler d’islamo-fascisme ou simplement exercer leur droit de libre critique de la religion.

Oui ce qui s’est passé a aussi un rapport avec la laïcité car la laïcité est un des principes constitutionnels fondateurs de notre République. La laïcité, en séparant le politique du religieux, en permettant la liberté, l’égalité et l’émancipation, est de facto le modèle politique le plus en opposition avec l’idéologie islamo-fasciste.

Une association militante comme la nôtre a bien évidement son rôle à jouer. Nous savons que ce rôle n’est qu’une petite pièce dans un grand puzzle qu’il est aujourd’hui bien difficile d’agencer. Nous ne nous déroberons pas. Et grâce à notre réflexion, notre engagement et notre pratique de l’éducation populaire, qui n’ont pas attendu les drames pour se mettre en action : nous sommes prêts !


Djordje Kuzmanovic

Fabien, tu as très bien fait ! Tu as défendu les lignes qu’il fallait défendre. Je rejoins Alexandre et Etienne dans leurs messages.

Si cela avait tenu à moi, je n’aurai rien signé avec des gens que l’on peut qualifier de gauchistes inconséquents.

Oui, le problème c’est bien Daesh et les terroristes "modérés" d’Al-Qaïda, leur fondamentalisme religieux politique (qu’ils déclarent eux-mêmes comme tel) et qui s’appelle le wahhabisme et la secte des takfiristes. Oui c’est l’ennemi quand ils massacrent dans les rues de Paris, de Ben Ghazi, de Bagdad, de Kobané, d’Alep, de Beyrouth ou du Sinaï. Tiens, ces salopards tuent beaucoup plus de musulmans que de "chrétiens" et nous ne pourrions pas les dénoncer ? C’est une blague ?

Le problème c’est aussi bien évidemment les monarchies du Golfe, Qatar et Arabie Saoudite en tête qui financent depuis des décennies la quasi totalité des mouvements djihadistes,mais pire les inspirent idéologiquement. Si le Charles de Gaulle devait croiser quelque part, c’est au large de Doha ! Le problème vient évidemment également de la Turquie où Erdogan et son parti l’AKP, où les fascistes turques sont alliés aux djihadistes de Syrie dans leur lutte commune contre les Kurde, en permettant le transit du pétrole, en permettant les flux financiers, en détournant leurs bombardement sur les Kurdes du Rojava.

Le problème c’est aussi nos gouvernants qui suivent la politique internationale des Etats-Unis et qui par la même bradent les intérêts spécifiques du peuple de France. Ce suivisme les a conduit à saborder toute la riche diplomatie française dans le monde arabe au profit d’une alliance de roquet avec le Qatar et l’Arabie Saoudite et qui en sus corrompent une partie de notre caste politique (comment osent se présenter devant les citoyens ceux qui se font payer grassement par ces monarchies comme Sarkozy depuis 4 ans ?).

Ceux qui le souhaitent peuvent retrouver ici (https://www.lepartidegauche.fr/vuda...) les positions claires du parti sur ces questions.

Ne pas faire d’amalgame, ne pas stigmatiser les musulmans dans leur ensemble implique, justement, de désigner les vrais responsables : les wahhabites, les takfiristes et leurs financiers des monarchies du Golfe. Leur position est aussi stupide que de dire que nous stigmatiserions les camarades de gauche d’Amérique Latine issus du mouvement chrétien de la théologie de la libération parce que nous dénonçons les dingues de la sectes des lefébvristes. La réponse de la République devrait être d’utiliser le dispositif légal existant déjà - et amplement suffisant - pour poursuivre en justice les prédicateurs wahhabites payés par les monarchies du Golfe et qui répandent la haine raciale et religieuse. De ce qui me revient de la vaste et complexe communauté des musulmans de France, celle-ci ne s’en porterait d’ailleurs que mieux. Oui, nous dénonçons bien le fanatisme religieux quel qu’il soit et parce que nous ne sommes pas racistes, nous n’avons aucune crainte à dénoncer le fondamentalisme parmi les musulmans. Et comme l’écris Etienne, nous dénonçons l’amalgame et clairement contrairement à d’autres !

Bien combattre un ennemi demande de savoir le désigner, comme il faut savoir désigner nos amis. Les ennemis : les terroristes, l’Etat Islamique, les wahhabites, les takfiristes, les monarchies du Golfe, ceux qui aux Etats-Unis comme en France ont jugé pertinent de développer le fondamentalisme religieux. Les amis : les Kurdes de Syrie (et la magnifique province autogérée du Rojava où bon nombre de nos idées socialistes, écologistes et féministes fleurissent), les Kurdes de Turquie (bravo aux Peshmergas pour la reprise e Sindjar), de la gauche turque (qui a pu se maintenir au parlement lors des dernières élections législatives malgré des conditions dures et la reprise de la guerre), les Kurdes du PKK, les combattant de l’armée syrienne régulière (au moins ceux là ne commettent pas d’attentats en France), les combattants iraniens, la Russie, les Etatsuniens lucides qui prône un revirement complet de la vision du monde telle que défendue depuis trop longtemps par leurs gouvernements.

Sérieusement... Que faisons-nous avec des gens pour lesquels la République n’est pas une référence acceptable (ne parlons pas du drapeau de la Nation et de la Marseillaise) ? Que faisons-nous avec des gens capables de confondre amis et ennemis alors même que Daesh ou Al-Qaïda massacrent dans les rues de Paris ? A quoi peu bien servir de discuter avec des gens qui après les expériences afghanes, irakiennes, libyennes veulent toujours renverser D’ABORD des dictateurs laïques comme Assad ? Faire plus de foyer terroristes ? Rien. Ils peuvent aller pointer au Département d’Etat puisqu’ils en prônent la ligne idéologique.

Cela peut sembler cru, mais je pose franchement la question.


Bonjour Fabien,

Je rejoins Etienne dans son analyse, et je te soutiens dans tes "discussions" avec ce camarade d’Ensemble visiblement de mauvaise foi.

Si celui-ci pense que fondamentalisme n’a pas de sens, j’aimerais fortement le voir nous expliquer comment il définirait ces religieux qui font une interprétation de leurs textes totalement incompatible avec les valeurs de gauches. En effet, ils rejettent dans son principe même de démocratie, pratiquent la discrimination systèmatique envers femmes, les homosexuels et les non-croyants. Ca marche avec les wahhabites, les frère mulsumans, mais également avec les intégristes de Saint Nicolas du Chardonnay, ou certains mouvements evangélistes réformés.

On peut avoir le texte martyr pour se faire une idée ?

Le 20 novembre 2015 16:58, Etienne Icard a écrit :

Salut,

Je vais te répondre parce que nous étions hier en AG du 18e, la question s’est posée et elle n’est pas anodine.

La position du PG est celle-ci il me semble (qu’on m’arrête si je me trompe) : dénonciation du fanatisme religieux ou politique, refus de l’amalgame des musulmans de France aux terroristes, défense de la République, critique de l’inféodation de la France aux pays arabes qui financent des organisations terroristes (Qatar, Arabie Saoudite). C’est sur ça il me semble que nous insistons en ce moment, sur l’aspect géopolitique du problème posé au Moyen-Orient

Quand le terroriste nationaliste Anders Behring Breivig (rappelez-vous il a attaqué le camp du parti travailliste norvégien en 2011 tuant près de 70 adolescents, sous prétexte de lutter contre l’invasion des immigrés et de l’islam) pour sauvegarder la civilisation blanche et chrétienne, JLM avait rappelé lors la présidentielle que nous ne demandions pas aux Chrétiens de venir s’excuser parce qu’il ne représentait absolument pas les chrétiens.

Nous ne demandons pas non plus aux Français de confession musulmane de prouver qu’ils ne sont pas une 5e colonne quand il y a des attentats. Raison pour laquelle, quand le français Hervé Gourdel a été égorgé en septembre 2014 en Algérie, nous étions opposés à l’appel à la manifestation du CFCM des seuls musulmans (en mode #notinmyname). Même réaction quand des attentats sont commis sur notre sol par des assassins qui se revendiquent d’une idéologie religieuse. Parce que nous sommes républicains jusqu’au bout, c’est tous les Français peu importe leur religion, leur couleur de peau qui se dressent face à la barbarie.

Nous ne demandons pas non plus, il me semble, aux Français juifs de descendre dans la rue pour dénoncer l’occupation des territoires israéliens et les bombardements de Gaza parce qu’ils n’ont pas à en assumer la responsabilité.

En revanche, nous avons bien dénoncé la politique d’extrême-droite du gouvernement israélien, nous avons bien dénoncé les chrétiens intégristes de la Manif pour tous, nous avons bien dénoncé les indépendantistes corses et tous les régionalistes qui utilisent la violence pour mener à bien leur projet politique. Alors dites-moi pourquoi on serait incapable de nommer les fanatiques qui se réclament de l’intégrisme religieux quand il s’agit des attentats du 13 novembre. On prétend bien sur les plateaux que les Musulmans de France n’ont rien à voir avec les attentats et qu’il s’agit de terroristes. Alors où est-il l’amalgame ? Où est le racisme ?

Il y a quelque chose de ridicule et surtout de scandaleux dans ce refus de nommer l’agresseur (même quand c’est le fondamentalisme d’Arabie Saoudite !!!) qui montre bien comment tout une partie de l’extrême-gauche (dans laquelle il faut inclure Ensemble) est dans un malaise et une hypocrisie absolue sur cette question. Ce n’est pas très compliqué de comprendre pourquoi mais ce n’est pas le débat ici. Il faudra bien confronter notre vision à celle de nos partenaires et qu’ils explqiuent où est le racisme et l’islamophobie dans la dénonciation du fanatisme religieux.

Apparemment Ensemble considère que la population est incapable de comprendre la différence entre la critique du fondamentalisme saoudien et l’encouragement à casser des musulmans. J’attends qu’on me démontre que les interventions du Parti de Gauche auraient encouragé un relâchement de la parole raciste et seraient (même indirectement) responsables de ce qui est effectivement une infamie : http://www.leparisien.fr/faits-dive... (dont 18 lettres de menace sur les 24 agressions).

Si sous prétexte de ne pas être les idiots utiles de l’islamophobie, nous (au FdG) refusons de dire la vérité, c’est à dire qu’il y a des gens mal intentionnés qui portent, y compris sur le territoire français, un projet politique incompatible avec la laïcité, avec les lois de la République, avec la tolérance religieuse et simplement la paix civile, alors la gauche radicale ne peut pas prétendre retourner la réalité et rencontrer une adhésion populaire, parce que nous ne comprenons rien à la situation et nous sommes dans le déni.

Si Ensemble est incapable de comprendre que l’expansion de l’islam wahhabite depuis l’Arabie Saoudite et son rôle dans la diffusion d’une vision rétrograde de l’islam, est une calamité qui a des conséquences dramatiques et ce d’abord pour l’ensemble du monde arabo-musulman (arrêtons d’utiliser le terme de salafiste, à l’origine « salaf » en arabe n’a d’ailleurs de connotation négative) et singulièrement pour ces pays alors ils sont à la ramasse. Parlez du FIS, du GIA à des Algériens qui ont vécu dans leur pays entre 1992 et 1999 et vous verrez qui sont les 1eres victimes du fanatisme.

Ce sont bien ces pays (Arabie Saoudite, Qatar) qui ont nourri Daech et s’ils ne sont pas les commanditaires des attentas, nous devons les tenir pour les premiers responsables de ce merdier SANS exonérer la responsabilité de la France à travers nos alliances et notre adhésion à l’OTAN.

Faisons de la politique, sur le plan intérieur en défendant notre programme et de la politique extérieure (https://www.lepartidegauche.fr/vuda...).

Je suis pas en désaccord avec Bernard Stiegler, le radicalisme se nourrit directement du néolibéralisme et de l’uberisation de l’économie (http://www.lemonde.fr/emploi/articl... ), et même plus largement de l’effondrement des identités politique et de la symbolisation.

Mais là aussi il ne faut pas planer ; les fanatiques religieux existaient avant la mondialisation, la transition numérique de l’économie et la précarisation des conditions sociales, les attaques contre le Code du Travail.

Désolé pour la longueur du message,

Etienne Date : Fri, 20 Nov 2015 12:24:18 +0100 From : fnony1981@gmail.com To : pg75-coord@listes.lepartidegauche.fr Subject : [pg75-coord] fondamentalisme or not fondamentalisme ?

Bonjour,

Devant négocier la rédaction d’un tract avec nos camarades du FG, j’ai bataillé, entre autres, pour y maintenir des références à la République, dont Ensemble ne voulait pas, et éviter que les mêmes ne fassent sauter la priorité à la lutte contre Daesh en Syrie, dont ils ne voulaient pas, y voyant un exonération de Bachar...

Je leur ai par ailleurs arraché une référence au fondamentalisme (dans la phrase suivante :

Il faut aussi dénoncer le double-jeu du Quatar, de l’Arabie-Saoudite et de la Turquie, ces prétendus « amis » si complaisants vis à vis du terrorisme et du fondamentalisme. )

Ce qui m’a valu cette charmante tirade (bon ceci-dit, nous ne sommes pas plus aimables entre nous, bien au contraire...) :

"Fabien, tu parlais “d’avancer vers une rédaction consensuelle”, et j’ai le sentiment que pour l’essentiel, tu proposes seulement de maintenir ou amplifier les formules qui nous semblent poser problème.

Je demande à mes camarades ce qu’ils en pensent, mais je ne crois franchement pas que ça va être possible dans ces conditions.

Mais indépendamment du projet de texte, il semble que tu montres le bout de l’oreille dans tes commentaires, même si tu les présentes “sans esprit de polémique”.

Tu dis [dans nos échanges internes, pas dans le tract évidemment ! NDLR]que la gauche, est souvent soupçonnée, et que ce n’est pas toujours à tort, de complaisance vis-à-vis du “fondamentalisme”. Il faudrait (vraiment) être plus disert. Le fait que des “fondamentalistes” avérés, si ce mot a un sens (ce dont je ne suis pas sûr) condamnent sans ambigüité les attentats, que plus généralement, les musulmans (et parmi ceux-ci, de nombreuses personnes à qui l’on délivre volontiers ce brevet d’infâmie, qu’il s’agisse de femmes voilées ou de courant piétistes, sans doute réactionnaires, mais assurément pacifiques) soient dans leur grande masse horrifiés par Daech, devrait suffire à éviter de conforter les amalgames qui se traduisent aujourd’hui par une flambée incroyable d’islamophobie faite d’agression diverses contre des personnes vues comme “fondamentalistes” – par exemple du seul fait de leur tenue vestimentaire.

Donc, si “les français attendent une parole forte et claire”, on n’est pas pour autant obligés de conforter le racisme ambiant. Parce que si l’idée c’est de dire ce que pensent les gens sous la pression de la propagande dominante, il y a déjà Marine Le Pen pour ça et nous ne servons à rien."

Je pensais en toute bonne foi défendre des positions qui sont celles du PG. J’ai pourtant eu la surprise de lire une réaction embarrassée d’une camarade du bureau 20e, me faisant observer que nous n’utilisions pas, à sa connaissance, cette notion de "fondamentalisme", pouvant d’après elle être gênante dans le contexte actuel.

J’ai bien noté (comment ne pas le faire ?) que notre ligne était celle du "pas d’amalgame" de "l’islam na rien avoir avec cela" et du "solidarité avec nos compatriotes de confession musulmane cibles de discriminations". Mais dans mon esprit, cela ne concernait que ce qu’on espère être l’écrasante majorité des musulmans loyale à la France et à ses valeurs républicaines (pour mémoire et par parenthèse, les Tunisiens de France, par exemple, avaient voté il y a quelques années à près de 40% pour les intégristes de la filiale locale des Frères Musulmans, ce qui devrait à mon humble avis nous interpeller...). Je n’ai jamais supposé une seconde que dans notre esprit cela pourrait inclure les barbus, comme le voudrait Ensemble.

Me suis-je trompé ? Merci de m’éclairer là-dessus, car on dépasse-là les positions personnelles et le débat entre nous, il s’agit bel et bien des positions qu’on peut être amenés à défendre au nom du PG...

amitiés fraternelles

Fabien


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