Avion russe : Le gouvernement turc est un tireur dans le dos très zélé (4 articles)

mercredi 2 décembre 2015.
 

Dans un article de la mi-octobre, nous avions mis en ligne des informations pointant à quel point l’intervention militaire russe en Syrie était utile mais contrariait les projets de la Turquie, d’Israël et du Qatar, alliés objectifs de Daesh.

Syrie : Poutine impose des lignes rouges à Israël Erdogan et Daesh

Les Etats-Unis ont jusqu’à présent oscillé entre soutien de ces alliés du Moyen-Orient (Turquie, Israël, Qatar, Arabie Saoudite) et limites à marquer à Daesh pour casser la progression de l’islamisme terroriste (Egypte, Tunisie, France...).

La Turquie d’Erdogan rêve de s’imposer comme puissance centrale des pays musulmans au plan économique comme politique et religieux. Elle fait sans cesse référence au glorieux passé ottoman. Elle a besoin d’abattre Bachar el Assad, pilier d’un refus de cette domination du libéralo-islamisme turc.

Affirmer cela n’implique pas du tout de soutenir le régime très autoritaire de Bachar el Assad ; il s’agit seulement du constat qu’il bloque actuellement les projets impérialistes de Daesh comme de la Turquie et d’Israël.

Dans ces conditions, l’OTAN va évidemment chercher dans sa communication à apparaître comme soucieux de "désescalade". Cela ne diminuera pas la contradiction fondamentale entre l’intervention russe et les projets nauséeux des alliés des Etats Unis au Moyen Orient.

Pour la France, plus que jamais, l’intervention russe constitue un point d’appui décisif pour casser Daesh.

A) Avion russe abattu par la Turquie : réaction de Jean-Luc Mélenchon

Le gouvernement turc joue vraiment un sale jeu.

Vendredi et samedi, les bombardements turcs contre le PKK du Kurdistan ont repris.

À présent, un avion russe a été abattu.

Que faisait cet avion russe ?

Il frappait nos ennemis de Daech !

Quelle menace pour la Turquie que cet avion ? Aucune.

Donc c’est une provocation du gouvernement turc dans le but de rompre la coalition en cours de formation.

Le gouvernement turc est un tireur dans le dos très zélé.

B) Un incident d’une extrême gravité (Jacques Sapir)

La destruction d’un appareil russe par des avions de chasse turcs constitue un incident extrêmement sérieux, dont les conséquences peuvent être incalculables. L’attitude du gouvernement turc apparaît ici comme profondément irresponsable et provocatrice. Le fait que le gouvernement turc ait demandé une réunion de l’OTAN, comme si il avait été la puissance agressée, est un autre sujet de préoccupation.

1. La destruction d’un chasseur bombardier russe de type SU-24 à la frontière turco-syrienne est un incident d’une extrême gravité. Le gouvernement turc affirme que l’avion avait violé les frontières de la Turquie. Compte tenu de la configuration du terrain, il est effectivement possible que l’avion ait survolé une petite langue de territoire turc. Mais, ce survol, s’il a eu lieu, a été de très courte durée, au plus une dizaine de secondes. Or, le gouvernement turc prétend que ses avions de chasse avaient prévenu l’avion russe de sa soi-disant incursion depuis au moins 5 minutes avant d’ouvrir le feu (avec un missile). Ceci ne correspond pas à ce que l’on peut connaître de la situation locale. A la vitesse de croisière d’un SU-24 (environ 15 km/min), cela impliquerait que l’avion ait pénétré de 30 à 37 km à l’intérieur du territoire turc. Or, ceci est contredit par la carte radar publiée par les autorités turque à l’appui de leurs dires.

Mais, il y a une autre explication possible. Cela implique implicitement, si cette information est vraie, que la Turquie entendait faire régner une « zone d’exclusion aérienne » au-dessus de la Syrie, et ceci sans mandat ni délégation des Nations-Unies. Les avions turcs auraient ainsi tiré depuis une position juridiquement illégale.

2. Le gouvernement russe prétend que l’avion n’a jamais pénétré l’espace aérien turc. Il se fait que l’appareil s’est écrasé en territoire syrien. Cela implique, au minimum, qu’il volait vers la Syrie au moment où il a été touché par un missile (sans doute un missile air-air tiré depuis un F-16 de l’aviation turque). On ne peut pas exclure, au vu de la zone où l’appareil s’est écrasé, qu’il ait été atteint alors qu’il volait au-dessus du territoire syrien. Si cela est vrai, nous sommes devant une seconde illégalité commise par la Turquie.

3. L’aviation turque est connue pour violer, de manière régulière depuis des années l’espace aérien de la Grèce mais aussi de Chypre. On s’interroge donc sur la soudaine sensibilité de la Turquie à la défense de ses frontières, elle qui fait preuve de la plus grande insouciance quand il s’agit des frontières d’autrui. A l’illégalité de l’action vient alors s’ajouter l’impudence d’une puissance qui se considère, dans cette zone frontalière, en pays conquis.

4. Au-delà de cette situation, l’attitude du gouvernement turc autour de la crise syrienne et de DAESH soulève de nombreux problèmes :

Le gouvernement turc, sous prétexte d’intervenir contre les forces islamistes bombarde en réalité les combattants kurdes qui, eux, se battent bien contre DAESH. On a eu d’autres exemples de cette attitude hypocrite lors du siège de Kobané.

Le gouvernement turc tolère, et c’est le moins que l’on puisse en dire, la contrebande de pétrole qui est l’une des sources de financement de DAESH. On sait aussi que si le gouvernement turc fermait ses frontières avec la Syrie, DAESH serait rapidement étouffé financièrement. On sait, enfin, que les avions russes (et américains) s’attaquaient systématiquement à ce trafic en bombardant les colonnes de camions de DAESH qui transportent le pétrole jusqu’à la frontière turque.

Des journalistes indépendants qui enquêtaient sur les collusions possibles entre l’appareil d’Etat turc et DAESH, et en particulier sur de possibles livraisons d’armes, ont été emprisonnés ou tués.

Quant à la crise des réfugiés, que l’Europe connaît depuis l’été 2015, elle apparaît comme fortement liée à la volonté du gouvernement turc de faire pression sur l’Union européenne. Ce gouvernement avait d’ailleurs obtenu une forme de reconnaissance de l’importance de son action pour la gestion de cette crise.

5. Dans ces conditions, quand Vladimir Poutine parle d’un « coup de poignard dans le dos », il a entièrement raison. Ce coup de poignard ne vise pas que la Russie mais l’ensemble des forces internationales qui luttent contre DAESH. Mais, si la Turquie a pu se permettre de donner ce coup de poignard, c’est aussi parce qu’elle est un pays membre de l’OTAN et qu’elle sait que la Russie n’exercera pas de représailles militaires contre elle. Dès lors, il convient de s’interroger sur le jeu politique joué tant pas la Turquie que par les Etats-Unis, qui prétendent pourtant lutter contre DAESH. On attend, avec un intérêt, de voir quelle sera la réaction américaine à cet incident, et si les Etats-Unis exerceront alors les pressions qui s’imposent pour ramener le gouvernement d’Erdogan à de meilleures dispositions.

6. Pourtant, les relations économiques sont étroites entre la Russie et la Turquie, du gazoduc reliant la Russie à la Turquie via la Mer Noire, aux nombreuses entreprises turques qui travaillent en Russie, et en passant par les touristes russes, nombreux, qui vont passer leurs vacances en Turquie.

Dès lors, on ne peut que s’interroger sur l’attitude du gouvernement turc. Estime-t-il que, protégé par l’OTAN mais aussi par ses liens économiques multiples avec la Russie, il peut tout se permettre ? Est-on en présence d’une lutte de clans au sein de la grande-bourgeoisie turque, et le clan qui soutient Erdogan règle-t-il ainsi ses comptes avec d’autres factions qui pourraient être liées au commerce avec la Russie ? Enfin Erdogan, dont la position politique reste fragile en dépit de sa victoire lors des récentes élections, a-t-il décidé de jouer sur la carte nationaliste en réveillant la vieille inimitié entre la Russie et la Turquie ?

7. Une leçon de ces événements s’impose. Plus que jamais, le gouvernement français doit prendre ses distances à la fois vis-à-vis de la Turquie mais aussi vis-à-vis de l’organisation militaire de l’OTAN, dont on voit aujourd’hui qu’elle pourrait être utilisée comme paravent par un gouvernement irresponsable.

Source : russeurope.hypotheses.org

Jacques Sapir

C) La Turquie abat un avion russe et veut saisir l’Otan (L’Humanité)

La Turquie a décidé de saisir l’Otan, dont elle est membre, et l’ONU, après avoir abattu un avion de combat Su-24 russe ayant violé son espace aérien à sa frontière avec la Syrie. Moscou conteste cette version des faits.

"Le ministère des Affaires étrangères va prendre les initiatives nécessaires auprès de l’Otan et de l’ONU, au niveau des pays concernés, sur instruction d’Ahmet Davutoglu", ont indiqué les services du Premier ministre turc dans un communiqué. La Turquie est membre de l’alliance atlantique. L’aviation turque a abattu ce mardi matin un avion militaire, alors non identifié, qui avait, selon eux, violé son espace aérien près de sa frontière avec la Syrie. Les chaînes d’information NTV et CNN-Türk ont diffusé des images de la chute d’un avion militaire en feu s’écrasant dans les montagnes proches de la frontière turque, en face de la province de Hatay (sud). L’avion s’est révélé être un avion de combat Su-24 russe.

Les pilotes sont en Syrie. L’un des deux pilotes a été capturé par des rebelles syriens qui combattent le régime de Bachar al-Assad dans les montagnes proches de la frontière turque, a rapporté la chaîne de télévision turque CNN-Türk. Pour Moscou, l’avion n’a jamais violé l’espace aérien turc. Il "se trouvait exclusivement dans l’espace aérien syrien", a souligné l’armée russe alors que des sources à la présidence turque ont affirmé de leur côté que l’avion avait "été abattu conformément aux règles d’engagement après avoir violé l’espace aérien turc malgré les avertissements". "Le sort des pilotes reste à définir. Selon des premières informations, les pilotes ont réussi à s’éjecter", a précisé le ministère russe de la Défense.

Lorsqu’il a été touché par des tirs, l’appareil se trouvait à 6.000 mètres, selon le ministère russe. "Les circonstances de la chute de l’avion sont en train d’être déterminées", a-t-il ajouté.

Vive tension diplomatique. Le 3 octobre dernier, des chasseurs turcs avaient intercepté un avion militaire russe engagé en Syrie qui avait violé leur espace aérien et l’avaient forcé à faire demi-tour. Moscou avait alors mis en cause les "mauvaises conditions météo". L’armée turque avait également abattu le 16 octobre un drone de "fabrication russe" qui avait pénétré dans le ciel turc. Washington l’avait identifié avec quasi-certitude comme appartenant à l’aviation russe, ce que Moscou a toujours nié. La tension entre les deux pays s’est encore accrue ces derniers jours, après une série de bombardements russes qui ont, selon Ankara, visé des villages de la minorité turcophone de Syrie. La Turquie a convoqué vendredi l’ambassadeur russe pour le mettre en garde contre les "sérieuses conséquences" de cette opération.

D) LA TURQUIE ABAT UN CHASSEUR-BOMBARDIER RUSSE ! Mais que cherchent donc les faucons de l’OTAN ?

Un bombardier russe Sukhoi Su-24 engagé dans l’opération contre le groupe terroriste Etat islamique (EI) en Syrie s’est écrasé mardi sur le territoire syrien, à 4 km de la frontière turque, alors qu’il rentrait à la base syrienne de Hmeimym après une mission. Selon les premières informations, les pilotes ont réussi à s’éjecter.

Le président russe Vladimir Poutine a fait une déclaration suite à l’incident, annonçant que le Su-24 avait été abattu dans l’espace aérien syrien par un missile air-air tiré par un chasseur turc F-16.

La Turquie a déclaré que ses chasseurs F-16 avaient abattu le bombardier russe suite à une violation de son espace aérien. Toutefois d’après les données objectives des systèmes de contrôle, l’avion se trouvait dans l’espace aérien syrien, a précisé le ministère russe de la Défense.

Mais que cherche donc les faucons de l’OTAN ?

Dans quelle hécatombe veulent-ils plonger les Peuples ?

Si c’est un jeu , il est horriblement dangereux pour la paix dans le monde !

Il est grand temps que se lèvent tous les INDIGNES pour dire ASSEZ ! Bas les pattes de l’hypocrisie ! La Turquie soutien de DAESCH ? On savait cela économiquement et matériellement !

L’avion russe n’était pas en opération contre la Turquie et ne représentait pas de menace militaire pour ce pays. Aussi, la réaction d’Ankara n’a-t-elle pas de justification, selon un homme politique français.

Un bombardier russe engagé dans l’opération contre le groupe terroriste Etat islamique (EI) en Syrie a été abattu par un chasseur turc, ce qui est difficile à comprendre si on reste dans le domaine de la logique, a avoué à Sputnik le député de la 3e circonscription de la Charente, Jérôme Lambert.

"L’avion russe manifestement n’était pas en opération contre la Turquie et ne représentait pas une menace militaire contre la Turquie. Je ne sais pas si cet avion s’est introduit sur quelques instants sur quelques kilomètres dans l’espace aérien turc mais même si c’était le cas, dans le cadre de l’opération que nous sommes censés mener conjointement contre les terroristes agissant en Syrie, la Turquie n’avait, à mon sens, aucune raison d’abattre l’avion russe", a déclaré M.Lambert.

Le député s’est dit surpris de la réaction turque qui ne s’apparente, selon lui, qu’à une opération politique de la Turquie à l’encontre des forces qui se coalisent contre les terroristes agissant en Syrie et que la Turquie a pendant longtemps soutenus d’une certaine façon en fermant les yeux et en ouvrant les frontières.

"Cette manifestation des Turcs est assez inquiétante (…) heureusement, la Russie est restée maître de ses nerfs (…) et n’a pas riposté aux tirs de la Turquie, mais c’est une situation grave", a constaté M.Lambert.

Et d’espérer que, lors du Conseil de l’Otan, les alliés de la Turquie, en premier lieu les Américains mais aussi les Français, demanderaient aux Turcs d’agir avec discernement et de ne pas attaquer des alliés qui luttent en Syrie contre le terrorisme.

Source de cet article B : http://fr.sputniknews.com/internati...


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