AUX URNES CITOYENNES ET CITOYENS !

samedi 5 décembre 2015.
 

Malgré les interdictions de manifester prises à coup d’arrêtés préfectoraux dans le cadre de l’état d’urgence, de nombreuses mobilisations ont eu lieu ce dimanche 29 novembre un peu partout en France. Des rassemblements et manifestations dans plusieurs villes (Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux, Montpellier...), plus de 10 000 citoyen-ne-s participant à la chaîne humaine spectaculaire à Paris, un parterre de chaussures sur la Place de la République : autant de démonstrations du refus des citoyens de laisser la COP21 se tenir à huis clos, bunkérisée et sous la seule pression du lobbying des multinationales sponsors. Autant de démonstrations également de l’attachement citoyen aux libertés démocratiques et parmi elles, celle du droit de manifester.

Mais les médias ont décidé de ne parler que des violences qui ont eu lieu plus tard dans l’après-midi Place de la République , en se gardant bien de retranscrire la réalité des faits. Ils ont mis en avant les quelques dizaines de casseurs étrangers à la manifestation, ignorant les milliers de citoyens pacifiques, dont plusieurs ont essayé de protéger le mémorial aux victimes la fois des éléments violents et des charges policières. Bilan : 341 gardes à vue, pour l’essentiel des personnes, mobilisées ou non pour le climat, ayant commis le seul crime de s’être trouvés Place de la République. Hollande osant même justifier l’interdiction de manifester au nom des dérapages.

La ficelle est grossière et bien connue. Le gouvernement interdit les manifestations, renforce le climat de tension et de peur, organise provocations et répression policière. Vous obtenez quelques images choquantes de violences et résultat, vous justifiez mieux encore la répression et les interdictions de manifestation… L’état d’urgence montre sa seule utilité : non pas celle de lutter contre le terrorisme, mais d’opérer un contrôle social et la criminalisation de l’action militante.

Durant toute la semaine précédant les mobilisations citoyennes de ce dimanche, les dérapages dans le cadre de l’application de la loi de prolongation de l’état d’urgence se sont d’ailleurs accumulés, visant à assimiler le militantisme à du terrorisme. Des militants du droit au logement et de soutien aux migrants arrêtés, le conseiller légal de la Coalition Climat comme 24 autres militants écologistes considérés comme opposants à Notre-Dame des Landes assignés à résidence, un maraîcher perquisitionné comme si des colis piégés se planquaient dans ses carottes bio, les opposants au centre de déchets de GDE évacués... Aussi, de nombreux dérapages ont révélé un climat d’amalgame nauséabond, ciblant de nombreux citoyens du fait de leur croyance musulmane réelle ou supposée.

Pendant ce temps, les chiffres du chômage explosent tandis que le couvre-feu est imposé aux luttes sociales et la Conférence climat a commencé au Bourget laissant peu de suspens quant à son issue. Le texte proposé à la co-signature des Etats ne se base que sur les engagements volontaires d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’addition de ces bonnes intentions, comme l’a annoncé l’ONU, nous dirige tout droit vers un réchauffement de 3° voire plus, quand le seuil d’un maximum de 2° de hausse s’avère déjà bien trop élevé. L’accord ne sera pas contraignant, les moyens alloués aux pays les plus vulnérables sont insuffisants et incluent des prêts et aides privées remboursables. La France ne fait pas mieux.

Comme l’action de détournement de 600 panneaux publicitaires réalisée par le collectif “Brandalism” l’a si bien démontré avec ses affiches réalisées par de nombreux artistes, les responsables du réchauffement climatique sont d’abord et avant tout les tenants du système productiviste, multinationales et gouvernements dont la politique sert leurs intérêts.

Pourtant des solutions existent ! Elles nécessitent de repenser radicalement nos modes de développement. Arrêter de produire n’importe quoi, n’importe comment et n’importe où ! Pour cela, il faut cesser de laisser la maîtrise au marché et engager au contraire une planification écologique, avec l’Etat et le contrôle citoyen garants du temps long et de l’intérêt général. Cela nécessite également d’instaurer un protectionnisme solidaire visant à imposer les circuits courts, promouvoir la souveraineté alimentaire et plus globalement économique. Nous estimons également qu’il est autant nécessaire qu’urgent de laisser 80% des carburants fossiles dans le sol, d’engager la transition énergétique via à la fois la prise en compte de la nécessaire sobriété énergétique et le développement des énergies renouvelables. Cette transition énergétique, pour être effective, a grand besoin d’un pôle public de l’énergie sous contrôle citoyen, pour ne pas sombrer dans les fausses solutions telle que le développement du nucléaire.

Ces orientations nationales se déclinent également au niveau régional. Dans l’ensemble des listes dans lesquelles nous sommes engagées, nous défendons le principe de la règle verte, que nous souhaiterions voir constitutionnalisée dans la 6è République. Tout grand projet d’aménagement ou d’investissement régional doit démontrer qu’il ne contribue pas au réchauffement climatique, ne ponctionne pas plus de ressources naturelles que la nature elle-même ne peut renouveler et ne produit pas plus de déchets que ce que la planète peut absorber. Voilà pourquoi nous sommes opposés à nombre de Grands Projets Inutiles et Imposés (GP2I) ! Voilà pourquoi nous souhaitons également engager nos régions dans la démarche zéro déchets, pour la réduction de l’envahissement publicitaire, le retour en régie publique de l’eau, le soutien aux transports en commun publics et notamment aux TER, la défense de l’agriculture paysanne et bio en circuit court contre les fermes usines, la relocalisation industrielle…

Engager les régions dans une planification écologique commence aussi par une rupture incontournable avec les politiques d’austérité. Dans une majorité de régions, notre parti s’est engagé dans des listes faisant converger des démarches citoyennes et le rassemblement des forces d’opposition de gauche. A quelques jours du scrutin, concentrons nos énergies pour mobiliser sans relâche !

Et n’oublions pas l’essentiel, ce scrutin est le dernier rendez-vous électoral avant 2017. C’est donc la dernière occasion dans les urnes de sanctionner autant le gouvernement que le tripartisme FN/LR/PS dans lequel nos institutions de la 5ème République et son système oligarchique veulent nous enfermer !

Alors aux urnes citoyennes et citoyens !

Danielle Simonnet Co-coordinatrice politique


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