Régionales 2015 1er tour Analyse des résultats

vendredi 25 décembre 2015.
 

Deux millions de citoyens supplémentaires étaient inscrits sur les listes électorales par rapport aux régionales de 2010. Cela ne s’est pas traduit par un regain d’intérêt pour le vote lors du 1er tour. Même si elle se tasse légèrement en passant de 53 à 50 %, l’abstention continue ainsi de toucher un électeur sur deux. La dramatisation médiatique, solférinienne et patronale de la menace FN n’a donc pas produit de sursaut de mobilisation. Au contraire, c’est dans les régions où le FN progresse le plus fortement que l’abstention recule plus nettement qu’ailleurs. Ainsi en Nord-Pas de Calais/Picardie, l’abstention recule de 55 à 45% et le FN bondit de 18 à 41%. Le fait qu’il progresse même de 125 000 voix dans cette région par rapport à la présidentielle de 2012 confirme que c’est lui qui profite de ce regain de participation. Exactement le même phénomène s’est produit en Provence-Alpes-Côte-D’azur. En concentrant depuis des semaines l’attention sur ces deux régions, les médias dominants les ont littéralement assignés au FN. Dans une moindre mesure, le regain de mobilisation est aussi le fait d’électeurs de droite comme en atteste par exemple le recul de 5 points de l’abstention à Neuilly ce qui permet à Valérie Pécresse de progresser encore par rapport à 2010 en atteignant 69%. A l’inverse dans des départements populaires où le FN et la droite restent largement en dessous de leur moyenne nationale comme la Seine-Saint-Denis, l’abstention ne bouge pas et reste au niveau considérable de 63%. L’abstention a donc joué en défaveur de la gauche, et encore plus de l’autre gauche.

La droite doublée par le FN

Le FN double la droite. Aux européennes 2014, le total droite (UMP et UDI-Modem) devançait de 5 points le FN. En réalisant l’union Républicains-UDI-Modem, la droite pensait arriver en tête au soir du 1er tour des régionales. Raté. Elle devance nettement le PS mais le FN obtient 27,7% contre 26,6% à la droite. Là où le FN obtient 6 millions de voix (94% du score de Le Pen à la présidentielle 2012), la droite n’en obtient que 5,8 millions (44% des voix de Bayrou et Sarkozy en 2012). Le FN progresse de 1,3 million depuis les européennes alors que la droite stagne. En métropole, la droite est devancée par le FN dans 6 régions, une sur deux. Et elle ne le devance en Normandie que de 2000 voix. Dans plusieurs régions, l’écart entre FN et droite est énorme : plus de 15 points et 350 000 voix dans le Nord-Pas-de-Calais/Picardie. C’est le double de l’écart aux européennes 2014 ! Là où le FN ne devançait la droite que d’une courte tête aux européennes, l’écart se creuse très fortement : 14 points et 250 000 voix en PACA, 13 points et 260 000 voix en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon où le candidat de droite Dominique Reynié n’obtient même pas 20%. Ces résultats devraient renforcer le débat à droite : en effet, les 3 listes menées par les centristes de l’UDI sont en difficulté (devancées par le FN en Bourgogne et Centre, à égalité avec celui-ci en Normandie) quand Laurent Wauquiez, Républicains de l’aile dure, arrive en tête en Rhône-Alpes 6 points devant le FN.

Le PS battu une 4e fois

Après les défaites municipales, européennes et départementales, le parti au pouvoir subit une 4e défaite en 18 mois. Au niveau national, il obtient 23,12% et 5 millions de voix, en recul de 700 000 voix et 6 points par rapport à 2010. Il est nettement distancé par la droite et par le FN au niveau national mais aussi dans 5 régions sur 12. Dans le Nord-Pas-de-Calais/Picardie et en PACA, il a même décidé de se faire hara-kiri en retirant ses listes du 2e tour après avoir obtenu seulement 18% et 16%. Le prétendu « rempart » PS contre le FN était en carton-pâte. Le PS ne peut compter que sur le fort score du FN pour espérer conserver quelques régions dans les triangulaires, très loin du triomphe de 2010 (21 régions gagnées sur 22).

« La gauche » en net repli

Le PS essaie de cacher sa défaite en faisant appel au total des voix de gauche. Avec environ 36% des voix, cela permet au porte-parole du gouvernement de dire que « la gauche est le premier parti (sic) de France » repeignant ainsi tout le monde en soutient du gouvernement. Mais ce total ne masque pas un fait : une fois encore le PS entraine toute « la gauche » dans sa chute. Si le total des voix de gauche progresse très légèrement par rapport aux européennes de 2014 où il avait atteint un plus bas historique, il s’effondre littéralement par rapport aux autres élections précédentes. C’est 8 points de moins qu’au premier tour de la présidentielle 2012 et 17 points de moins qu’au premier tour des élections régionales de 2010. Il atteint même un niveau plus bas historique en PACA avec seulement… 25% des voix ! En 2010, le gauche y totalisait 45% ! Dans le Nord-Picardie aussi la dégringolade est stupéfiante. La « gauche » totalise 671 000 voix soit 30% des suffrages contre 973 000 voix et 54% en 2010 !

L’autre gauche en miettes

Eclatée entre plusieurs listes dans toutes les régions sauf deux, elle paye au prix fort son invisibilité nationale. Le ministère de l’Intérieur distingue ainsi 5 catégories : extrême gauche présente dans les 13 régions métropolitaines (334 000 voix, 1,54%), Front de Gauche seul mais uni, présent dans 6 régions (541 000 voix, 2,49% nationalement), PCF seul dans 4 régions (337 000 voix, 1,55% nationalement), EELV alliés au FDG ou au PG dans 4 régions (607 000, 2,8% nationalement), EELV seul dans 9 régions (830 000 voix, 3,83% nationalement).

L’addition plus fine permet de dégager un score de 6,00% pour les listes soutenues par le Parti de Gauche sur les 10 régions où il participait, soit 5,23% une fois ce score ramené à la totalité des régions métropolitaines. Au total, les listes soutenues par l’une ou l’autre (ou toutes) des forces du FDG totalisent 6,41% sur 13 régions métropolitaines en stagnation par rapport aux européennes 2014 et aux régionales 2010. Les partis du FDG, toutes configurations confondues plafonnent juste au-dessus d’un million de voix très loin des 4 millions de voix de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2012.

Pour EELV, c’est une débâcle. Le score national est inférieur de moitié aux succès de 2012 et en net recul par rapport aux européennes de l’an dernier (1,4 million de voix contre 1,6 million l’an dernier et 2,4 millions en 2010. 6,6% contre 9% aux européennes 2014 et 12% aux régionales 2010). Les listes rassemblant EELV et tout ou partie du FDG réalisent des scores bien loin des espérances et des totaux des forces agrégées. Ainsi en PACA, la liste FDG-EELV obtient 116 000 voix et 6,54%. Par rapport au total FDG+EELV aux élections précédentes, c’est près de moitié moins de voix et à peine un tiers du score (14% aux européennes 2014, 17% aux régionales 2010). Et ici comme pour la liste PCF dans le Nord, le retrait du PS signera la disparition de toute la gauche des conseils régionaux élus.

Le tassement des dynamiques citoyennes par rapport aux élections départementales

Dans les centres urbains comme dans les départements ruraux, les rassemblements citoyens qui avaient pu effectuer des percées importantes lors des dernières départementales n’ont pu rééditer ces percées.

Ainsi, s’ils continuent de réaliser des scores intéressants dans les centres urbains, ceux-ci, très souvent divisés en deux listes concurrentes, sont en baisse notable par rapport au mois de mars :

- à Lille, 20% aux départementales contre 17,5% aux régionales (11,5% pour la liste PG/EELV/Nouvelle Donne et 6% pour la liste PCF) ;

- à Grenoble, 29% aux départementales contre 20,4% aux régionales dans deux configurations similaires (PG/EELV/Nouvelle Donne) ;

- à Toulouse, 22% aux départementales (16% pour les binômes Alternative Citoyenne et 6% pour des listes PCF/Ensemble) contre 16,29% aux régionales ;

Le même type de phénomène s’observe dans des départements plus ruraux :

- dans l’Aveyron, 15,22% aux départementales contre 10,08% aux régionales ;

- dans le Jura, 15,89% aux départementales contre 9,92% aux régionales (5,22% pour la liste FDG et 4,7% pour la liste EELV) ;

- dans le Lot, 14,59% aux départementales contre 11,5% aux régionales.

Si les listes de rassemblement permettent un score cumulé plus important, elles ne semblent pas aujourd’hui générer de dynamique d’entrainement. Elles sont victimes comme toutes les listes d’opposition de gauche du discrédit global jeté sur la gauche par Hollande et sa politique, en particulier dans les quartiers populaires. Mais l’incapacité de l’opposition de gauche à apparaitre comme une force rassemblée nationalement, lisible et durable reste le problème majeur qu’elle doit affronter.
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