« NATIONAL » (par François Taillandier)

jeudi 7 janvier 2016.
 

Je parlais la semaine passée des marques déposées en politique, telles « républicain » ou « socialiste », et des polémiques qui peuvent en découler. Là-dessus, j’apprends que l’envie de se rebaptiser tarauderait aussi le Front national. Mon verdict est simple  : cela signifierait qu’il est contaminé par cette idéologie moderne qu’il prétend pourtant combattre, et qui s’appelle le politiquement correct. Celui-ci, en effet, consiste notamment à changer les mots dans l’espoir d’atténuer (ou masquer) les réalités. On remplace la mort par la fin de vie, on écrit « citoyen-ne-s » et on croit avoir avancé.

Décidément, tout fout le camp  ! Que le FN sacrifie à son tour à cette manie d’édulcoration, à ce prurit mitigatif, voilà qui désolera ses militants les plus fervents, et le menhir Jean-Marie Le Pen ne s’y est pas trompé. Mais pourquoi, au fait  ? Ce n’est pas bien, « national »  ? Cela fait mauvais genre, « national »  ? Cela marque mal  ? Ça sent le pâté  ? Ce genre de pudeur subite, de vergogne mal assumée, est toujours un mauvais symptôme. Dans la vie, il faut s’affirmer tel qu’on est, tranquillement, sans fausse honte. À moins, bien sûr, que l’on n’ait quelque chose à cacher.

Mais, à bien y regarder, la maladie couvait déjà, depuis que quelqu’un (j’ignore qui) avait inventé le « Rassemblement bleu Marine ». Outre le jeu de mots bêta sur le prénom de la patronne (qui, par bonheur, ne s’appelait pas Rose, Violette ou Garance), cela revenait à céder à une autre toquade  : celle des couleurs. Nous avions les Verts, nous avions le rose socialiste. Le Modem avait choisi la couleur orange. Et j’ai le souvenir que, dans un temps pas très ancien, l’ex-UMP avait un court instant songé à s’appeler la Maison bleue, avant que le sens du ridicule (et peut-être une chanson de Maxime Le Forestier) ne la détourne d’une telle initiative.

M. Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, justifie cette hypothèse en disant que « tout doit être fait pour présenter le meilleur visage humain » du Front national. Étrange aveu  ! Qu’était donc son visage, s’il n’était pas humain  ? Inhumain  ? Animal  ? Quant à M. Philippot, il assure que « rien n’est tabou ». Alors là, M.Philippot, si maintenant vous aussi voulez lever les tabous, vous y êtes, dans le conformisme, des deux pieds et jusqu’à la culotte. Et vous finirez comme les autres dans le marketing électoral. C’est, d’ailleurs, je pense, le but de votre vie.


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