SIDACTION , comment éveiller les cœurs et les consciences ?

lundi 17 mai 2021.
 

Comme tous les ans depuis 1994, le Sidaction appelle aux dons durant ces trois jours du weekend pour aider la recherche contre le Sida, et à la prise en charge des patients séropositifs. Cette année, le mot d’ordre est de « ne pas crier victoire trop vite », car si les avancées sont réelles, le combat est loin d’être terminé.

e ce vendredi 5 jusqu’au dimanche 7 avril, 20 chaînes de télé et stations de radio se mobilisent pour le Sidaction. Sur les écrans, de petits rubans rouges invitant à téléphoner au 110 accompagneront tous les programmes appelant à la générosité. Mais l’argent peut être versé jusqu’au 18 avril, via le site internet www.sidaction.org.

Voilà près de 20 ans que ce rendez-vous est devenu régulier. L’association Sidaction, fondée par Pierre Bergé en 1994, récolte des fonds qu’elle reverse à hauteur de 50 % pour financer la recherche publique contre le VIH, tandis que l’autre moitié sert à prévenir et accompagner des malades de France et de 29 pays en voie de développement. L’an passé, 4 millions d’euros avaient été récoltés. Espérons que les chiffres gonfleront encore cette année.

Car, rappelons que malgré les progrès indéniables de la science ces dernières années, le fléau du Sida est loin d’être éradiqué. Comme un cri de guerre pour inviter chacun à rester vigilant, le mot d’ordre de cette édition 2013 est de « ne pas crier victoire trop vite ».

En 2011, la France a compté 160000 porteurs du VIH, 50000 seraient porteurs sans la savoir, 6100 découvertes de séropositivité parmi les homosexuels, 800 nouveaux cas dont 12% de moins de 25 ans.

En 2012, grâce à vos dons

85 jeunes chercheurs ont été soutenus par Sidaction pour un montant de 2,4 millions d’euros.

40 000 personnes sont mises sous traitement dont 5 000 enfants grâce aux structures de santé africaines soutenues par Sidaction.

147 projets d’aide aux malades et de prévention menés par 77 associations françaises soutenues par Sidaction.

Comment vos dons seront-ils utilisés ?

- 73 % consacrés aux missions sociales

- 18 % financent les frais de collecte

- 9 % couvrent les frais de gestion

1) Le sida tue encore. Ses ravages sont énormes

On ne le répètera jamais assez, le sida tue encore. Il n’a pas disparu de la surface de la terre et les ravages sont énormes.

Les efforts de prévention du VIH se sont nettement accrus et améliorent la situation. Cependant, ils ne font pas encore reculer l’épidémie.

L’an dernier :

• 2,7 millions de nouvelles contaminations

• 33 millions de séropositifs

• 2 millions de morts du sida

dont :

Afrique subsaharienne :

• 1,9 millions de nouvelles contaminations

• 22 millions de séropositifs (soit 67 % du total mondial)

• 1,5 millions de morts du sida

Europe Orientale et Asie Centrale :

• 110 000 nouvelles contaminations

• 1,5 millions de séropositifs

• 58 000 morts du sida

Asie du sud et sud-est :

• 330 000 nouvelles contaminations

• 4,2 millions de séropositifs

• 340 000 morts du sida

L’épidémie en France (données pour 2008) :

VIH-sida : les hommes homosexuels particulièrement touchés en France et en Europe

• 6 500 découvertes de séropositivité

• En 2008, 67% des personnes découvrant leur séropositivité sont des hommes, proportion qui augmente régulièrement depuis 2003 (58%).

• L’âge moyen au diagnostic d’infection à VIH en 2008 est de 38,2 ans. L’âge moyen a augmenté chez les femmes depuis 2003 (de 33,7 à 36,0 ans), il est stable chez les hommes autour de 39 ans.

• Les personnes de nationalité étrangère représentent 41% des découvertes de séropositivité, proportion en diminution depuis 2003 (52%).

• Parmi les personnes découvrant leur séropositivité en 2008, 60% ont été contaminées par rapports hétérosexuels, 37% par rapports homosexuels et 2% par usage de drogues injectables.

L’InVS conclut dans son rapport annuel (BEH) que "l’année 2008 est marquée par une stabilisation à la fois de l’activité de dépistage du VIH, du nombre de découvertes de séropositivité et du nombre de cas de sida, stabilisation qui peut paraître préoccupante puisqu’elle fait suite à une période où ces indicateurs de surveillance de l’infection par le VIH étaient dans une phase de diminution. "

Il y a bien la tri-thérapie, mais ce que l’on sait moins, ce sont les effets secondaires liés à la prise de médicaments à long terme.

Ce sont les reins qui trinquent et qui, à la longue, risquent de perdre leur fonctionnalité.

Une personne de mon entourage proche vient de se voir déclarer la perte d’un rein et la déficience du rein restant et son compagnon est atteint au coeur.

Non, le Sida est bien accroché à nos basques. Seule la prévention peut l’éradiquer un tant soit peu.

2) « La recherche sur le sida est en faillite » Entretien avec le président de Agence nationale de la recherche sur le sida, Jean-François Delfraissy

Jean-François Delfraissy est directeur de l’ANRS. Il pointe l’échec de la prévention et dresse un état des lieux de la recherche. Pour lui, elle ne parviendra pas à maintenir son niveau d’excellence sans l’aide financière de l’Etat.

Quel est le niveau 
de progression du virus 
du sida dans le monde  ?

Jean-François Delfraissy. En France et dans les pays du Nord, il y a des traitements et des trithérapies qui permettent de bloquer la multiplication du virus et de vivre avec, malgré les effets secondaires. Mais cela ne suffit pas. On ne peut pas s’arrêter aux traitements qui ne font que bloquer le virus. On a affaire à une maladie infectieuse. Il faut parvenir à l’éradiquer. Quand on arrête les antiviraux, le virus repart immédiatement sous une forme dormante, dans des réservoirs situés à différents endroits du corps, que l’on n’arrive pas à éliminer. Il y a donc toute une partie des recherches qui repose sur la nécessité de mieux comprendre ce virus réservoir.

Pourquoi, selon vous, la prévention ne suffit-elle pas  ?

Jean-François Delfraissy. Le sida reste l’épidémie majeure en ce début du XXIe siècle. On est dans un relatif échec de la prévention. C’est un constat. Le message quasiment unique, c’est de modifier les comportements sexuels et d’utiliser le préservatif. Ce message unique est indispensable. Mais il n’est pas suffisant. Il faut développer de nouvelles stratégies de prévention  : on peut travailler sur les comportements sexuels, ce qui n’est pas aisé ; on peut surtout médicaliser cette prévention. C’est-à-dire utiliser de nouveaux outils, dont les antiviraux. En traitant les gens très tôt, on élimine le nombre de personnes susceptibles de contaminer les autres. C’est une question de recherche qui se pose. C’est aussi l’utilisation des antiviraux avant ou après un acte sexuel à risques. Sans oublier la mise au point d’un vaccin.

Vous alertez le gouvernement sur le manque de moyens financiers…

Jean-François Delfraissy. Pour faire avancer la recherche, il faut des moyens. Les essais sont très coûteux. L’ANRS n’a pas vu son budget modifié depuis 2005, alors que les hépatites sont arrivées et qu’il a fallu augmenter les budgets à cet effet. Il a aussi fallu financer les bourses de recherche dans le cadre du VIH. Jusqu’à présent, le financement de l’agence était à hauteur de ce qu’elle pouvait faire. En 2010, ça va être difficile  ; en 2011, ce sera impossible. Je me retrouve face à une faillite budgétaire et une faillite scientifique. Je ne pourrai pas financer d’excellents projets reconnus au niveau scientifique international. Je lance donc un appel à l’État. C’est une priorité nationale, qui relève d’une décision politique. La France est la deuxième communauté en termes de production scientifique, après les États-Unis, sur le VIH, avec des budgets qui n’ont rien à voir. Et nous avons eu un prix Nobel de médecine sur ce sujet l’an dernier. Nous n’avons pas de quoi rougir.

Entretien réalsié par Ixchel Delaporte

3) Mobilisation sur les antennes pour le sidaction 2010

Les grandes chaînes, le groupe TF1, France Télévisions, Arte, le groupe M6, mais aussi Europe 1, RTL et trois stations de Radio France (France Inter, France Info et France Bleu) se mobilisent pour le Sidaction en multipliant les appels aux dons. Pour la première fois, onze chaînes de la TNT rejoignent le dispositif. Sidaction mise également sur Internet. En plus du site traditionnel (sidaction.org), un autre site est créé pour l’édition 2010 : www.2010.sidaction.org.

4) SIDACTION , comment éveiller les cœurs et les consciences ?

par Roland Réal, PG 12

Il y a plus de cent cinquante mille séropositifs en France, dont un bon nombre ignorent leur état et continuent à propager le virus.

Ils sont plusieurs milliers en région toulousaine et plus d’une centaine, certainement, dans l’Aveyron.

Pour ceux qui sont soignés par la trithérapie, certes, les choses se sont améliorées depuis dix ans , mais il faut savoir que nombreux sont ceux qui subissent des effets secondaires importants, et même, pour certains, aucun traitement n’est efficace.

C’est dire la difficulté pour ces personnes de vivre au quotidien, souvent.

Mais je tiens surtout à parler ici du rejet que nombre d’entre eux subissent de la part des autres, de l’isolement dans lequel ils se retrouvent parfois, de l’impossibilité de dire, la plupart du temps, même à leurs parents, à leurs amis les plus proches, à leur employeur, qu’ils sont séropositifs de peur d’être immédiatement rejetés.

A la maladie s’ajoute l’exclusion, la précarité, la misère. Qui n’a pas entendu dire dans une émission : « J’ai découvert que j’étais séropositif à l’occasion d’une maladie opportuniste, j’ai été très malade, j’ai suivi un traitement, j’ai dû arrêter de travailler, j’ai perdu mon emploi, j’ai perdu mon logement, j’ai couché dans la rue, mes amis ont préféré m’oublier........je galère. »

Et pourtant nous savons qu’il n’y a strictement aucun danger à fréquenter des séropositifs qui ne sont coupables de rien mais sont surtout victimes de notre ignorance et de notre indifférence.

Nous qui luttons contre les exclusions, la précarité,

Nous qui combattons pour la solidarité entre les individus ,

Nous nous devons de parler haut et fort pour ceux qui se sentent obligés de se taire.

Il y en a assez de cette hypocrisie . Plus tard l’histoire jugera notre peuple coupable de non assistance comme il l’a déjà été.

Bien sûr il faut mettre en avant la prévention, mais il faut aussi s’intéresser à ceux qui sont déjà infectés dans le monde entier.

Le SIDA n’est pas un sujet tabou. Les séropositifs sont des malades qui méritent notre respect et notre appui. Il faut que rapidement vienne le jour où plus personne n’aura honte de parler de son état. A nous de faire que ce jour vienne rapidement, par exemple en rejoignant et aidant comme nous le pourrons les diverses associations impliquées dans cette lutte.

Roland Réal

Article original du 7 avril 2007


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