Nuit debout à Pau : La trouille de la Révolution ?

lundi 18 avril 2016.
 

par Jean Ortiz

Elle s’avance presque en s’excusant de prendre cette parole que « la société » refuse d’ordinaire aux jeunes. Elle s’accroche à son idée : elle « n’est pas pour la révolution » parce que « cela ne concerne que la trajectoire du soleil ». Elle a raison, mais elle évacue la polysémie des mots.

Dans le « Nouveau Petit Robert (sans ironie) » (ed. 1994) « révolution » a certes son sens premier « orbital », mais signifie aussi : « changement soudain... changement brusque et important dans l’ordre social, moral ; transformation complète », et suit sur le « petit Robert », encore lui, un grand nombre d’acceptions... En avant donc.

Comment est-ce possible que l’on ait pu introduire dans le cerveau de cette jeune fille une manipulation sémantique aussi vieille, aussi grossière ? La sémantique sait mentir lorsque les classes dominantes s’en emparent, l’instrumentalisent. Et elles ont (momentanément) gagné la bataille des idées, l’hégémonie culturelle. Comment donc reprendre l’offensive ? Répondre à cette étudiante ? Comment et pourquoi se réapproprier le langage de la révolution ? Pas de recette miracle ! Mais être là où il faut, quand il faut, comme il faut. Prendre les trains à l’heure. Le pire consisterait à aller dans le sens du cheveu, à planquer la tête dans le sable, à réitérer des stratégies d’opportunité, à refuser d’assumer nos responsabilités de révolutionnaires français.

Comment donc répondre à Virginie (pseudo) ? Il y a quelques années nous aurions pratiqué sans doute le « rentre dedans ». Que faire aujourd’hui pour convaincre ? Pas de bréviaire certes, mais assurément ne pas mettre notre identité à la poche, expliquer -sans asséner- jusqu’à plus soif, sans langue de plomb, et surtout rester en lien et « en jeunesse » avec Virginie. Rejeter les : « nous on sait », « tout cela ne va pas bien loin », etc.

L’agora paloise des « Nuits Debout » deux fois par semaine, sous les « gorras » (bérets), lorsqu’il pleut (jeu de mots béarniiais) s’apparente parfois à une séance de psychanalyse collective. Faut-il en rire, dire : « nous en 68... », ou réfléchir sur le ressenti de ce mal-être, sur son pourquoi, sa portée ? Ai-je raison, Liliane, toi qui chantes comme un rossignol ? Virginie veut un autre monde mais redoute la révolution. Grand écart insurmontable propice à toutes les déchirures ? Non, non, à mon humble avis de camarade communiste blogueur flinguant .

Une petite pasionaria à l’assent de chez elle s’approche du micro, décidée, tonique... « Il faut agir dès maintenant !! » et elle invite à décider de déraciner quelques massifs de fleurs urbaines pour les remplacer par des pieds de tomates. A faire trembler le capitalisme !? Pas aussi farfelu que cela puisse paraître... La campagne à la ville ? Faire de pots un jardin ? Belle idée. A cultiver. A polir. Et puis : la plupart des tomates ne sont-elles pas rouges ?... Un peu d’humour éloigne de l’essentiel mais beaucoup y ramène : aucune prise de parole n’a loué, ni en langage fleuri ni en langue ordinaire, « le système », ni chanté les loups anges de la banda hollandaise, ni-na proclamé : « la France va bien » « Tout va bien, je vais bien...(plagiat) ». Quel culot qu’ils ont ces faussaires fossoyeurs ! « Qué morro ! » Quel affront aux livreurs de pizzas motorisés !

Nous ne vivons pas, mais pas du tout, dans le même monde que ces politicards transgéniques, hors-sol, faussement mazettes. « Leur « société » n’est pas la nôtre » (Marcos Ana).

Alors oui : plus et mieux de révolution, de politique : mais AUTREMENT, « autument », « de otra manera ». « ¡Y qué no jodan más ! ». Et qu’ils aillent...

Source : http://www.humanite.fr/blogs/la-tro...


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