Etats-Unis : Sur l’impact de la campagne de Bernie Sanders parmi la classe ouvrière des USA

jeudi 5 mai 2016.
 

Quand la campagne de Bernie Sanders, déclenche une cosmogonie sociale et politique nord-américaine !

Le spectacle d’un candidat à l’investiture du Parti Démocrate qui s’arrête devant un piquet de grève et prend la parole pour soutenir la lutte des grévistes, est suffisamment rare pour qu’il ne passe pas inaperçu même par les medias des Etats Unis. Ceci est donc arrivé le lundi 11 avril au Times Square de New York, le piquet de grève était de 40.000 travailleurs du géant des télécommunications Verizon, mis en grève pour obtenir la convention collective refusée obstinément par le patronat, et le candidat était –évidemment- Bernie Sanders. Coup de pub électoral ? De la démagogie ? Du « populisme » ? Rien de tout ca, tout simplement cohésion et continuité d’une vie passée aux cotés des travailleurs. D’ailleurs, la dernière fois que Sanders avait fait exactement la même chose c’était il y a seulement quelques mois, en octobre passé, à un autre piquet de grève, toujours a Manhattan…

Ça se peut que la gauche européenne -qui brille par son indifférence envers ce qui se passe aux Etats Unis- ignore ces événements, mais par contre, les travailleurs comme les patrons nord-américains les connaissent très bien. C’est d’ailleurs pourquoi le PDG de Verizon Lowell McAdam s’est empressé d’attaquer violement Bernie Sanders, le qualifiant d’ « ignorant », de « détaché de la réalité » et de « méprisable ». Au contraire, les grévistes de Verizon ont acclamé Bernie et leur grand syndicat CWA a décidé de soutenir sa candidature, le qualifiant même de…« champion des intérêts de la classe ouvrière » ! D’ailleurs, ce n’est pas un hasard que Bernie Sanders a fini d’haranguer la foule des grévistes par cette phrase lapidaire : « De la part de chaque ouvrier en Amérique, au nom de tous ceux qui subissent les mêmes pressions, je vous remercie pour ce que vous en train de faire. Nous vaincrons ! ».

Le même jour, un autre grand syndicat, local cette fois, celui des travailleurs des transports de New York (Transit Workers Union-Local 100), décidait de soutenir Bernie Sanders, au grand dam de l’établissement du parti Démocrate de New York, qui considérait ce syndicat comme son fief. La décision des leaders syndicaux était pratiquement unanime (42-1) et elle est symptomatique des grands changements que la campagne de Sanders est en train de produire au sein de la classe ouvrière nord-américaine et de son mouvement syndical. Mais, l’adhésion des 40.000 membres du TWU au camp de Sanders acquiert une importance encore plus grande si on pense qu’il s’agit, dans leur grande majorité, des travailleurs Afro-americains et Latinos, lesquels sont censés suivre presque aveuglement les directives du Parti Démocrate et …le clan des Clinton.

Dix jours plus tôt, le ton de la rencontre organisée à Chicago par le réseau syndicale Labor for Bernie, qui revendique plus de 12.000 adhérents, dont 5 grands syndicats nationaux et 90 unions syndicales locales, était donné par la déclaration introductive suivante : « Nous travaillons pour voir Sanders décrocher l’investiture du Parti Démocrate. Cependant, nous ne faisons pas que ça. Nous allons plus loin en construisant un mouvement de démocratie dans ce pays ». La phrase était claire et était prononcée par Larry Cohen, ancien président du syndicat (600.000 membres) Communications Workers of America, du plus grand syndicat des travailleurs des communications et des medias des Etats Unis. Détail tres significatif : Larry Cohen est aussi « Conseiller Supérieur » de Bernie Sanders.

Notre conclusion est sans appel : la gauche européenne a aujourd’hui le devoir de se mobiliser pour soutenir en actes et avec toutes ses forces, le mouvement de masse sans précédent qui est en train de se construire aux Etats Unis. Tant parce que, en ces temps si adverses, ce mouvement représente le plus grand espoir pour ceux d’en bas, pour l’humanité et pour la planète, que parce que la gauche européenne a beaucoup à apprendre et tout à gagner en s’alliant à lui.

Yorgos Mitralias


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