Organisation de l’élection présidentielle Une formidable régression démocratique

mercredi 11 mai 2016.
 

Le minable 18 Brumaire de Hollande, ou quand le pouvoir et les médias dominants ont peur de la démocratie et de l’égalité !

A un an de l’élection présidentielle, le pouvoir aux abois, en accord avec les médias dominants, a décidé de changer les règles de cette élection, ce qui va à l’encontre des principes démocratiques de base de notre République.

N’assumant pas un tel déni de démocratie, le gouvernement a préféré se cacher lâchement derrière deux propositions de loi présentées par Bruno Le Roux et Jean-Jacques Urvoas visant à « moderniser » (sic) l’organisation de l’élection présidentielle française.

Ces propositions de loi ont été adoptées le 5 avril en catimini par l’Assemblée nationale et dans le silence et l’approbation complice des médias dominants. En fait de modernisation, il s’agit d’une régression démocratique. En effet, les nouveaux textes imposent de ne plus appliquer le principe d’égalité du temps de parole dans les médias télévisuels et radiophoniques dès le dépôt des candidatures, mais de lui substituer le principe d’équité (sic), parti par parti, selon leur degré supposé de représentativité, et ce jusqu’au début de la campagne officielle. Cette pseudo représentativité des candidats serait évaluée par les médias et le CSA selon les résultats obtenus aux plus récentes élections par les candidats ou leurs partis, « la contribution de chaque candidat à l’animation du débat électoral » (sic) ; et les sondages. Donc, les cinq semaines d’égalité théorique d’accès aux médias TV et radio sont restreintes à quinze jours.

De plus, alors que jusqu’à maintenant chaque candidat à l’élection présidentielle devait rassembler ses parrainages de conseillers régionaux ou départementaux, de maires ou de parlementaires pour les re mettre lui-même au Conseil constitutionnel, désormais ce sont ces 47 000 élus qui devront déposer leur parrainage au Conseil constitutionnel. Donc, le candidat n’aura plus aucune maîtrise sur le processus de collecte des signatures.

Lorsqu’on connaît les liens de consanguinité entre les médias audiovisuels dominants, les instituts de sondage et le Medef, on peut être certains que la nouvelle loi favorisera les candidats défendant le système et porteurs des intérêts de classe de la bourgeoisie, qu’elle soit nationale, européenne ou mondiale. Il s’agit en fait de tenter d’interdire le débat politique et le pluralisme afin de transformer l’élection présidentielle en désignation d’un technocrate en charge de la mise en œuvre des directives du Medef, de la Commission européenne et du FMI.

Cette loi vise à remettre les clefs médiatiques de la présidentielle entre les mains de personnages comme Patrick Drahi, propriétaire de Libération, l’Express, et surtout de BFMTV et BFM Business, et impliqué dans le scandale des « Panama pa- pers ». L’objectif est de graver dans le marbre médiatique un système de tripartisme avec comme pivot le FN.

Un acte de faiblesse

Après « la force tranquille » de François Mitterrand, nous sommes en train de connaître « la faiblesse fébrile » d’un pou- voir qui a perdu tout repère et qui, par peur et haine de la démocratie, change les règles, quitte à piétiner les principes républicains élémentaires de base.

Mais au-delà du coup de force, cette loi s’apparente aussi à un acte de faiblesse, certes autoritaire, d’un pouvoir qui détruit chaque jour sa légitimité, et de médias dominants dont la crédibilité comme l’audience sont en perte de vitesse.

Les médias dominants, qui ont fortement appuyé et encouragé ces lois antidémocratiques, pourraient avoir fait un mauvais calcul, car la nature ayant horreur du vide, le vrai débat politique va peut-être s’organiser sur les médias alternatifs qui sont déjà la première source d’information des moins de trente ans. Ces lois confortent la nécessité démocratique de l’existence et du développement de groupes de presse indépendants des puissances de l’argent, comme par exemple l’Humanité, Médiapart, Arrêt sur image... Elles montrent aussi l’archaïsme de l’élection présidentielle au scru- tin majoritaire à deux tours par rapport à la complexité de l’époque, alors qu’il existe d’autres modes de scrutin comme la méthode de Coombs qui permet de mieux prendre en compte la pluralité d’une société. C’est pourquoi le PCF, ses député-e-s, ses sénatrices et sénateurs se sont opposés à ces lois et ap- pellent le Conseil constitutionnel à les censurer


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