Espagne : Podemos et Izquierda Unida font liste commune

jeudi 9 juin 2016.
 

Les deux formations opposées aux politiques d’austérité ont annoncé lundi qu’elles avaient conclu un préaccord pour se présenter unies aux élections législatives anticipées du 26 juin prochain. Les socialistes et Ciudadanos critiquent cette coalition.

Puerta del Sol, où il y a cinq ans commençait le mouvement des Indignés, est le lieu des retrouvailles. C’est là, lundi soir, qu’Alberto Garzon, porte-parole d’Izquierda Unida (IU, écolo-communiste), et Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos, ont annoncé que leurs formations concourraient ensemble lors des élections anticipées du 26 juin prochain. Cette déclaration a fait l’objet d’une mise en scène travaillée. Dans une vidéo postée lundi sur les réseaux sociaux, on voit Alberto Garzon parler du besoin d’alternative. Dans un autre film diffusé parallèlement par Podemos, Pablo Iglesias commence par expliquer que pour « gagner, il faut additionner beaucoup de gens ». Et tous deux, au milieu de leurs messages respectifs, annoncent une « surprise ». Fin des deux vidéos  : les leaders se rejoignent et se font l’accolade à la Puerta del Sol, sous l’œil de militants. Happy end.

Cette annonce était attendue par les militants des deux formations, qui avaient présenté des listes concurrentes lors des élections générales du 20 décembre dernier. Cette entente devait être soumise hier et aujourd’hui aux militants d’IU et de Podemos pour approbation. « Nous ne pouvons pas laisser cette chance de transformer notre pays »

L’objectif de cette union est de « s’additionner pour gagner », avec pour ambition de finir en première position, devant le Parti populaire (PP) du chef du gouvernement, Mariano Rajoy, et de devenir la force hégémonique à gauche en dépassant le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). « Nous ne pouvons pas laisser cette chance (…) de transformer notre pays », a réagi lundi soir Alberto Garzon. Il faut dire que lors du scrutin décisif du 20 décembre dernier Podemos avait rechigné à une union avec Izquierda Unida. Cela avait été dommageable pour l’ensemble des forces anti-austéritaires. Les listes où Podemos figurait seul n’avaient obtenu que 12 % des suffrages. Et son résultat était de 20 % si l’on y ajoutait les listes de Catalogne, du Pays valencien et de Galice où il participait à des coalitions avec IU et des forces régionalistes. IU n’avait pu obtenir, sur ses listes nationales, que deux sièges. Les projections estiment qu’avec l’alliance conclue, les deux formations et leurs déclinaisons régionales auraient pu obtenir 85 sièges, contre 71 actuellement. Un sondage Metroscopia, daté du 1er mai, alors que les pourparlers allaient encore bon train, accorde 22,3 % des intentions de vote à la nouvelle coalition, la plaçant devant le PSOE (20,3 %), mais derrière le PP, crédité, lui, de 29 % des voix.

Dans cette négociation, IU a obtenu ce que Podemos lui avait refusé en novembre dernier  : les logos des deux formations figureront sur le matériel électoral  ; l’organisation écolo-communiste obtiendra un député pour six députés de Podemos, soit huit ou neuf élus. L’entente trouvée lundi n’est qu’un « préaccord », car deux points continuent de faire débat  : à quelles places seront positionnés dans les listes les candidats d’IU et Podemos  ; et le programme minimum commun aux deux formations. Ainsi, il semble qu’il ne comprendra ni l’exigence d’une Troisième République, ni le départ de l’Espagne de l’Otan, mais les députés IU pourront défendre ces options au Parlement. « Sur les questions non établies par le cadre commun, il y a souveraineté de chacune des organisations signataires », lit-on dans le préaccord. Pablo Iglesias veut la formation d’un gouverment progressiste

À peine cette coalition rendue publique que le PSOE et Ciudadanos, qui ont essuyé un refus de Podemos de former avec eux une majorité gouvernementale qui ne tourne pas la page de l’austérité, ont cherché à la disqualifier. « Je crois que le Parti communiste ne doit pas gouverner dans les années qui viennent », a lancé Albert Rivera, de Ciudadanos (droite libérale). Quant à Pedro Sanchez, secrétaire du PSOE, il a appelé les électeurs de Podemos qui refusent une alliance avec IU à voter socialiste. Pablo Iglesias, lui, a rappelé qu’il continuait de « tendre la main au Parti socialiste pour former un gouvernement progressiste » qui en finisse avec la gestion du PP et de ses politiques « qu’elles soient peintes en bleu », les couleurs du parti de Mariano Rajoy, « ou en orange », les couleurs de Ciudadanos, auquel le PSOE a tant tenu à s’allier.

Sénat : Le PSOE refuse l’union. La direction de Podemos a proposé hier au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de présenter des listes communes afin de mettre fin à l’hégémonie du Parti populaire au Sénat. Le mode de scrutin fait que les petites listes sont sous-représentées. Cette offre a essuyé une fin de non-recevoir. « Le PSOE est un parti avec un projet autonome et distinct de celui de M. Iglesias », a répondu Pablo Sanchez, secrétaire du PSOE

Gaël De Santis, L’Humanité


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