Alain Juppé : le meilleur d’entre les thatchériens

samedi 19 décembre 2020.
 

- C) Réaction de la CGT au projet retraite d’Alain Juppé

- B) Retraite à 65 ans : priorité des priorités pour Alain Juppé

- A) Alain Juppé : un avenir angoissant pour le peuple français...

C) Réaction de la CGT au projet retraite d’Alain Juppé

"Au lieu d’essayer de repousser l’âge de la retraite, on ferait mieux de faire travailler les gens jusqu’à l’âge légal" telle est la réponse de Philippe Martinez face au projet d’Alain Juppé de fixer la retraite à 65 ans.

Le secrétaire général de la CGT réitère sa position d’abaisser l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans. Cette mesure permettrait de résorber le chômage des seniors.

Selon la CGT, le recours aux ruptures conventionnelles appliqué aux seniors est un dispositif de "préretraites déguisées". Le syndicat chiffre son coût total à 4,4 milliards d’euros pour l’Assurance chômage.

Philippe Martinez invite ainsi Alain Juppé à retenir son idée pour résorber, en priorité, le problème du chômage et son coût pour la collectivité.

Si cette proposition est à débattre, il serait néanmoins intéressant de mettre dans la balance le coût pour les caisses de retraite de verser plus tôt les pensions de ces jeunes seniors versus l’absence de cotisations retraite durant ces deux voire cinq années.

- Source : http://www.simul-retraite.fr/V2/Act...

B) Retraite à 65 ans : priorité des priorités pour Alain Juppé

Premier ministre en 1995, Alain Juppé avait mené une bataille terrible pour imposer un large recul des droits à la retraite, particulièrement recul de l’âge de départ en retraite et suppression des régimes spéciaux.

Aujourd’hui candidat à la primaire de la droite pour 2016, bénéficiant, semble-t-il, de sondages très favorables parmi les électeurs, quelles sont ses nouvelles priorités des priorités, s’il est élu Président de la République en 2017 :

- décaler l’âge légal de la retraite de 62 ans à 65 ans.

- "harmoniser" les régimes de retraite dans le privé et le public d’où suppression des régimes spéciaux et alignement du calcul des droits des salariés de la fonction publique sur 25 ans de cotisation.

A) Alain Juppé : un avenir angoissant pour le peuple français...

Il veut apparaître comme le Monsieur Propre, un papy bienheureux, expérimenté et modéré, alors qu’il est :

- un homme politique condamné par la justice

- un homme qui a essayé, dès 1995, d’imposer une libéralisation à la Thatcher en France

- Un candidat à l’équipe de campagne marquée MEDEF, au programme d’austérité et de purge sociale

Alain Juppé apparaît en effet comme le grand favori des élections présidentielles du printemps 2017. D’après tous les instituts de sondage, il gagnerait la primaire de la droite puis arriverait en tête au premier tour : 36 à 38% d’après Elabe, 29% d’après l’IFOP, 38% pour BVA et 35% pour IPSOS Cevipof.

Les Français sondés lui prêtent des qualités exceptionnelles :

- pour 44% d’entre eux, il comprend les problèmes des Français comme eux.

- vu comme un "modéré", il bénéficie d’une bonne opinion dans l’électorat de gauche déçu par Hollande, Valls et Macron. Un Français sur cinq le classe ni à droite ni à gauche. 29% le situent au centre droit.

Dans un monde où la publicité sur un produit compte plus que le contenu, constatons la réussite (dans l’immédiat) de la campagne de marketing "Alain Juppé 2017".

Ainsi, il pourrait bénéficier des voix d’une majorité de Français en apparaissant comme le Monsieur Propre, un papy bienheureux, expérimenté et modéré, alors qu’il est :

- un homme politique condamné par la justice le 30 janvier 2004 pour "faits de prise illégale d’intérêts". Il s’est vu infliger une peine de prison de dix huit mois avec sursis assortie d’une perte de ses droits civiques, ce qui entraîne automatiquement une peine d’inéligibilité de dix ans. Il avait utilisé ses deux fonctions de secrétaire général du RPR et adjoint aux finances à la mairie de Paris (1983-1995) pour faire payer par la mairie des emplois fictifs servant en réalité à faire tourner la machine du RPR. Parmi les attendus écrits du jugement, notons Alain Juppé a agi sciemment pour prendre directement ou indirectement un intérêt. Il s’agit là d’un abus de fonction... Les valeurs de République et les valeurs du service public constituent le coeur de l’enseignement dispensé dans les grandes écoles de la République... Alain Juppé a précisément été formé dans celles-ci, il a ensuite exercé comme haut fonctionnaire puis joué un rôle éminent dans la vie publique... Or, il a trahi ces valeurs... Il est vrai que 90% des médias actuels étant propriété de milliardaires, refaire une virginité politique à Alain Juppé n’était pas difficile.

- un homme qui a essayé, dès 1995, d’imposer une libéralisation à la Thatcher en France. Jacques Chirac et lui venaient de gagner les élections présidentielles en se faisant les champions de la lutte contre la "fracture sociale". Aussitôt élus, ils annoncent qu’ils doivent renoncer à leur programme ayant « sous-estimé l’ampleur des déficits » (Hollande n’a eu qu’à les copier pour rééditer la même tromperie du suffrage universel). Le fameux Plan Juppé de l’automne 1995 comprenait plusieurs mesures typiques du libéralisme pur jus : Le plan Juppé était axé sur quatre grandes mesures : allongement de la durée de cotisation retraite de 37,5 à 40 annuités pour les salariés de la fonction publique ; étatisation de la Sécurité sociale ; accroissement des tarifs d’accès à l’hôpital et restrictions sur les médicaments remboursables ; blocage et imposition des allocations familiales versées aux familles, combinés avec l’augmentation des cotisations maladie pour les retraités et les chômeurs. Il fallut une longue grève et deux millions de manifestants le 12 décembre pour que ce plan soit retiré.

- Un candidat dont l’équipe de campagne en 2016 permet de comprendre que, élu, il prendra sa revanche sur 1995. Prenons le cas de sa première adjointe à la mairie de Bordeaux, Virginie Calmels. Elle fut successivement directrice financière de Canal+, directrice générale d’Endemol monde (multinationale de téléréalité), présidente du groupe Euro Disney, administratrice de Free et de Technicolor. Elle est également membre du Cercle de l’Union interalliée ainsi que de l’association Le Siècle, deux clubs dont le but est de mieux faire payer les pauvres pour mieux remplir les poches des riches. Elle se décrit comme "une Thatcher à la française" et veut appliquer les mêmes méthodes à la république française. L’organisation de la campagne d’Alain Juppé est prise en charge par Vincent Leroux, par ailleurs directeur du service adhérents du MEDEF. Sa porte parole n’est autre que Fabienne Keller, sénatrice, ancienne élève de l’École polytechnique et diplômée d’économie de l’Université US de Berkeley, ancien soutien de François Bayrou lors des présidentielles de 2012, ex-animatrice des « Centristes de l’UMP ».

- Programme. Les promesses d’Alain Juppé à la France  ? La purge sociale (partie rédigée en s’appuyant sur un article de Lionel Venturini, L’Humanité

Le retour de la revanche. Ce que propose Alain Juppé s’il est désigné candidat de la droite à l’élection présidentielle de l’an prochain ressemble furieusement à un remake. Car tout ce que la droite n’a pu faire en trente ans, il promet de le faire en un mandat unique de cinq ans. Après l’éducation et la sécurité, Alain Juppé consacre donc son troisième livre-­programme à l’économie.

Dans Cinq ans pour l’emploi, il y a les mesures classiques que la droite et lui-même portent de longue date  : la suppression de l’impôt sur la fortune, celle des 35 heures, le recul progressif de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, la baisse des cotisations des entreprises – plus aucune cotisation ­patronale sur le Smic –, la dénonciation des minima sociaux qui ­seraient encore trop généreux pour inciter à chercher un travail… La fiscalité du capital est évidemment trop lourde pour l’ancien premier ministre, la taxation des revenus du capital étant selon lui « absurde et nocive ». Devant ses soutiens parlementaires et quelques personnalités du milieu économique, comme Alain Minc ou Jean-François Cirelli, ancien PDG de Gaz de France, Juppé affirme vouloir aussi augmenter d’un point la TVA pour financer une partie de la réduction de 10 milliards d’euros des cotisations famille des entreprises. La mesure résume à elle seule la philosophie de l’ensemble.

Le Code du travail sera «  plus simple pour les entreprises  »

Et puis il y a du nouveau, puisé aux sources du Medef. Alain Juppé s’inscrit dans l’inversion de la hiérarchie des normes en germe déjà dans la loi El Khomri. Les négociations sont renvoyées aux entreprises et non plus aux branches, y compris pour le temps de travail, avec une durée légale hebdomadaire ramenée à 39 heures. Évidemment, « les accords d’entreprise s’imposeront aux accords de branche » s’agissant donc de la durée du travail, mais aussi de son organisation, de l’emploi et du fonctionnement des instances du personnel, écrit le candidat à la primaire de la droite et du centre. En parallèle, on s’en serait douté, le Code du travail sera « plus simple pour les entreprises ». « Sortir le dialogue social des postures, c’est faire en sorte que les salariés aient le dernier mot à la fin », assure-t-il.

Pour « sécuriser le CDI », Alain Juppé ­préconise de porter sur le contrat de travail « des motifs prédéterminés de rupture ». Le salarié connaîtra ainsi « les motifs de licenciement possibles », mais surtout « le chef d’entreprise saura dès la conclusion du contrat que, si certains aléas économiques ­venaient à se réaliser, il pourra l’interrompre ». Un juge, s’il est saisi par un salarié, ne pourra pas contrôler « la ­validité du motif dès lors que le contrat aura été homologué par l’administration, mais seulement la matérialité des circonstances invoquées » pour licencier. Sans s’attaquer de front à l’inspection du travail, le candidat Juppé entend susciter « des organismes privés agréés qui pourront réaliser des audits en matière de droit du travail, de santé et de sécurité », lesquels seront « opposables à l’inspection du travail ». Fini les empêcheurs de licencier en rond…

Ponctionner la dépense publique de 85 à 100 milliards

À coups d’ordonnances, sans attendre une majorité issue des législatives qui suivront la présidentielle, et sans considération pour le cas où il aurait été élu face au Front national, le président Juppé engagerait l’essentiel des réformes, dont les 85 à 100 milliards d’économies dans la dépense publique qu’il promet, en phase ici avec la plupart de ses rivaux à droite, à commencer par Nicolas Sarkozy. Pas de sanctuarisation de l’éducation ou de la justice, l’effort demandé aux ministères sera, dixit Juppé, « à proportion de sa part dans le total des dépenses ». Les 250 000 postes de fonctionnaires supprimés représentent « 4,6 % des effectifs sur cinq ans », annonce-t-il pour en minorer la portée.

Il se dit certain de pouvoir imposer ce ­programme parce que « nous ne connaîtrons plus les Trente Glorieuses », estimant que l’élection équivaut à un référendum sur son programme. Juppé veut « renforcer une orientation sélective à l’entrée de l’enseignement supérieur ». La mesure n’est pas sans rappeler le projet de loi Devaquet en 1986, d’un gouvernement dont le porte-parole s’appelait… Alain Juppé, et qui jeta une génération dans la rue, bien avant 1995.


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