1869 Victor Hugo soutient les mineurs d’Aubin, Firmi, Decazeville

samedi 22 septembre 2012.
 

La grève de 1869 inspirera à Zola son chef d’oeuvre Germinal et à Victor Hugo son "Ode à la misère".

La grève d’Aubin (6 octobre 1869) qui inspira l’Ode à la misère de Victor Hugo

Les vers du poète sont plus précis et plus percutants que de longues analyses, les voici :

" - Quel âge as-tu ? - Seize ans. - De quel pays es-tu ?

- D’Aubin. - N’est-ce pas là, dis-moi, qu’on s’est battu ?

- On ne s’est pas battu, l’on a tué. - La mine

Prospérait. - Quel était son produit ? - La famine.

- Oui, je sais, le mineur vit sous terre, et n’a rien.

Avec la nuit de plus, il est galérien.

Mais toi, faisais-tu donc ce travail, jeune fille ? -

- Avec tout mon village et toute ma famille,

Oui. Pour chaque hottée on me donnait un sou.

Mon grand-père était mort, tué du feu grisou.

Mon petit frère était boiteux d’un coup de pierre.

Nous étions tous mineurs, -lui, mon père, ma mère,

Moi. L’ouvrage était dur, le chef n’était pas bon.

Comme on manquait de pain, on mâchait du charbon.

Aussi, vous le voyez, monsieur, je suis très maigre ;

Ce qui me fait du tort - Le mineur, c’est le nègre.

Hélas, oui ! - Dans la mine on descend, on descend.

On travaille à genoux dans le puits. C’est glissant.

Il pleut, quoiqu’on n’ait pas de ciel. On est sous l’arche

D’un caveau bas, et tant qu’on peut marcher, on marche ;

Après on rampe ; on est dans une eau noire ; il faut

Étayer le plafond, s’il a quelque défaut ;

La mort fait un grand bruit quand tout à coup elle entre ;

C’est comme le tonnerre. On se couche à plat ventre.

Ceux qui ne sont pas morts se relèvent. Pas d’air.

Chaque sape est un trou dont un homme est le ver.

Quand la veine est en long, c’est bien ;quand elle est droite,

Alors la tâche est rude et la sape est étroite :

On sue, on gèle, on tousse ; on a chaud, on a froid.

On n’est pas sûr si c’est vivant tout ce qu’on voit.

Sitôt qu’on est sous terre on devient des fantômes.

- Les pauvres paysans qui vivent sous les chaumes

Respirent du moins l’air des cieux. - On étouffait.

- Pourquoi ne pas vous plaindre aussi ? - Nous l’avons fait.

Nous avons demandé, ne croyant pas déplaire,

Un peu moins de travail, un peu plus de salaire.

- Et l’on vous a donné, quoi ? - Des coups de fusil.

- Je m’en souviens, le maître a froncé le sourcil.

- Mon père est mort frappé d’une balle. - Et ta mère ?

- Folle. - Et tu n’as plus rien ? - Si. J’ai mon petit frère.

Il est infirme, il faut qu’il vive de façon

Que j’ai mendié, mais on m’a mise en prison.

Je ne sais pas les lois, mais on me les applique.

Que fais-tu donc alors ? - Je suis fille publique."


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