Le projet de loi travail ne vise qu’à permettre à la finance d’assurer la loi du profit maximum

mercredi 13 juillet 2016.
 

Quelle satisfaction de voir enfin le monde du travail se mettre en mouvement  ! Depuis plus de trois mois, ces luttes indispensables sont engagées pour reconquérir des droits sociaux dignes de ce XXIe siècle. Il s’agit de vaincre la prééminence du profit et de la cupidité des 1 % face aux 99 %. Le gouvernement est aux abois  : il ne faut surtout pas relâcher la pression. Hollande et Valls portent la responsabilité de s’être fait les chiens obéissants du capital international et des banques.

Tout doit être fait pour que les travailleurs se mobilisent encore plus et se lèvent pour dire non à cette traîtrise. Les rassemblements, les manifestations, les arrêts de travail, etc., tout cela est essentiel. Mais est tout aussi essentiel le débat démocratique avec les travailleurs dans les usines et les services et avec ceux et celles qui ne sont pas encore convaincus que l’on peut infliger une défaite à ce système corrompu de la tête aux pieds. La bataille contre le projet de loi El Khomri recueille l’assentiment majoritaire de la population. C’est précieux et il faut le conforter.

Il y va d’une grande bataille d’explications, car l’adversaire de classe tente de la faire dérailler par n’importe quel moyen jusqu’à utiliser le malheur qui s’abat sur les populations victimes des inondations. Scélératesse jusqu’au bout de cette classe dirigeante qui va jusqu’à comparer nos luttes avec le terrorisme.

Tout est fait actuellement pour essayer de rendre impopulaire cette grande mobilisation. Les médias en font un combat entre l’ancien qui serait arc-bouté à des droits sociaux dépassés et le nouveau en phase, lui, avec l’évolution du travail. Quelle mascarade, quand on sait ce que cette représentation secrète de pus d’une société dépassée  ! Toute la presse bourgeoise est donc mobilisée (elle détient la quasi-totalité des médias) et les perroquets du système s’en donnent à cœur joie pour dénaturer cette lutte, car ils savent que sur le fond des choses ces luttes peuvent faire écrouler toute une idéologie fataliste, comme quoi rien n’est possible en dehors du capitalisme et de son suintement libéral.

L’intervention des forces de police et les dérisoires tentatives de corrompre les habituels défaitistes, toujours prêts à trouver le compromis du moindre mal, sont leurs armes favorites pour tenter de bloquer le flot montant de la colère et du mécontentement populaire dont ils n’arrivent pas à contenir le flot persistant. C’est donc une bataille de classe qui se déroule en ce moment entre un système à bout de course prêt à tout pour durer face à une alternative progressiste en construction pour le dépasser.

Le projet El Khomri est celui du patronat le plus vieillot, celui du gouvernement le plus parjure depuis la Libération, celui de la droite la plus voleuse (stock-options, dividendes, rémunérations exorbitantes, fraude fiscale et paradis fiscaux), celui du syndicalisme d’accompagnement le plus défaitiste. Ce projet ne vise qu’à permettre à la finance d’assurer la loi du profit maximum en puisant à fond dans la force de travail pour protéger les portefeuilles bien remplis des actionnaires. C’est donc une bataille de fond qui est engagée. Il ne faut pas se laisser berner par les thuriféraires du système ou de ceux qui plient devant lui. L’enjeu est là après une longue période de repli des luttes où le système en crise a déployé tous les artifices nécessaires pour détourner le peuple. Cette mobilisation offensive est consécutive à des questions de fond enserrées dans la démolition du Code du travail  : notamment celle de la mise en cause du peu de vie démocratique à l’entreprise et de se défaire d’un système syndical, obstacle majeur pour un patronat se voulant maître absolu des lieux de travail pour exploiter et surexploiter les salariés.

La loi travail demain lui conférerait un pouvoir quasi absolu  : c’est une violence d’état conjuguée avec celle du patronat qu’il faut retourner par une lutte sans merci  : c’est une exigence incontournable.

Il y a, derrière cet acharnement à détruire le Code du travail, la volonté d’en revenir à l’autoritarisme, et nous entendons d’ailleurs des patrons et des hommes politiques préconiser que dans la concurrence le syndicat est un obstacle de plus en plus insupportable et qu’il peut être troqué contre des ententes avec les salariés dans l’entreprise sous son égide. On appelle cela en termes marxistes la collaboration de classe. Dès lors, pourquoi pas en finir demain aussi avec la loi de 1884 concernant les syndicats et le droit de grève dont on voit en ce moment toutes les atteintes pour en limiter l’exercice. La mobilisation doit donc encore grandir et atteindre d’autres proportions  : celle de l’internationalisme. Dans cet ordre d’idées, le syndicalisme européen doit prendre la mesure de l’enjeu actuel et être à l’initiative pour unir les syndicats européens face à cette attaque des droits sociaux et des libertés syndicales. Sans unité et sans luttes, aucune des formes syndicales existantes ne sortira saine et sauve d’une pareille attaque antisyndicale. Le projet de loi El Khomri ne vient pas par hasard, il est issu des grandes transnationales, il a été conçu dans les fonds baptismaux de cette Europe néolibérale de Bruxelles.

L’Europe, pour eux, est un lieu majeur pour renier ce que fut l’Europe des conquêtes sociales du XXe siècle. Il n’y a rien de tel que de fouiller dans les stratégies de l’Europe du fric qui siège à Bruxelles pour s’en apercevoir et découvrir toutes les dispositions de la Communauté européenne. Le projet de loi El Khomri n’est que le fac-similé de cette Europe. C’est bien l’abaissement des droits sociaux. Le combat engagé contre la loi El Khomri est donc bien sûr ce fond-là. Il faut donc en débattre avec les travailleurs, et les mobilisations actuelles doivent être éclairantes et elles le sont quand est décortiquée, comme le font en particulier la CGT et FO, cette loi antisociale et antisyndicale.

Alors, oui, accélérons les luttes, rendons-les massives par le débat partout dans les entreprises, y compris là où le syndicalisme n’est pas présent ou a disparu déjà dans les attaques du capital.

Par Bernard Lamirand animateur du comité d’honneur national Ambroise-Croizat. Texte publié par L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message