Article original : http://robertmascarell.overblog.com...
Un événement pas tout à fait fortuit vient de rouvrir en moi une plaie que je croyais solidement refermée et cicatrisée depuis des années.
L’événement pas tout à fait fortuit a eu lieu à la faveur du « débat » qui oppose certains communistes très en colère contre Mélenchon à ceux qui, au contraire, le soutiennent. À cette occasion, j’ai été gravement mis en cause personnellement par des communistes anti-mélenchoniens. Ce « débat » est tellement significatif d’un retour en force des staliniens à la tête du PCF, qu’à la fin du très long développement contextuel qui suit, j’ai décidé de ne pas taire jusqu’à quelles méthodes est allé, à mon encontre, un de ceux que je ne peux pas qualifier autrement que de stalinien.
Quant à la plaie, que je croyais solidement refermée, il faut savoir qu’avant de s’ouvrir la première fois et de devenir béante et purulente, au milieu des années 1970, la plaie en question n’avait été qu’une égratignure contractée au milieu de l’année 1969. J’étais membre du PCF depuis 1963, secrétaire de la section de Romainville (93). J’avais apprécié que la direction de mon parti, dirigé par Waldeck Rochet, ait dénoncé l’intervention de l’URSS en Tchécoslovaquie, en août 1968, mettant fin au Printemps de Prague. Mais ensuite, j’avais regretté assez vivement que Georges Marchais, remplaçant Waldeck, malade, début 1969, et mon parti, soient restés totalement silencieux devant la normalisation de ce pays, imposée par l’URSS. Passé mon regret exprimé ouvertement dans l’intimité du parti, j’avais décidé, à tort, de poursuivre mon bonhomme de chemin de petit cadre du PCF, non permanent.
La plaie a vraiment commencé à s’ouvrir à la fin du mois de septembre 1974. Ce mois-là, ont eu lieu six élections législatives partielles pour permettre à des ministres de Pompidou, qui ne l’étaient plus sous Giscard d’Estaing, de retrouver leur siège de député. Ces six élections se sont traduites par une victoire totale de la gauche unie autour du Programme commun. Mais le PS a beaucoup plus gagné que le PCF. Si bien que celui-ci, qui pensait que l’union lui profiterait plus à lui qu’au PS, parce que plus ardent défenseur du Programme commun, a eu la révélation que c’était l’inverse. Il ne l’a pas supporté.
Dès lors, à partir d’octobre 1974, le PCF a radicalement changé sa stratégie. Il a mis tout en œuvre pour rompre avec sa stratégie d’union de la gauche, mais en faisant en sorte que les torts de cette rupture reposent sur le PS. Le journal l’Humanité a été le principal vecteur de cette entreprise. Tous les jours, il mettait en exergue, dès sa première page, sous un énorme point d’interrogation et le titre « De qui est-ce », une citation anonyme immonde. Le lecteur était invité à en connaître l’auteur dans les pages intérieures. Bien sûr, il s’agissait, chaque fois, d’un des dirigeants du PS de l’époque. L’objectif recherché était de montrer que le PS se fichait du Programme commun comme d’une guigne.
Très vite, je me suis rendu compte que la plupart du temps ladite citation avait en réalité été trafiquée. Soit parce qu’elle était totalement sortie de son contexte. Soit parce que, encore plus pernicieux, la citation en question était en réalité une phrase fabriquée pour les besoins de la cause et constituée de plusieurs bouts de phrases épars, dont chaque morceau se trouvait, l’un au début de la déclaration du dirigeant PS ciblé, l’autre au milieu, et un troisième à la fin, par exemple. Ou inversement. Dans le milieu journalistique on appelle ce genre de traficotage un démarquage.
J’ai pu m’apercevoir de la supercherie parce que, journaliste à La Vie Ouvrière, j’avais professionnellement accès à toute la presse nationale.
La comédie a duré plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Ce que voyant, j’ai monté un dossier où j’ai rassemblé plusieurs dizaines de coupures de la presse bourgeoise, comme on disait au PCF à l’époque, et les citations censées y correspondre dans l’Humanité. Fort de ce dossier de presse, je me suis rendu à la réunion du comité de section de ma commune, dont j’étais membre, avec la volonté d’y dénoncer le procédé.
Ma démonstration était très développée et concrète. J’ai pu la mener jusqu’au bout, dans un silence de cathédrale. Un bon point. En revanche, la suite fut moins à la gloire du PCF local. Le débat n’a pu avoir lieu. D’ordinaire, au PCF, comme ailleurs d’ailleurs, le débat court jusqu’au moment où le numéro un de la réunion prend la parole et fait la synthèse de tout ce qui s’est dit. Là, pas du tout, le numéro un est immédiatement intervenu, non pour débattre, mais pour me signifier que, tout seul, je n’allais pas troubler davantage la réunion, que je faisais dans l’anticommunisme. J’étais donc prié de fermer ma gueule.
En plus, je revenais d’un long reportage en URSS, où mon journal m’avait envoyé en novembre 1974, pour démontrer que, pendant que le chômage grandissait sans cesse en France et dans les autres pays occidentaux, c’était le plein emploi en URSS. Je suis revenu très choqué de ce que j’y ai vu et, au fond de moi, je me disais : comment se fait-il que les dirigeants de mon parti, qui vont souvent en URSS, qui ont plus d’expérience que moi, n’aient pas vu ce que moi j’ai vu et compris en quinze jours ? Évidemment, à mon retour en France, je me suis ouvert de mes étonnements auprès des dirigeants du parti. En vain.
Nous devions être en décembre 1974. La bataille n’a pas cessé de faire rage entre le PCF et le PS. Et ce qui devait arriver arriva, l’union de la gauche s’est brisée à l’été 1977. Toute la gauche a perdu les élections législatives, normalement imperdables, en mars 1978. J’ai quitté le PCF le 30 avril 1978. Sans bruit.
Puis, en 1980, sont arrivés les épisodes du soutien du PCF à l’intervention de l’URSS en Afghanistan, et de son refus de condamner l’attitude de l’URSS et du gouvernement communiste polonais contre les ouvriers polonais en grève. Ces deux événements m’ont déterminé à adhérer au PS. Ce n’est certainement pas ce que j’ai fait de mieux, la suite, à partir de 1983, me l’a bien démontré. Cela n’efface pas, pour autant, les errements du PCF.
Si j’ai éprouvé le besoin de revenir longuement sur la manière dont l’union de la gauche a été brisée en 1977, au terme d’un processus long de trois ans, c’est parce qu’il y a des similitudes étonnantes avec le processus de rupture du Front de gauche, actuellement en cours.
En langage judiciaire, on appelle ce genre de répétition à l’identique d’un processus : le respect du parallélisme des formes.
Le Front de gauche s’est constitué en 2009, en vue de l’élection européenne de juin 2009. Il a très bien fonctionné jusqu’à l’élection présidentielle de 2012. Son candidat, Jean-Luc Mélenchon a obtenu un résultat plus qu’honorable, malheureusement non confirmé aux législatives qui ont suivi deux mois après.
Les relations entre les partenaires du FDG ont commencé à se distendre au cours de la préparation des élections municipales de mars 2014. Le PCF en tenait pour une tactique ville par ville, reposant sur des alliances à géométrie variable. Le PG préconisait une stratégie plus uniforme, excluant de s’allier avec des membres du PS, sauf s’ils affirmaient publiquement leur opposition à la politique de Hollande. Les points de vue n’ont pu se rapprocher. Notre gauche, illisible, n’a pas obtenu de bons résultats. Il en fut de même aux cantonales et aux régionales.
Ces divergences de vues n’entamaient qu’à la marge les relations entre les partenaires du FDG.
A titre personnel, je n’ai pris conscience du changement brutal d’attitude des dirigeants du PCF et de certains de ses membres vis-à-vis de Mélenchon et de ses soutiens qu’à partir du 4 décembre 2014. Et encore, ce n’est qu’après coup que j’ai pu dater le changement d’attitude.
Il se trouve que parmi mes amis sur Facebook, il en est un que je connais très bien depuis 1964, année où il revenait d’une école d’une année à Moscou. Cette école était le passage obligé pour devenir un haut dirigeant du PCF. Son école Polytechnique en quelque sorte. Elle venait clore un long cycle d’études : l’école de section (à l’échelle d’une ville), en cours du soir ou de week-end, l’école fédérale de 15 jours, à plein temps (à l’échelle du département), l’école centrale d’un mois, à plein temps (à l’échelle nationale), l’école centrale de quatre mois, à plein temps (à l’échelle nationale) et, enfin, l’école d’un an à Moscou. Voilà pour le cursus de l’ami en question.
Il fut donc secrétaire national du mouvement de la jeunesse communiste, puis maire de Romainville, président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis et, à l’intérieur du Parti, membre du Comité central, devenu Comité national, l’organe dirigeant du PCF.
Bref, l’ami Robert Clément (RC) a toujours gravité dans les hautes sphères du PCF. Quand il parle, on l’écoute et on le suit. Aujourd’hui encore.
Donc, le 4 décembre 2014, j’ai vu défiler sur mon fil d’actualité un message mis sur son mur par Robert. Il y poussait un coup de gueule contre l’émission Des paroles et des actes, sur France 2, qui passait le soir même, consacrée à la gauche. David Pujadas y invitait plusieurs dirigeants de gauche, dont Mélenchon, mais aucun du PCF.
Dans son coup de gueule, légitime, Robert appelait donc à ne pas regarder cette émission. Dans mon commentaire, je lui ai dit que je le comprenais, mais qu’il était quand même utile de regarder l’émission. L’échange est resté de bon ton jusqu’au 6 décembre à 0h54. Là, est arrivé, comme un cheveu sur la soupe, le commentaire assassin d’une certaine Brigitte Bernard. Son message disait ceci : « Il y en a qui changent comme des girouettes Monsieur Mascarel Communiste Socialiste Mêlenchonniste »
Ne connaissant pas du tout cette femme, je me suis dit : Tiens, elle doit habiter Romainville, où j’ai vécu de 1961 à 1985, et de bonnes âmes se sont chargées de lui faire mon portrait à leur manière.
Le même jour, à 23h19, je me suis fait un devoir de lui expliquer les différentes étapes de mon parcours politique, puisque c’est sur ce terrain qu’elle m’a attaqué.
Effectivement, mon parcours a consisté à passer du PCF, de 1963 à 1978, au PS, de 1980 à 1996, puis au Parti de gauche, depuis 2009. Je ne m’en suis jamais caché. Sans en tirer fierté ni honte.
Et voilà-t-il pas que le 7 décembre, à 0h27, RC, en personne, a cru bon de commenter mon parcours politique : « Je suis toujours plein d’admiration à l’égard de camarades, qui ont toujours vu clair avant les autres. Moi je suis plutôt partisan de faire preuve de beaucoup plus d’humilité. J’aurais bien des choses à dire mais je ne crois pas que la polémique soit utile, bien au contraire ».
Autant vous le dire, je tombais de l’armoire. En effet, nous échangions, via Facebook, depuis le 4 avril 2013, et jusqu’au 5 décembre 2014, nos échanges étaient très amicaux, nos points d’accord quasi systématiques.
Certes, je n’attendais pas que RC approuve mon rappel de ces points d’histoire, mais je pensais qu’il resterait silencieux, puisque la suite de l’histoire de l’URSS m’a plutôt donné raison, sans que pour autant je sois plus intelligent que les dirigeants du PCF. Plus honnête, peut-être ?
J’ai compris à ce moment-là, que RC n’avait tiré aucune leçon de l’échec gravissime de l’Union soviétique et de l’incompréhensible aveuglement du PCF jusqu’à la chute de l’URSS. Toutefois, j’ai pensé qu’il s’agissait là d’une attitude qui lui était propre, doublée d’une rancune tenace à mon encontre, pour avoir adhéré au PS.
Cahin-caha, à partir du 6 décembre 2014, nos échanges, via Facebook, ont continué sur un mode aigre-doux. J’avais également remarqué que, de plus en plus, d’autres amis communistes que j’ai sur Facebook exprimaient quelque aigreur envers la personne de Mélenchon. Pas envers ses propositions politiques. En dépit de ces comportements convergents, je n’en faisais pas plus cas que cela. Je n’y voyais pas une entreprise concertée.
Lorsqu’est arrivée au-devant de l’actualité, l’annonce, par un collectif comprenant Cohn-Bendit et le journal Libération, de la mise en œuvre d’un processus d’organisation d’une Primaire de la gauche, en vue de l’élection présidentielle de 2017. Nous étions le 11 janvier 2016. Le PCF s’y est rallié aussitôt, sans avoir consulté ses partenaires du FDG, ni sa propre base.
Le 11 février 2016, en réaction au ralliement du PCF au processus de la Primaire initié, entre autres, par Cohn-Bendit, Mélenchon, opposé au principe d’une Primaire, a proposé sa candidature pour l’élection présidentielle.
Dès lors, les rapports politiques entre RC et moi sont devenus franchement exécrables. Les attaques contre Mélenchon sont devenues massives et ont ciblé principalement sa personne. A peine ses propositions politiques. Un certain nombre de mes amis communistes ont évolué de la même manière que RC. C’est seulement à ce moment-là que j’ai pris conscience que ces réactions étaient orchestrées par la direction du PCF.
Me voilà rajeuni de 42 ans ! La mécanique est exactement la même qu’en 1974. Tout aussi infernale. Il s’agit de diaboliser Mélenchon par tous les moyens, afin de préparer puis de justifier la rupture avec lui et ses soutiens. Les membres du PCF, et ils sont nombreux, qui osent soutenir Mélenchon sont eux-mêmes voués aux gémonies. Il faut voir ce que notre camarade Marie-George Buffet prend sur les réseaux sociaux, parce qu’elle soutient Mélenchon. Le PCF n’a rien appris de ses échecs continus et massifs depuis les années 70.
Avec ce qui suit, je vais vous en faire la démonstration concrète. Vous allez voir que les staliniens n’ont pas perdu la main. Ils ont même repris du poil de la bête, pas auprès de la population, mais à l’intérieur du PCF. J’ai donc entrepris de répondre à un certain nombre de ces attaques. Principalement sur la page Facebook de RC.
Pour illustrer mon propos, je prends pour référence le « débat » qui s’est engagé à partir du message mis par RC sur son mur, le 29 février 2016, exprimé en ces termes :
« Dans une interview qu’il a accordée le 25 février à Laure Roudaut, Hugo Capelli et Pablo Maillé, sous le titre « On a rencontré Jean-Luc Mélenchon, voici ce que ce dernier a déclaré à propos des communistes : « il ne faut pas mythifier le Parti communiste et ses signatures, et son argent, etc. Ce sont des histoires tout ça ».
« Il ne faut pas mythifier le Parti communiste »
« Le Parti communiste quand il est en mouvement, il aide à la manœuvre, il est là, mais je n’ai pas l’intention de dépendre de l’approbation des uns ou des autres. Et la preuve de ce que je vous dis : on s’est ramassés trois élections perdues, à cause de ça, précisément : d’être un cartel de partis qui discutent pendant des heures, « premier tour », « second tour », « répartition des sièges » et tout ça. Donc ça va, au bout de trois fois, j’ai compris. Et là ça repartait, on ne m’a rien demandé puis tout ce petit monde a été se fourrer dans les primaires, qui est à mes yeux une tromperie gigantesque. J’aurais passé mon temps à me tirer la bourre avec je ne sais quel socialiste au lieu de faire le travail de masse qu’il faut accomplir sur la ligne que je me suis donné, qui est d’être hors du cadre des partis »
Et bien désolé moi, çà ne passe pas. S’il veut être respecté cela passe par le respect des autres, parce que les communistes font aussi partie du peuple dont il parle ! »
Cette citation de Mélenchon est tirée d’une longue interview donnée au site internet : http://radio-londres.fr/2016/02/on-....
L’utilisation qu’en fait RC repose sur un procédé que j’ai déjà eu l’occasion de dénoncer, à propos de ce qu’il s’est passé à partir d’octobre 1974. Son contexte n’est pas donné. En l’occurrence, le voici ? précédé de la question des journalistes :
« Comment comptez-vous faire pour rallier les 500 signatures d’élus sans accord avec le PCF ? Et comment comptez-vous mener campagne sans eux ?
Si je faisais la politique de mes moyens, je rentrerais chez moi pour pleurer : je n’ai rien. Il faut faire la politique en fonction des lignes d’horizon qu’on se donne. Je ne peux pas vous dire à la fois « c’est le peuple qui fait l’histoire » et faire comme si je n’en pensais pas un mot. Donc je crois que c’est le peuple français qui va faire l’histoire dans cette circonstance aussi. Alors après, il ne faut pas mythifier le Parti communiste et ses signatures, et son argent, etc. Ce sont des histoires tout ça. »
Dans sa réponse, il est clair que Mélenchon préfère mythifier le peuple plutôt que le PCF. Où est le mal ? Où est l’irrespect ? RC s’est bien gardé de le dire. Cela dit, je suis d’accord avec RC, les communistes font partie du peuple, mais pour une quantité devenue infime.
Dès mon premier commentaire, j’ai répondu à RC que je ne mythifie personne. C’est une de mes manières d’être de gauche. RC a voulu comprendre des propos de JLM, qu’il faisait comme si le PCF n’existait pas. Et pour les besoins de sa démonstration, dans sa réponse à mon commentaire, RC a donné une définition tronquée du mot mythe.
La suite de la discussion s’est étalée sur plusieurs jours, aussi bien entre RC et moi, qu’avec d’autres facebookers. La plupart étant des fidèles de RC. Je garantis que de mon côté, mes commentaires sont restés sur le terrain politique. De l’autre côté ce ne furent qu’attaques personnelles contre JLM et/ou moi-même. La plus fréquente étant que j’étais un anticommuniste, ne racontant que des âneries. Provocateur revenait souvent aussi. Mélenchon étant traité de « con » et de « merde ». Et tout cela, sans que RC ne recadre ces insulteurs, lui pourtant si prompt à tacler les propos de Mélenchon et mes commentaires.
Mais le plus grave arrive. Je peux affirmer, preuves à l’appui, que RC a censuré de nombreux commentaires, de plusieurs intervenants, dont certains des miens. Comme au bon vieux temps où les dirigeants soviétiques n’hésitaient pas à trafiquer les photos, en supprimant dans des photos de groupes, celle des dirigeants envoyés au Goulag ou tombés en disgrâce.
Par chance, dans les jours qui ont suivi le « débat » orageux, né le 29 février 2016, que je viens de résumer considérablement, je l’ai copié intégralement dans un fichier Word, parce que j’avais le projet d’en tirer un billet pour mon blog. Puis j’y ai renoncé, parce que j’avais encore l’illusion, à ce moment-là, que l’antimélenchonisme primaire qui s’est exprimé était propre au site de RC. Mais j’ai dû me rendre à l’évidence, il a cours sur bien d’autres sites Facebook de nombre de membres du PCF. J’en conclus que l’entreprise anti-mélenchonienne est concertée à l’échelle entière du PCF. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de ne plus me taire.
Mais, je m’aperçois qu’à ce stade je n’ai toujours pas prouvé que RC avait censuré de nombreux commentaires.
Je m’en suis aperçu par hasard, il y a quelques jours, le 15 juillet exactement. Ce jour-là, RC a publié sur mon mur particulier un message assassin, dans lequel il me reproche d’utiliser des « méthodes staliniennes » parce que j’ai eu l’audace de répondre à Brigitte Bernard, une des fidèles de RC, qui m’interpellait directement et sauvagement sur la page Facebook de Serge Laybros, un dirigeant de la fédération du Lot du PCF, adjoint au maire de Cahors, qui m’a invité à devenir son ami en novembre 2015. Serge Laybros porte sur Mélenchon le même jugement expéditif que celui de RC. Pour vous donner une idée de la grande hauteur d’analyse de Serge Laybros, sachez que le message que celui-ci a déposé le 12 juillet 2016, sur son mur, est particulièrement lapidaire et caricatural. Le voici : « Macron, c’est « ni droite, ni gauche ». Tiens, Mélenchon aussi ! »
Ce message a déclenché une avalanche de commentaires.
Donc, dans son style vulgaire et insultant habituel, Brigitte Bernard m’a interpellé brutalement en faisant référence à RC. Je lui ai répondu politiquement en la renvoyant à ses références à RC. Sacrilège ! Pour RC, je suis coupable de « méthodes staliniennes » et même d’abaissement. Ah bon !
Devant la violence des attaques que je subissais aussi bien la dernière, celle de RC le 15 juillet, que celles sur la page Facebook de Serge Laybros, j’ai pris la décision de leur répondre sur mes deux blogs (Overblog et Médiapart).
Pour ce faire, j’ai eu l’idée d’aller sur le site Facebook de RC et d’y rechercher les nombreux commentaires déclenchés à partir du message qu’il avait déposé le 29 février 2016. Puis j’ai comparé ces commentaires avec ceux du même jour, que j’avais eu la précaution de copier sur un fichier Word, au début du mois de mars 2016. Bien m’en a pris. J’ai pu constater comme cela que l’ami Robert avait supprimé plusieurs dizaines de commentaires écrits par plusieurs facebookers, dont plusieurs des miens, évidemment.
Tous les commentaires supprimés n’ont pas la même importance. Y compris les miens. Mais il en est un, dont je suis l’auteur, qui à mes yeux en présente une très grande. Le voici intégralement :
« Robert Clément, Jusqu’à ce funeste débat autour de la proposition de candidature de Mélenchon, j’ai effectivement longtemps cru à ton évolution favorable. Malheureusement, ce débat a réveillé tes vieux réflexes de militant formé dès la fin des années 50 et/ou du début des années 60 aux méthodes staliniennes.
Toi et un certain nombre de ceux qui passez votre temps à insulter Mélenchon et moi-même, plutôt qu’à répondre point par point aux arguments politiques que nous soulevons relativement aux choix politiques du PCF, vous faites la démonstration du retour des vieilles méthodes, dignes des procès de Moscou.
Vous avez du mal à accepter qu’on puisse critiquer tel ou tel choix du PCF. Celui qui s’y hasarde est aussitôt taxé d’anticommunisme. Dès lors, tous les moyens sont bons pour faire le procès du déviant.
Mais, peut-être vais-je te rassurer, je ne considère pas que tous les communistes soient à votre aune. Loin de là. Je vois bien que beaucoup s’interrogent et même plus que cela, sur le bien-fondé de la décision du Parti de se lancer à corps perdu dans ce processus inepte de la Primaire.
C’est d’ailleurs grâce à ces camarades ouverts au débat que je ne désespère pas de l’avenir du PCF et partant de l’avenir du Front de gauche. Maintenant, si les religieux du PCF, dans lesquels je te classe désormais, l’emportent, évidemment ça en sera fini du Front de gauche, mais vous emporterez aussi le PCF dans votre tombe, ou vous l’amènerez à l’état de secte.
Sincèrement, je ne le souhaite pas. Notre gauche a besoin d’un PCF clair dans ses choix. Ce n’est plus le cas depuis les élections municipales, pour des raisons uniquement d’opportunisme électoraliste, que je traduis dans cette formule, qui vaut ce qu’elle vaut : « Sauver les sièges d’élus avant les principes ».
Ce commentaire bat en brèche l’insulte de RC et de ses amis, me taxant d’être anticommuniste. Il fallait donc le censurer. RC l’a fait.
Évidemment, je ne ferai pas le cadeau aux staliniens de devenir un anticommuniste. En dépit de toutes leurs insultes, je continuerai à critiquer le PCF, et non à l’attaquer, chaque fois que je le jugerai nécessaire, comme, de la même façon, je continuerai à le soutenir.
Vous en connaissez beaucoup des anticommunistes proclamant, comme moi, que le PCF fut pour beaucoup dans les avancées sociales du Front populaire, qu’il a eu un comportement admirable pendant la Résistance à l’occupant nazi, que sa participation dans les gouvernements en 1945, de 1981 à 1984, de 1997 à 2002, a été utile aux travailleurs, qui loue son soutien à tous les combats anticolonialistes et contre le racisme, qui sait gré au PCF de toujours soutenir les travailleurs en luttes ? Vous en connaissez beaucoup des anticommunistes capables de reconnaître que l’action de l’URSS et de son peuple a été bien plus déterminante pour vaincre le nazisme, que celle des États-Unis ?
Je place au-dessus de tout la liberté d’expression pour tous et évidemment pour moi-même.
Enfin, si je refuse absolument d’être qualifié d’anticommuniste, je veux bien assumer d’être qualifié d’antistalinien résolu.
Robert Mascarell
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