Conférence fondatrice d’Unité Populaire en Grèce...

mercredi 27 juillet 2016.
 

Discours de Vangelis Goulas pendant la conférence fondatrice d’Unité Populaire en Grèce

Un an après les moments magnifiques que nous avons vécus lors du non du peuple grec au référendum et après la tragédie qu’a été la trahison de la volonté populaire, nous nous trouvons ici pour bâtir sur des bases solides une proposition politique qui permettra au peuple grec de se libérer de l’étau des mémorandums, mais aussi pour se projeter au-delà, pour organiser la transition vers une société socialiste de notre temps.

Le non du peuple grec aux injonctions dictatoriales de l’Union Européenne est toujours d’actualité.

Parce que c’était le non du peuple grec, justement, et non celui des nouveaux adeptes du There Is No Alternative (TINA) de Margaret Thatcher, qui prétendaient que, sans se montrer résolus à entrer en rupture avec les institutions européennes, les rapports de force se modifieraient en Europe, et la Grèce échapperait au joug des mémorandums, ou bien ils pourraient changer grâce au pseudo-soutien des amis socialistes d’Alexis Tsipras, qui imposent actuellement en France des mesures extrêmement réactionnaires.

Si quelque chose est en train de changer en ce moment dans l’union européenne, c’est le personnel dirigeant et ses collaborateurs locaux, la sociale démocratie qui change de camp et passe à la réaction, alors que les chefs d’état ne sont plus rien d’autre que des gouverneurs coloniaux.

Et les derniers masques sont tombés. Nombreux en sont les exemples, le parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), SYRIZA après sa mutation et le Parti Socialiste français sont en première ligne pour imposer l’austérité, dans une entreprise abominable de redistribution des richesses produites au profit du capital.

Face à cette offensive sauvage, le peuple réagit en tant qu’acteur. En première ligne du combat se trouvent les syndicats, mais d’autres mouvements nouveaux organisent la riposte de la société comme le mouvement des Nuits Debout en France.

La classe moyenne, brutalement prolétarisée, prend conscience que l’Union Européenne ne change pas et que l’euro et l’Union Européenne sont synonymes d’institutionnalisation du néolibéralisme et de consécration des politiques d’austérité.

Ils prennent conscience que nous nous trouvons confrontés à la fin d’une époque qui rend urgente la rupture avec un capital de plus en plus agressif et qui se sert de l’euro et des traités européens comme d’une machine de guerre. Le peuple anglais l’a montré et au premier chef la classe ouvrière, isolée, de Grande Bretagne, lors du référendum, avec son formidable non à l’Union Européenne face aux pressions de toutes sortes exercées par la caste des dictateurs européens. Ce non n’était pas de gauche, mais il n’était certainement pas d’extrême-droite. Malgré les tentatives de récupération de l’extrême-droite, c’était clairement un non de classe.

C’était le non des milliers de mineurs chômeurs et de leurs familles, que Margaret Thatcher a jeté à la rue au nom de l’intégration européenne.

Tous les sondages indépendants en Europe montrent ce changement d’opinion des gens.

Malgré la sale campagne des médias, les peuples ne sont pas disposés à sacrifier leurs droits et leurs acquis sur l’autel de l’Union Européenne. C’est là que la gauche se doit d’intervenir avec un discours de classe clair. La France a toujours été l’atelier de la politique sociale de l’Europe.

Actuellement, la classe ouvrière française se trouve en première ligne du combat pour empêcher l’adoption en France des injonctions mémorandaires, anti ouvrières et antidémocratiques.

Depuis quatre mois se déroulent grèves et mobilisations contre une loi que désapprouve, dans une proportion écrasante, une majorité des citoyens.

Face à eux, il y a une majorité pitoyable et un gouvernement de représentants aux ordres du capital allemands et français qui s’efforcent de prendre la société en otage à coup de décrets.

Comme ils ne sont pas parvenus à calomnier ni à épuiser la résistance des syndicats avec les chaînes télévisées et leurs informations trafiquées, ils adoptent la violence pour réponse, répression des manifestations, menaces d’interdiction et un état policier qui, en collaboration avec les médias, exerce une contrainte intolérable sur la justice et qui procède à des emprisonnements de syndicalistes avec des peines pour l’exemple.

La bête blessée lorsqu’elle est acculée dans un coin devient de plus en plus agressive.

L’oligarchie des structures supranationales se trouve dans une impasse stratégique.

Mais pour que la classe ouvrière et ses mobilisations parviennent à vaincre, il leur faut un plan alternatif qui aura pour priorité immédiate un combat patriotique de classe inflexible, dont l’objectif sera la souveraineté populaire et un combat pour l’hégémonie de la classe ouvrière. Un projet alternatif que nous avons l’ambition, camarades, de voir sortir de cette conférence.

Un projet pour un grand renversement ouvrier et populaire des politiques mémorandaires pratiquées par l’oligarchie économique et le système politique qui les soutient, en rupture avec l’eurosystème.

Les maillons essentiels en sont l’abrogation des mémorandums et des conventions de prêts, la suspension des paiements, avec l’objectif d’annuler la dette, la nationalisation des banques et des entreprises stratégiques et leur mise en fonctionnement, la sortie de la prison monétaire de la zone euro et l’affrontement global contre l’intégration européenne néolibérale.

Etant donné que, à l’intérieur de l’Union Européenne, il est impossible en pratique d’appliquer l’ensemble de notre programme de transition, il faut un référendum explicite contre le maintien dans une Union Européenne qui exclut toute perspective d’un changement progressiste.

Parmi les tâches des organisations membres de Laiki Enotita à l’étranger, figure la poursuite d’un enrichissement réciproque grâce aux combats de tous les autres peuples européens. Dans la conjoncture politique actuelle, la victoire du mouvement ouvrier français qui se profile à l’horizon constituera un levier incitatif pour le peuple grec. « Il suffit à un peuple de décider qu’il n’est pas esclave pour qu’il soit déjà libre », disait Etienne de la Boétie. A nous de passer maintenant à la contre-attaque, pour une classe ouvrière souveraine dans une Grèce souveraine et pour l’Europe des peuples libres, souverains et coopérant entre eux.


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