Macron : Le petit commis des banquiers sur les pas de Picrochole

dimanche 4 septembre 2016.
 

A) Les 17 pires déclarations d’Emmanuel Macron

- 1. « Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essaierais de me battre d’abord. »

- 2. « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires. »

- 3. « Bien souvent, la vie d’un entrepreneur est bien plus dure que celle d’un salarié, il ne faut pas l’oublier. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties. »

- 4. « Il y a dans cette société (Doux) une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. »

- 5. « Le libéralisme est une valeur de gauche »

- 6. « Les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d’accord. »

- 7. « Le FN est, toutes choses égales par ailleurs, une forme de Syriza à la française, d’extrême-droite. »

- 8. « Je n’aime pas ce terme de modèle social. »

- 9. « Être élu est un cursus d’un ancien temps. »

- 10. « Vous n’allez pas me faire peur avec votre t-shirt, la meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler. »

- 11 « Les britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher »

- 12 Je dis aux jeunes : « ne cherchez plus un patron cherchez des clients »

- 13 « La France est en deuil d’un roi »

- 14 « Je suis pour une société sans statuts »

- 15 « Je ne suis pas là pour défendre les jobs existants »

- 16 « Le chômage de masse en France c’est parce que les travailleurs sont trop protégés »

- 17 : Il qualifie ceux qui, au sein du PS, s’opposent à sa loi (308 articles réactionnaires dont le travail le dimanche, de nuit, ou la privatisation du don du sang) de « foyer infectieux »

B) Un candidat de la finance de plus ?

Le petit commis des banquiers démissionne donc du gouvernement. Ce n’est en rien un désaccord politique : Emmanuel Macron n’était pas à l’origine de l’évolution toujours plus libérale du gouvernement PS, il en était juste le parfait symptôme.

Il s’agit plutôt d’une preuve supplémentaire de la perversion de la 5ème République : faut-il que notre démocratie soit malade pour qu’un Macron s’imagine président de la République et que le système nous le présente comme le symbole de la nouveauté ! A moins que la finance ne voie en lui une roue de secours supplémentaire en vue de 2017.

Entre l’organisation de primaires et les candidatures du type Macron, c’est en tous cas une nouvelle société du spectacle qui est en marche. Elle n’a pour but que de dissimuler, protéger et perpétuer la domination de l’oligarchie financière. Plus que jamais le PG appelle à s’y insoumettre avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon.

Eric Coquerel Co-coordinateur politique du Parti de Gauche

C) Macron démissionne avec l’Elysée en ligne de mire (Les Echos)

... L’ancien locataire de Bercy n’a pas encore franchi la ligne d’une candidature à l’Elysée l’année prochaine. S’exprimant en fin d’après-midi, il n’en a pas moins tenu un discours d’un candidat en puissance. « C’est un choix libre et responsable, c’est une nouvelle étape qui commence », a-t-il dit.

Tout laisse penser que cet objectif lui trotte dans la tête. Il est encore trop tôt pour se lancer mais Emmanuel Macron se prépare. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, un de ses plus grands supporters, est chargé de récolter les 500 parrainages nécessaires pour se présenter. Son équipe comprend déjà un trésorier de campagne. Ses soutiens au Parlement se mobilisent. Emmanuel Macron entend faire des propositions en octobre après la restitution des résultats de sa grande marche auprès des Français. La question de la candidature se posera dans la foulée.

Trouver son espace

Emmanuel Macron veut être prêt. Au cas où François Hollande, empêtré par une cote de popularité en berne et une majorité qui peine à se mobiliser, ne puisse prétendre à un second mandat. A ses proches, Emmanuel Macron ne dit pas s’il est prêt à se présenter contre lui, à tuer le père en politique, doublant celui qui l’a propulsé sur le devant de la scène en moins d’un quinquennat. Sur le plan politique, Emmanuel Macron doit aussi trouver son espace pour une éventuelle candidature. Celui qui s’est d’abord proclamé « ni droite ni gauche » avant de renier cette formule doit réussir à aller au-delà de clivages qu’il trouve dépassés. Il doit surtout parvenir à transformer sa forte popularité en intentions de vote. « Il aura du mal à être le candidat de la gauche, il aura du mal à être le candidat de la droite », a ironisé le député LR Edouard Philippe, porte-parole d’Alain Juppé.

Pour l’instant, Emmanuel Macron arrive surtout à s’attirer les critiques de plus en plus fortes des deux côtés de l’échiquier politique. L’ampleur des réactions politiques suite à son départ, de l’extrême-gauche au FN, n’en montre pas moins qu’il intrigue autant qu’il fascine. Son départ cache aussi une démarche inédite sous la Ve République : jamais un ministre en exercice n’a démissionné dans l’optique d’une présidentielle, huit mois avant l’échéance .

Mais la route sera encore longue jusqu’au printemps 2017. Certains jugent même son départ trop tardif. « Il faut des réseaux, des moyens, être vraiment identifié. Est-ce le cas ? », se demande un entrepreneur qui le connaît bien. Emmanuel Macron a franchi une étape ce 30 août, mais la route vers l’Elysée sera encore longue. Et parsemée d’embûches.

D) Un ex-protégé de l’Élysée, dur aux pauvres, anti-35 heures et pro-patronal (L’Humanité)

En avril, Emmanuel Macron a créé le mouvement politique "En Marche" avec notamment un meeting parisien le 12 juillet au cours duquel il avait promis à ses soutiens "la victoire" en 2017.

Le 18 mai, le sénateur-maire (PS) de Lyon Gérard Collomb, un de ses principaux soutiens, avait déclaré que M. Macron serait "naturellement" candidat à l’Elysée en 2017 si François Hollande ne remontait pas dans les sondages. Le ministre ne devrait cependant pas participer à la primaire organisée par le PS, selon l’élu rhodanien.

Pendant ses deux ans au gouvernement, le ministre de l’Économie s’est fait remarquer par de multiples déclarations devant la presse ou les patrons, d’inspiration très libérale.

Idée fixe. À l’heure de sa nomination au gouvernement, en août 2014, Emmanuel Macron laissait immédiatement deviner le fil conducteur de ce que serait sa ligne politique au ministère de l’Économie  : « Nous pourrions autoriser les entreprises à déroger aux règles du temps de travail et de rémunération. » Depuis, le banquier d’affaires installé à Bercy par la volonté de François Hollande, après avoir assuré la direction du pôle « économie et finances » au secrétariat général de l’Élysée, n’a cessé de multiplier les petites phrases, souvent choquantes, toujours libérales, qui alimentent les réseaux sociaux sur la Toile.

Tout le monde a noté une de ses dernières sorties médiatiques, le 19 août dernier au Puy-du-Fou, le parc de loisirs vendéen, quand, devant le très réactionnaire Philippe de Villiers, il a avoué  : « L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste. » Ce qui n’avait en vérité rien d’un scoop. D’ailleurs, le même désormais ex-ministre ne disait-il pas un mois plus tôt « Vous savez, c’est très dur de savoir ce qui nous fait de gauche ou de droite »  ? En juillet 2015, il croyait aussi déceler « un absent dans la politique française, la figure du roi, dont (il) pens(ait) fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort ».

Pour le reste, le ministre a été conforme à ce qu’on pouvait redouter de la part de l’un des rédacteurs du rapport de la commission Attali commandé par Sarkozy en 2008  : pour lui, le statut de la fonction publique « n’est plus adéquat ». La France n’a « pas su développer un environnement fiscal favorable aux entrepreneurs  ; il existe une préférence pour les hausses de salaires et le versement des dividendes plutôt que pour l’emploi et les investissements ». L’année dernière, à l’université d’été du Medef (où il était invité à nouveau en tant que ministre aujourd’hui), ce sont encore les 35 heures qu’il avait dans le viseur en indiquant devant la mine réjouie des grands patrons que « la France a cru qu’elle irait mieux en travaillant moins, c’était une fausse idée ».

Le mépris très présent dans ses discours

Aux jeunes Français, il conseille d’avoir « envie de devenir milliardaires », expliquait-il quelques mois plus tard aux Échos. Mais il serait injuste de penser pour autant que l’ancien énarque n’a jamais pensé aux petites gens. « Avec la relance des autocars, les pauvres voyageront plus facilement », a-t-il développé, pour justifier l’émergence d’un droit au transport à deux vitesses littéralement. Le mépris était encore présent dans le discours lors d’une visite dans un abattoir de volailles à Lampaul-Guimiliau (Finistère) quand il notait « qu’il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées ». Même morgue à Lunel (Hérault) face à un ouvrier qui l’apostrophait  : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt, lui répondait-il. La meilleure façon de se payer un costume, c’est de travailler. » Comme le font sans doute les entrepreneurs « pour qui la vie est beaucoup plus dure que celle d’un salarié », ajoutait-il en janvier cette année… De toute façon, « vu la situation économique, ne plus payer plus les heures supplémentaires, c’est une nécessité », précisait-il aussi. En décembre déjà, il estimait « pas réaliste d’imposer un doublement de la rémunération pour les salariés travaillant le dimanche ».

Autre sortie remarquée, quand il note que le FN « est, toutes choses égales par ailleurs, une forme de Syriza à la française d’extrême droite ». En mai dernier, devant un parterre d’investisseurs, Emmanuel Macron faisait un autre aveu  : « Si j’étais en désaccord avec ce que fait le gouvernement, j’aurais moi-même pris mes responsabilités. Ce n’est pas le cas. » Que s’est-il passé depuis  ?

Gérald Rossi

L’Humanité


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