Poète engagé et dérangeant pour les réacs et les imbéciles, né le 4 février 1900, il fait partie des plus grands poètes du 20ème siècle.
Jacques Prévert, poète anti-conformiste et révolutionnaire
10) Les feuilles mortes
9) Le cancre
8) Vive la grève
7) Le temps perdu
6) Les clefs de la ville
5) L’avènement d’Hitler
4) PATER NOSTER
3) Inventaire
2) Etranges étrangers
1) Chasse à l’enfant
10) Les feuilles mortes->9080]
9) Le cancre (Jacques Prévert)
8) Face au "bordel capitaliste"... Vive la grève (Jacques Prévert)
7) Le temps perdu (Jacques Prévert)
6) Les clefs de la ville
Les clefs de la ville
Sont tachées de sang
L’Amiral et les rats ont quitté le navire
Depuis longtemps
Sœur Anne ma sœur Anne
Ne vois-tu rien venir
Je vois dans la misère le pied nu d’un enfant
Et le cœur de l’été
Déjà serré entre les glaces de l’hiver
Je vois dans la poussière des ruines de la guerre
Des chevaliers d’industrie lourde
A cheval sur des officiers de cavalerie légère
Qui paradent sous l’arc
Dans une musique de cirque
Et des maîtres de forges
Des maîtres de ballet
Dirigeant un quadrille immobile et glacé
Où de pauvres familles
Debout devant le buffet
Regardent sans rien dire leurs frères libérés
Leurs frères libérés
A nouveau menacés
Par un vieux monde sénile exemplaire et taré
Et je te vois Marianne
Ma pauvre petite sœur
Pendue encore une fois
Dans le cabinet noir de l’histoire
Cravatée de la Légion d’Honneur
Et je vois
Barbe bleue blanc rouge
Impassible et souriant
Remettant
Remettant les clefs tachées de sang
Aux grands serviteurs de l’Ordre
L’Ordre des grandes puissances d’argent.
5) L’avènement d’Hitler (Jacques Prévert)
4) PATER NOSTER (Jacques Prévert)
3) Inventaire (Jacques Prévert)
2) Etranges étrangers (Jacques Prévert)
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1) Chasse à l’enfant
A Marianne Oswald
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l’île on voit des oiseaux
Tout autour de l’île il y a de l’eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu’est-ce que c’est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Il avait dit J’en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coups de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l’avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s’est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Pour chasser l’enfant pas besoin de permis
Tous les braves gens s’y sont mis
Qu’est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs et ces bruits
C’est un enfant qui s’enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent
Au-dessus de l’île on voit des oiseaux
Tout autour de l’île il y a de l’eau.
Ce poème-là, d’abord pour sa dédicace à Marianne Oswald, « la petite sœur des poètes », née à Sarreguemines. Son vrai nom, c’était Alice Bloch... Dès 40, elle est partie aux Amériques. Ceci explique peut-être cela ?!
Ensuite, pour l’histoire qui l’entoure : au début des années trente, Belle-Ile-en Mer était un bagne d’enfants. Un bagne d’enfants... Entendez-vous ce que le télescopage de ces mots « bagne » et « enfant » a d’indécent ? Bref, en ce temps-là, des petits « bagnards » s’étaient évadés de l’endroit, un peu las des violences de leurs G.O. de l’époque. On promit une prime à qui aiderait à capturer les fuyards... 20 francs par gamin attrapé... 20 francs, le prix d’un gosse, pas mal, non ? Que croyez-vous qu’il arriva ? Tout le monde s’y est mis. Les habitants de l’île, bien sûr, mais aussi les vacanciers (de pas encore les congés payés...), tiens, on ne sait jamais, vingt francs, ça pourrait faire une petite rallonge à la villégiature. C’était à Belle-Ile, en 1934. Pensez-y, quand votre bateau accostera au cours de l’une ou l’autre de vos balades. Pour moi, quand j’entends Laurent Voulzy (Belle-Ile en mer, Marie-Galante, la la la...) c’est à ces petits-là que va ma pensée, à eux aussi, à eux surtout...
brigitte blang prs 57
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